Le soir de la déroute du parachuté Dominique Perben, la droite lyonnaise était anéantie. Après les divisions de 2001, elle a subi l’affront d’une réélection au premier tour du maire socialiste, Gérard Collomb, pour son second mandat.
L’ex-ministre de la Justice UMP a préféré ne jamais siéger au conseil municipal, laissant le fauteuil de leader de la droite. C’est Michel Havard qui s’en est emparé. Bien que chef de file de l’opposition sur le papier, il a dû composer avec les autres personnalités de la droite et du centre-droit qui, souvent, faisait mieux le job d’opposant que lui et lui rappelait qu’il avait perdu son mandat de député face au poulain du maire de Lyon.
Peu avaient misé un kopeck sur lui lors des primaires à droite. Mais il les a remportées. Après cet épisode, il fallait encore réunir sous sa bannière les centristes de l’UDI prompts à présenter leur propre liste. Il l’a fait. Il fallait aussi recevoir l’appui de ses anciens concurrents à la primaire, par ailleurs copéistes. Il y est parvenu.
Il ne lui manquait plus qu’à valider le tout par un meeting, afin de parier sur l’avenir, d’endosser pour un après-Collomb le costume de leader de la droite lyonnaise.
Havard s’est assis sur Perben
Dominique Perben, c’est l’épouvantail de la droite lyonnaise. Michel Havard devait donc faire beaucoup mieux que lui. A la Cité Internationale, ils étaient plus nombreux que la capacité de la salle (900 places). Le staff de campagne avance le chiffre de 1200 à 1300 personnes. A la sortie, Michel Havard, sourire en bandoulière, évoquait les 800 personnes réunies par Dominique Perben en 2008 à l’Espace Tête d’Or. Pari réussi de ce point de vue.
Cerise sur le gâteau, son principal adversaire à la primaire, le député « sécuritaire » Georges Fenech a joué le chauffeur d’ambiance en trouvant les bonnes formules pour valoriser le candidat Havard :
« J’ai trouvé ce qu’est la ville intelligente de Gérard Collomb, c’est copier-coller. Il copie les idées de Michel Havard et les colle ».
Il a surtout lancé un appel sans retenue à « rejoindre Michel Havard » faisant fi des critiques acides qu’il avait à l’encontre de ce candidat jugé trop mou, « pas assez charismatique ». Le secrétaire départemental de l’UMP et maire de Meyzieu, Michel Forissier, ne disait pas autre chose après le meeting :
« Sans être trop optimiste, on voit Michel Havard a su créer une dynamique et réunir son camp ».
La droite lyonnaise a donc offert un tout autre visage que sa cousine parisienne, toujours aussi divisée. Reste à savoir si la dynamique qui semble s’être enclenchée à droite sera suffisante pour faire de son rejeton le futur maire de Lyon.
Havard porté par le « coup du métro » de Collomb
Si Gérard Collomb voulait crédibiliser une des principales idées de son challenger, il ne s’y serait pas pris autrement. En annonçant un métro partant du Vieux-Lyon pour l’Ouest lyonnais, le maire de Lyon a remis les projecteurs sur l’idée d’un métro entre les gares Saint-Paul et Part-Dieu de Michel Havard.
Le candidat UMP ne s’est pas privé d’attaquer bille en tête le projet du maire de Lyon :
« Après m’avoir expliqué que la ligne Saint-Paul/Part-Dieu est trop coûteuse, trop compliquée techniquement et pas assez dense en voyageur transportés, voilà que Gérard Collomb propose de créer un ligne plus coûteuse, plus difficile à réaliser techniquement et qui transportera moins de monde ! »
Sous les applaudissements nourris de la salle, Michel Havard, « consterné » a pu dénoncer une « démonstration éclatante du mensonge en politique » :
« Gérard Collomb est prêt à tous les reniements et tous les mensonges pour gagner ».
En attendant (toujours) le programme
Mais en matière de programme, Michel Havard est resté une fois de plus sur la réserve, comme s’il avait peur, encore, que Gérard Collomb ne lui « pique » ses idées. Ce faisant, il a repris les « engagements » de son « contrat avec les Lyonnais » qu’il avait présentés à la presse il y une quinzaine de jours.
A deux exceptions notables près :
- Il a placé en tête de ses six engagements la promesse ne pas augmenter les impôts. Ce n’est pas une nouveauté. Mais cette fois-ci, il le met au même niveau que la sécurité ou l’amélioration de la vie quotidienne.
- Il refuse le transfert de la Maison de la Danse à la Confluence, comme l’a programmé Gérard Collomb. Cette idée représenterait, selon lui, une économie de plusieurs dizaines de millions d’euros puisque une nouvelle structure à la Confluence coûterait « 100 millions d’euros ».
Pour le reste, ce « fils du catholicisme social », comme il s’est présenté, fonde son « contrat » sur « la performance et l’équilibre ». Bref, un vrai positionnement de centre-droit. Sachant que son adversaire est centre-gauche, l’espace politique de Michel Havard est toujours aussi restreint pour chasser le maire sortant.
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