« Avant, l’amour c’était compliqué. Depuis Internet, c’est pire. »
Le pitch est clair. Ce jeudi 16 janvier sort sur la toile une web-série à l’humour grinçant : « Les Textapes d’Alice ». A l’origine du projet ? Une jeune réalisatrice, passée par les médias lyonnais dans sa vie précédente, Angela Soupe.
Du blog à la web-série
Oui mais voilà, dans cette autre vie, celle de journaliste, Angela s’ennuyait. Sévère même. Alors, sur les bancs de montage de chaines TV, elle a commencé un projet plus personnel de blog.
Prenant presque la forme de brèves de comptoir, ses posts y relataient des conversations déconcertantes entre elles et ses amis – « une bande de grands malades, accros aux likes et aux retweets » – sur différents réseaux sociaux :
« Au fur et à mesure, ces conversations formaient des histoires et des personnages récurrents émergeaient. Petit à petit, ces personnages se sont mis à avoir leur vie propre et la fiction a grignoté la réalité. L’idée d’en faire une série a commencé à germer, avec comme thème principal : l’influence des réseaux sociaux sur nos comportements amoureux. Est-ce que liker plus de trois fois en 48h c’est draguer ? Est-ce que retweeter peut être considérer une preuve d’amour suprême ? Doit-on supprimer ses ex sur Facebook ? Des questions cruciales que notre génération est la première à se poser. »
Produite par France Télévisions Nouvelles Ecritures et diffusée sur studio 4.0, la web-série étale des conversations des plus détonantes. Extraits :
«On est hyper connectés. »
« Arrête, vous faites l’amour en bluetooth ?!? »
Ou encore :
« C’est quand même bizarre cette histoire de sextoys. Il y a 10 ans, c’était pour les femmes libérées. Aujourd’hui, c’est un truc pour les couples qui se parlent plus. »
« Sur l’échelle de la brefitude »
Le concept et le format – particulièrement court – ne sont pas sans rappeler une série qui a marqué les esprits de toute une génération. « Bref », bien sûr. Angela Soupe assume d’ailleurs la référence :
« Bref a tellement marqué les esprits que tout nouveau programme court doit désormais se situer sur l’échelle de la brefitude. On se moque d’ailleurs de ce phénomène dans la série. »
La réalisatrice n’a pas voulu se poser trop de questions. Elle a simplement décidé de faire rire de son quotidien. Mais de là à dire que la série est autobiographique, il n’y a un pas qu’elle ne franchira pas totalement :
« L’autre jour, quelqu’un ma demandé si comme l’héroïne, Alice, je m’étais vraiment fait larguer sur Twitter. La réponse est non. »
Nous l’avons soumise à l’inquisition de notre questionnaire « Orgueil et préjugés ».
« La caméra subjective… sept jours entre les cuisses de mon chef op »
– Votre premier geste artistique ?
« Premier geste artistique ? Le magazine « Femme », un magazine entièrement conçu avec des photos découpées dans la Redoute, distribué dans ma chambre et lu par mon chat. »
– Quelle pratique artistique trouvez-vous intolérable ?
« Euh… Le patinage artistique ? »
– Quelle est pour vous la plus grosse arnaque artistique ?
« Les cours de flûte à bec en 6ème. »
– Votre pire souvenir pendant un tournage ?
« »Les Textapes d’Alice » est une série tournée entièrement en caméra subjective. En écrivant la série, je n’avais pas vraiment conscience de ce que cela impliquait techniquement. Le premier jour de tournage, j’ai donc découvert que j’allais passer sept jours assise entre les cuisses de mon chef op. Ça a été compliqué psychologiquement. 🙂 »
– Avec lequel de vos parents pensez-vous avoir un problème ?
« Les deux. Mais je ne peux pas tout vous raconter. J’en garde un peu sous le pied pour de prochaines séries. »
« J’ai signé un CDI, une fois. Mais je me suis vite ennuyée. »
– A quelle personnalité politique pourriez-vous dédier une série ?
« Frédéric Mitterrand. Son livre « La Récréation » se lit comme une série. C’est une sorte de « House of cards » où le héros serait gentil, ne comprendrait pas trop ce qu’il fait là et n’attendrait qu’une seule chose : la fin de son mandat pour pouvoir reprendre une vie sexuelle. Très bon pitch. »
– Le dernier produit culturel consommé/acheté/emprunté ?
« Une web-série ovniesque : Boxer Boxer »
– Avez-vous déjà sacrifié votre art pour de l’argent ?
« Je n’ai, pour l’instant, jamais eu la sensation de « faire de l’art ». Ni vraiment gagné beaucoup d’argent. J’ai hâte d’avoir ce genre de dilemme. 🙂 »
– Et sinon, vous comptez faire un vrai métier, un jour ?
« Oh, j’ai déjà eu un vrai métier. J’ai même signé un CDI, une fois. Mais je me suis vite ennuyée. »
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