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Deux mineurs agressés au couteau dans le Vieux Lyon : encore la marque de l’extrême droite

Vendredi 14 février, cinq jeunes se sont faits agresser dans le Vieux Lyon (5e). Deux d’entre eux, mineurs, ont pris un coup de couteau. Une nouvelle agression qui porte la marque de l’extrême droite radicale.

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Pub-danois-Lyon

Une semaine après les faits, cinq personnes, dont l’auteur présumé des coups de couteau, ont été mises en examen et placées sous contrôle judiciaire. La police les connaît comme étant proche de la mouvance identitaire. Une information judiciaire a été ouverte. [Article mis à jour le 23 février à 19h30]

Ce vendredi 14 février, vers 20 heures, un groupe de cinq amis, lycéens pour la plupart, se rendait dans un bar de Saint-Jean. C’est un proche des deux victimes qui le raconte :

« Ils se trouvaient sur les quais de Saône, au niveau de Saint-Paul, quand ils ont été repérés à leur marque de fringue par un groupe d’une dizaine de personnes. Ils ont été insultés de « sales gauches » et ont pris des coups. Ils ont réussi à s’échapper mais au niveau de la Cour d’appel, ils ont de nouveau été chargés par un groupe, peut-être les mêmes personnes. Il y a eu encore des échanges de coups et c’est là qu’un type a frappé avec un couteau ».

Trois jours après les faits, l’enquête confiée à la Sûreté départementale du Rhône confirme la seconde agression, en s’appuyant notamment sur les images des caméras de vidéosurveillance qui montrent un affrontement entre deux groupes.

Un premier coup de couteau a été mis à un des lycéens, au niveau du pub danois. Il a été touché au dos, vers l’omoplate. Le même agresseur a mis un deuxième coup, un peu plus loin, au niveau de la passerelle. C’est ce second coup de couteau qui aurait pu être plus grave. La lame s’est enfoncée de quatre centimètre dans le dos à proximité de la moelle épinière.

Deux personnes sur les cinq ont été touchées mais ont quand même marché jusque dans le 1er arrondissement. C’est sur les pentes de la Croix-Rousse, impasse Fernand-Rey, que les pompiers ont été appelés, peu avant 21 heures.

Selon un porte-parole du SDIS du Rhône, deux mineurs de 16 et 17 ans ont été pris en charge pour des « blessures par arme blanche suite à une rixe ». Ils ont été conduits à l’hôpital.

Le pronostic vital n’a jamais été engagé mais le lycéen le plus gravement touché a dû être opéré. Il a dix jours d’ITT. Le premier touché en a six. Les deux lycéens sont restés en observation à l’hôpital.

Une plainte a été déposée.

Cinq personnes proches de la mouvance identitaire mises en examen

Six jours après les faits, la police a interpellé plusieurs personnes dans l’agglomération lyonnaise et dans la Loire. Ce sont cinq personnes qui ont été placées en garde à vue, dont l’auteur présumé des coups de couteau.

Samedi 22 février, elles ont été mises en examen et placées sous contrôle judiciaire. Une information judiciaire a été ouverte.

  • L’auteur présumé des coups de couteau a été mis en examen pour «violences avec arme par plusieurs personnes» ayant entraîné une incapacité totale de travail de plus de 8 jours.
  • Les quatre autres personnes ont été mises en examen pour «violences par plusieurs personnes».

Selon la police, ces cinq personnes sont connues pour leur appartenance à la « mouvance identitaire » qui a son local, « la Traboule », au coeur du Vieux Lyon.

Les deux lycéens ont été agressés au couteau sur les quais de Saône, à proximité de ce pub. ©Capture d’écran Google View

Des lycéens qui « ont leurs idées »

Très rapidement dans la nuit de vendredi, les textos et les tweets ont circulé répétant que deux « militants antifascistes avaient été poignardés ». Des messages appelaient également à un « rassemblement » le samedi à 14h, devant la mairie de Lyon.

En réalité, toujours selon un proche des deux jeunes, ce ne serait pas des militants à la Clément Méric, mort en juin dernier :

« Ils sont de la Croix-Rousse et fréquentent les lieux alternatifs. Ils ont leurs idées et portent certaines marques de vêtement mais ce ne sont pas des militants antifascistes ».

Selon un communiqué présenté comme rédigé par « famille et ami-e-s des victimes » et paru samedi dans l’après-midi sur rebellyon.info, les deux lycéens ont été pris pour « cibles par des nervis d’extrême-droite ».

Le communiqué précise que l’appel à un « ras­sem­ble­ment » n’était pas de l’initiative « des vic­ti­mes, de leurs cama­ra­des ou de leurs pro­ches ».

Une agression qui s’ajoute à une liste déjà longue

Dans le Vieux Lyon, depuis 2010, ces agressions portant la marque de l’extrême droite se sont multipliées. Les militants de groupuscules radicaux (les identitaires comme les ultras nationalistes) estimant que le quartier Saint-Jean serait leur « territoire ».

Rappel des principaux faits.

Le 6 mars 2010, trois syndicalistes de la CNT se font frapper en sortant d’un bouchon par une douzaine d’individus. Une des personnes agressées a un pouce cassé et 12 points de suture.

Le 9 avril 2011, deux personnes revenant d’une manifestation contre l’extrême droite, se font rouer de coups, place du Change, à quelques dizaines de mètres du local des identitaires. L’une des victimes reçoit un coup de bâton qui lui casse la mâchoire. Un an et demi après, un militant identitaire sera condamné à 15 mois de prison dont 5 mois ferme.

Le 14 mai 2011, Les identitaires organisent un rassemblement place Saint-Jean en remplacement de la Marche des cochons interdite. S’en suit une manif sauvage entre les rues du Vieux Lyon, lors de laquelle des slogans islamophobes, des saluts nazis et le saccage de deux restaurants kebabs sont perpétrés.

Dans la nuit du 8 au 9 juin 2012, la terrasse de deux bouchons du Vieux Lyon sont saccagées. Pour le gérant des restaurants, ses origines maghrébines expliqueraient les « agressions racistes ». Deux personnes proches de la mouvance identitaire sont interpellées.

Le 20 février 2013, sept personnes sont blessées après une attaque d’une quarantaine de hooligans contre des supporters anglais du club de Tottenham attablés dans des bars de Saint-Paul, la veille d’un match d’Europa League contre l’OL. Un homme de 50 ans prend 42 jours d’incapacité totale de travail (ITT). Trois personnes sont arrêtés, présentées comme « hooligans et militants d’extrême droite ». Un des trois est un membre du GUD.

Le 15 mars 2013, vers minuit, cinq étudiants d’une vingtaine d’années se font agresser par une dizaine de personnes, à proximité de la place Saint-Jean, aux cris de « Lyon hooligans ».

Le 27 septembre 2013, une soirée intitulée « Des voix s’élèvent contre le fascisme ordinaire » est organisée à la Maison des Passages, à Saint-Georges. La rencontre a à peine commencé qu’une vingtaine d’individus essayent de pénétrer dans la salle de spectacle. Une des personnes qui surveille l’extérieur a juste le temps de fermer la porte. Cette fois-ci, il n’y a pas eu de coups mais des des injures raciales.

Manif antifasciste : Lyon coupée en deux

Dans un communiqué de presse publié trois jours après les faits, le Collectif de vigilance contre l’extrême 69 (qui regroupe une quarantaine d’organisations de gauche et d’extrême gauche) relève qu’ »un pas de plus a été franchi avec cette agression à l’arme blanche » :

« La volonté des groupuscules fascistes de blesser gravement, voire de tuer est ici bien présente. Cette agression rappelle l’urgence de réponses adéquates au développement de l’extrême droite la plus violente sur ce quartier. (…) Nous appelons, une nouvelle fois, les autorités compétentes à agir pour faire cesser ces actions ».

Le collectif « réclame toujours » la fermeture du local des identitaires « la Traboule » en « espérant qu’il ne faudra pas un mort, dans cette escalade de la violence, pour que cette décision soit enfin prise ».

Samedi 22 février, une manifestation à l ‘appel de plusieurs organisations de gauche et d’extrême gauche « contre le fas­cisme et ses vio­len­ces » a réuni entre 700 et 1 300 personnes, selon les chiffres de la police ou des organisateurs.

Le cortège est parti de la « Place du Pont » à la Guillotière pour rejoindre les Terreaux. Mais il n’est pas passé par le Vieux Lyon, ce que déplore le Collectif vigilance 69 :

« L’interdiction formulée par la préfecture d’autoriser la manifestation de passer à Saint-Jean (…) ne tend qu’à entériner la territorialisation de ce quartier et sa transformation en zone de non droit ».

La police, qui avait bloqué tous les ponts sur la Saône entre le Vieux Lyon et la Presqu’île, a interpellé 18 militants d’extrême droite. Ils tentaient de rejoindre la manifestation. Selon le Progrès (payant), une cinquantaine d’autres militants d’extrême droite « apparentés à la mouvance identitaire », qui tentaient de faire de même, ont également été « bloqués » dans le Vieux Lyon.

> Article actualisé le 17 février à 19h avec les précisions de la police, le communiqué du Collectif vigilance 69 et l’appel à manifester le 22 février.

> Actualisé le 21 février à 10h30 suite au placement en garde à vue de cinq personnes.

> Actualisé le 21 février à 15h suite à la réaction du Collectif vigilance 69 sur l’interdiction de manifester à Saint-Jean.

> Actualisé le 23 février à 19h30 suite à la manifestation et à la mise en examen des auteurs présumés de l’agression.


#Extrême-droite

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