Les photos de manifs sont souvent palpitantes : les fumigènes rendent l’atmosphère rouge, sanglante ; les drapeaux restituent le mouvement sur les clichés figés ; les foulards, les poings levés, les coups de matraque et les coups de gueules sont une mine d’or pour les journalistes. Parmi la cohue, parmi la foule, certains minois, certaines mimiques ressortent et offrent LA photo qui fait mouche.
« Un geste de provocation »
La photo de la militante No Tav embrassant un policier anti-émeute ce 16 novembre, en est un bel exemple. Certains y ont vu un signe de paix, contrastant avec les manifestations virulentes entre opposants à la LGV Lyon-Turin et les forces de l’ordre. Très vite, Nina de Chiffre, l’étudiante de 20 ans capturée par l’objectif du photographe indépendant Marco Bertorello, a infirmé l’interprétation : « un geste de provocation » , a-t-elle commenté sur sa page Facebook.
Images trompeuses
Ce n’est pas la première fois qu’une photo sexy de manif est mal interprétée: souvenez vous de ce couple enlacé sur le bitume durant de violents affrontements entre les forces de l’ordre et les supporters de l’équipe de hockey de Vancouver, en juin 2011.
Le couple enlacé pendant les émeutes de 2011 à Vancouver. © Richard Lam
Mais voilà, la réalité est parfois moins romantique qu’elle n’en a l’air. Pas de « faites l’amour, pas la guerre« , pour ces deux jeunes canadiens, mais une bousculade, un mauvais coup reçu et voilà la jeune femme étendue sur le sol, en pleurs.
La militante No Tav poursuivie
Une provocation qui vaut aujourd’hui à cette jeune italienne d’être poursuivie pour outrage et violence sexuelle. La plainte a été déposée par Franco maccari, secrétaire général du syndicat de la police COISP. Il explique sa démarche :
« si moi j’arrive, et que je l’embrasse sur la bouche, ne considèrera-t-on pas qu’il s’agit d’un délit ? »
Si l’on milite pour l’égalité homme-femme, on ne trouve rien à redire. Le jeune policier n’a, lui, pas porté plainte. Certains verraient même un brin de contentement sur le visage de l’homme casqué.
« Pas content du tout »
Là où le baiser blesse, c’est que le jeune policier n’avait « pas l’air content du tout », selon le photographe. Sur son blog, Marco Bertorello raconte :
« La scène a duré cinq secondes à peine. Saisi par l’effet de surprise, l’agent, probablement le plus jeune de son groupe, a fermé les yeux. Grâce à ce réflexe, sur la photo, il a vraiment l’air d’un amoureux qui s’apprête à embrasser sa petite amie! Alors qu’évidemment, ce baiser n’avait rien à voir avec l’amour et beaucoup avec la politique. Le policier s’est ressaisi et s’est tourné sur le côté pour «repousser l’assaillante». Même si ce n’est certainement pas «l’agression» la plus désagréable qu’il ait eu à subir au cours de sa carrière, il n’avait pas l’air content du tout… »
D’un côté, comme de l’autre, aucune pacification. Le procureur Giancarlo Caselli craint même une dérive terroriste, alors que le percement du tunnel a commencé. La jeune femme risque quant à elle la prison.
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