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Pourquoi je retourne à la Fête des Lumières alors que je la déteste

Humeur / On est un petit paquet de Lyonnais à prévoir de quitter la ville entre les 6 et 9 décembre, ou à programmer de rentrer plus tôt du travail ces soirs-là, si possible, pour ne pas avoir à fendre une foule aussi dense qu’un bloc de glace, déterminée à se rendre aux spectacles de la Fête des Lumières. Cette année, pourtant, on y retourne. Mais pourquoi ?

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Pourquoi je retourne à la Fête des Lumières alors que je la déteste

Chinese Corner / Li LI – Fête des Lumières 2013. © Ville de Lyon

 

1. Parce que mes parents se pointent et veulent voir les Lumières

Elle est gentille, la famille. Elle habite soit dans une petite bourgade à plusieurs dizaines de bornes de Lyon, ne se rendant que tout à fait exceptionnellement « à la ville », soit à Montpellier, soit à Nantes, soit quelque part ailleurs qu’ici. Et cette année, ils se pointent.

On aurait bien fait un échange standard, notre appartement contre leur petit pavillon pendant ces quatre soirs de folie populaire. Mais non, ils veulent qu’on joue les guides. Manquerait plus qu’ils se perdent sur le pont Lafayette ou que, éblouis par la montée aux flambeaux, ils tombent raides avant même d’avoir pu regarder la ville depuis le promontoire de Fourvière. Ce serait ballot.

 

2. Parce que il y a toujours UNE installation à voir

Faut avouer, la programmation de la Fête des Lumières est chargée et s’élabore dans le plus grand secret pendant de longues semaines, avec des pontes de l’éclairage et du spectacle, comme un programme nucléaire. Même si la com’ et l’affiche peuvent laisser perplexe. On ne rigole pas avec LE gros événement lyonnais de l’année, la vitrine de la ville aux yeux du monde et, vu comme ça brille, aux yeux de la galaxie.

On se rappelle encore la colère noire de Gérard Collomb, après l’échec populaire d’une édition 2004 jugée trop « évanescente », du genre « poétique » et absconse. Des critiques acerbes de la presse et des visiteurs avaient valu à Pascale Boniel-Challier, adjointe alors en charge des événements, de simplement disparaître des radars, au mandat suivant du maire de Lyon.

D’après le compteur de la ville de Lyon, en 2012, il y a eu, sur les quatre soirées, pas moins de 700 000 visiteurs devant le spectacle donné à Saint-Jean (5e) et 1,1 millions de personnes pour celui de la place des Terreaux (1er). Au total, on parle de 4 millions de visiteurs sur 4 jours. Mieux vaut ne pas se manquer.

Après 2004, il n’y a plus jamais eu d’aussi gros faux pas. Et il y a même eu des réussites. Beaucoup se souviennent d’une installation de l’édition 2007, peu spectaculaire mais parfaitement conçue, soit la cabine téléphonique aquarium, laissant des poissons phosphorescents prendre leurs aises.

C’était net, comme message. C’était beau, on en faisait le tour, ça donnait envie de passer des coups de fil différemment, de jeter son téléphone portable et de militer pour le retour des cabines téléphoniques sur les trottoirs.

Cette année, bien sûr qu’il y aura du gros show sons et lumières, mais pour sûr qu’on finira par trouver, trainé par la famille, la petite ampoule bien pensée.

 

3. Parce que le tunnel modes doux pour traverser la Croix-Rousse, c’est maintenant

Il eût été dommage voire naïf de ne pas profiter de l’événement pour faire un peu de communication politique : Gérard Collomb a choisi cette occasion pour inaugurer une infrastructure attendue de longue date, le tube dédié aux modes doux dans le nouveau tunnel de la Croix-Rousse.

Il sera illuminé, évidemment, et de façon pérenne en plus. Pour marquer le coup, c’est Fleur Pellerin, la ministre de l’innovation et de l’économie numérique, qui inaugure la voie. Pas tout à fait dans ses attributions numériques, mais comme elle était en visite officielle dans le coin, c’eût été dommage (une fois encore) de ne pas l’inviter au coupage de ruban.

Maquette du tube de la Croix-Rousse dédié aux modes doux © Ville de Lyon

 

4. Parce qu’il y a de la street food

Du vin chaud, des marrons. Mais aussi quelques initiatives telles que celle de Merci quenelles. Ou comment ripailler lyonnais, sur le pouce. Rien d’étonnant dans cette ville où elle est une spécialité qui se décline au brochet et se nappe de sauce nantua, mais à une époque où elle a plus que mauvaise réputation (ou comment je n’ose plus manger de quenelles et d’ananas), c’est assez sport de la proposer en vente dans la rue.

Si on préfère faire plus light en termes de nourriture politique, il y aura toujours des stands de merguez-kebabs surgelés. En revanche il faudra les chercher, parce qu’à la barquette de frites grasses du 8 décembre, la Ville a désormais interdit les emplacements les meilleurs, comme la place Bellecour, pour ne pas faire tâche dans la féérie.

 

5. Parce que j’entends les gens parler de Lyon

C’est pas que l’on soit chauvins mais c’est toujours amusant d’entendre un Toulousain parler du quartier que l’on habite et qui n’échappe pas à la déco de Noël améliorée lyonnaise. Ou un Parisien s’étonner :

« Ah mais il y a un métro à Lyon ?« 

Si les axes principaux de la presqu’île sont quasi bouchées pendant quatre soirs, les animations sont quand même étendues sur une zone très vaste. Et bien que le département du Rhône reste discret sur le coûteux dossier d’un musée des Confluences toujours en chantier, la grosse bête suspendue sera elle aussi illuminée.

> Article modifié après réclamations des riverains : nous avons enlevé une phrase de fin d’article, elle affirmait qu’il n’y aurait pas d’animations au parc de la Tête d’or. Erreur, il y en a. Bonne fête donc.


#fête des Lumières

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