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Grand Lyon : comment Gérard Collomb peut résister à la vague bleue

Maire de Lyon, ce n’est finalement qu’une étape dans la conquête du pouvoir sur le grand territoire lyonnais. Après l’hécatombe de la gauche qui a vu plusieurs de ses villes basculer à droite dans le Grand Lyon, le socialiste Gérard Collomb va devoir batailler pour conserver la présidence de la communauté urbaine, future Métropole. Election ce mercredi 16 avril.

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Gérard Collomb, réélu maire de Lyon pour un 3e mandat, en marche vers les questions des journalistes à la préfecture.

Gérard Collomb, réélu maire de Lyon pour un 3e mandat, en marche vers les questions des journalistes à la préfecture.

« Il l’a conçue, c’est son bébé ». C’est en ces termes que les proches de Gérard Collomb parlent de la Métropole qui naîtra dès janvier 2015, à partir de la fusion du département du Rhône avec le Grand Lyon, sur le territoire de la communauté urbaine. Un bébé que le maire de Lyon, réélu pour un troisième mandat ce dimanche 30 mars, risque de ne pas bichonner lui-même, tant la vague bleue a été intense dans le Grand Lyon comme sur le territoire national.

Job de funambule. Il lui faut convaincre un à un les maires des petites communes de l’Ouest réunis au sein du groupe Synergies, qui lui étaient acquis jusque là malgré leur sensibilité plutôt de droite, tout en ménageant à sa gauche ses partenaires écologistes et communistes qui auront au moins autant d’exigences. Opération grand écart et séduction.

 

Du rose ou du bleu pour le futur nouveau-né Métropole ?

Petite liste de l’impressionnante bascule et trophées obtenus par l’UMP, pour rappel :

Et au second tour, l’UMP s’est frotté les mains :

  • René Balme, Front de gauche, s’est fait battre à Grigny par Xavier Odo.
  • Surprise à Saint-Priest où la maire sortante PS Martine David a été battue par Gilles Gascon.
  • A Rillieux, la lutte fratricide entre socialistes (exclus et en place) a fait l’affaire d’un tout jeune candidat UMP de 30 ans, Alexandre Vincendet.
  • Tassin-la-Demi-Lune n’était pas socialiste mais au centre. Et l’UDI Jean-Claude Desseigne a été battu par l’UMP Pascal Charmot.
  • Le socialiste Jérôme Sturla perd Décines au profit de la candidate UMP Laurence Fautra.
  • La sénatrice socialiste Christiane Demontès perd Saint-Fons contre Nathalie Frier.
  • Le maire sortant divers gauche de Chassieu Alain Darnay a perdu face à Jean-Jacques Sellès, divers droite.

Le PS conserve donc Lyon, Villeurbanne, Corbas, Bron, et gagne aussi Vaulx-en-Velin avec Hélène Geoffroy. Mais c’est peu par rapport à 2008, où Gérard Collomb avait retrouvé très confortablement ses deux fauteuils, de maire et de président du Grand Lyon.

La carte des résultats dans le Grand Lyon en 2014, ci-dessous très bleue…

Que l’on peut comparer à celle, plus rose, des candidats qui se sont présentés avant le premier tour :

Arithmétique politique : des négos calculette en main

Des communes et des sièges gagnés. Dans la bataille pour le Grand Lyon, la calculette est la première arme dégainée. D’après les premières additions, qui ne sont pas encore tout à fait exactes, l’UMP et le centre pourraient avoir 58 sièges. Le PS, avec ses partenaires traditionnels du GAEC, PRG, arrive à 60. On compte 10 sièges pour le Front de gauche (dont PC et Gram). Les écologistes en auront 7 (dont 5 pour des élus à Lyon, 1 à Villeurbanne et 1 à Vénissieux). Nathalie Perrin-Gilbert réélue maire dans le 1er arrondissement, avec son étiquette Front de gauche-Gram, aura deux sièges.

Au total, pour la « grande famille de la gauche », on arrive à 77 sièges, sur les 162 qui sont à pourvoir au Grand Lyon. La variable d’ajustement et l’enjeu se concentrant donc sur le groupe Synergies, constitué de 20 à 25 sièges. Il faut préciser que le FN a obtenu 2 sièges également.

Gérard Collomb, dimanche soir, alors qu’il venait d’être réélu pour la troisième fois maire du Grand Lyon, n’a pas eu le loisir de s’épancher sur sa victoire, devant déjà s’expliquer sur le troisième tour qui s’engage contre l’UMP. Il assure rester confiant, rappelant qu’en 2001, il était « arithmétiquement en minorité ».

A l’aube de son premier mandat, il avait réussi à obtenir la présidence du Grand Lyon en convainquant les maires Synergies, pourtant classés à droite. Le maire s’est donc fendu d’un jeu de mots ce dimanche soir :

« Il faut penser à ce qui est d’intérêt général pour cette agglomération. A partir du moment où le maire de Lyon est élu, il faut tout faire pour qu’il y ait une synergie, si je puis me permettre, entre la ville centre et l’agglomération ».

 

Aux maires Synergies du Grand Lyon : « Je compte sur vous »

Les grandes manoeuvres ont démarré dès ce dimanche soir. François-Noël Buffet, président du groupe UMP au Grand Lyon et maire réélu à Oullins dès le premier tour, avait l’esprit libre et tout le temps de serrer des mains à la préfecture en glissant des « Je compte sur vous ». Il n’aura pas fallu beaucoup de temps pour que la fédération de son parti le désigne candidat, ce lundi matin, à la présidence du Grand Lyon.

François-Noël Buffet a le profil pour ferrailler contre Gérard Collomb. Sénateur-maire, il se fait plus rond dans la négociation qu’un Philippe Cochet qui, en tant que président de la fédération UMP, a joué un rôle de stratège, plaçant des candidats UMP face à certains des maires Synergies. Il est aussi mieux placé que Michel Havard qui, élu d’opposition à Lyon, sera en permanente bataille avec le maire Gérard Collomb. Dès dimanche soir, François-Noël Buffet a prononcé une sorte de profession de foi :

« Il n’est pas impossible à l’heure où je vous parle que la majorité change à la communauté urbaine. C’est un enjeu considérable, avec la future Métropole. Notre objectif est de respecter les territoires, les communes, de ne pas augmenter la pression fiscale. Le jeu est en train de changer en notre faveur. »

Les éléments de langage étaient écrits chez les candidats UMP, affichant tous un sourire exagérément large, satisfaits -qu’ils aient été élus ou non- devant les résultats réalisés dans le Grand Lyon :

« Il faut créer une alliance UMP, UDI, centre, Synergies, pour faire respecter le choix des électeurs du Grand Lyon. »

Mais François-Noël Buffet est resté prudent : « rien n’est encore fait ». Ce qui n’est pas sans déplaire aux maires Synergies. Ce sont eux, représentants de petites communes qui, comme en 2001, feront l’élection. Si leurs convictions et modes de gouvernance sont plutôt à droite, ils ont jusque là toujours été Collomb-compatibles.

Cette fois, avec la perspective de la Métropole et avec une majorité de communes désormais à droite, les jeux sont très ouverts. Ils vont « écouter tous les projets ». Et faire monter les enchères.

 

La Métropole, oui, mais la mort des communes, non

Michèle Vullien, maire Divers droite-Synergies élue dès le premier tour à Dardilly, pose le décor :

« Il ne faut pas qu’il y ait une bataille rangée entre la ville centre et la Métropole. On va auditionner les candidats à la présidence, on ne veut pas de bagarre pendant six ans. Le plus important c’est le développement économique. »

Pour elle, François-Noël Buffet est « d’aplomb et pas dogmatique ». Mais la dynamique impulsée par Gérard Collomb aux manettes des deux collectivités reste un argument de poids. En 2001, c’est ce qui avait convaincu les maires Synergies, qui avaient négocié une répartition du budget basée sur une règle des trois tiers : un tiers pour la ville centre, Lyon, un tiers pour l’agglo, un tiers pour les communes.

Désormais, avec la perspective de la Métropole, ils veulent des assurances sur l’organisation de cette collectivité, surtout pas de disparition des communes et, même, une représentativité importante. Ce qui pose question sur les choix que devra faire Gérard Collomb s’il est élu président. Lyon, ville centre la plus importante en termes d’habitants, pourrait ne disposer que de peu de conseillers métropolitains quand toutes les petites communes, quelle que soit leur taille, auraient au moins un élu qui siège.

 

Ecolos, communistes : Gérard Collomb doit aussi ménager sa gauche

Gérard Collomb va devoir faire le grand écart. L’exécutif de la Métropole sera resserré : 25 vice-présidences au lieu des 40 actuelles. Que dealer dans cette perspective ? Quoi offrir en échange d’un vote assuré ? En la matière, tous reconnaissent au maire de Lyon un certain talent à convaincre au-delà de son propre camp.

Le groupe Synergies, qui se retrouve actuellement sans président, se réunit mercredi pour tenter de conserver son unité et opter pour une position commune. Dans le cas contraire, si le groupe explose, il se peut que l’UMP passe pilote de ce qui devrait être dès 2015 la collectivité locale la plus puissante de France. Le président de la communauté urbaine ne sera pas élu par les maires du Grand Lyon avant la fin du mois d’avril : d’ici là, les téléphones sont en surchauffe.


#Elections municipales 2014

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