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« Holy Field Holy War » : Des paysans polonais face au gaz de schiste

Ce documentaire vous emmène en Pologne, dans le monde des « perdants annoncés » du gaz de schiste, les petits paysans qui se battent comme ils peuvent pour s’y opposer. Le docu est diffusé ce vendredi en avant-première à Oullins.

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Holy Field Holy War

©revoltcinema

La Pologne est, depuis cet été, le premier pays européen à avoir autorisé l’exploitation de gaz de schiste. Un véritable eldorado pour les industriels, qui se sont jetés sur le marché. Et une possibilité pour l’Etat, qui importe les deux tiers de sa consommation de gaz de Russie, de se rapprocher de l’indépendance énergétique. Mais à quel prix ?

C’est la question que se pose le réalisateur Lech Kowalski dans « Holy Field Holy War », qui sortira au premier trimestre 2014. Le documentaire sera diffusé en avant-première vendredi soir dans le cadre du festival cinéma et sciences « A nous de voir » à Oullins, en présence du réalisateur, de la productrice, de Thomas Porcher, économiste spécialisé en marché de matières premières et Jacques Cambon, ingénieur hydrologue et coprésident du collectif « non au gaz de schiste ».

 

Du Depardon en Pologne

Le réalisateur, Anglais d’origine polonaise, Lech Kowalski est allé voir à l’est de la Pologne, dans une région appelée « les poumons de la Pologne » où agriculture intensive et agriculture traditionnelle se confrontent. En janvier 2013, Lech Kowalski avait déjà abordé ce sujet dans le documentaire « La malédiction du gaz de schiste » diffusé par Arte. Mais cette fois, le réalisateur a voulu s’intéresser au sujet par un prisme particulier : celui des « perdants annoncés » du gaz de schiste. De ces paysans résistants qui ont vu arriver les foreuses avec une grande crainte et le sentiment de ne pas avoir été consultés.

Lech Kowalski livre là un film militant, tout en silence, puisque il a été choisi de ne pas ajouter de voix off, laissant le spectateur se fondre dans une atmosphère pesante. Le thème, le gaz de schiste, met même un certain temps à émerger de la narration.

Durant le premier tiers du film, on se croirait dans un tableau, d’un réalisme poignant, de la condition paysanne en Pologne : résistance à l’agriculture intensive, épandage de lisier accompagné de ses merveilleuses odeurs et de la pollution des sols et des eaux (avec même un gros plans sur une vache en train de faire ses besoins pour illustrer le propos), pesticides, abeilles décimées, farines animales… Avec des plans d’une longueur sans nom, des paysages ruraux d’une rustre beauté, le film s’apparente alors plus à une déclaration d’amour au monde paysan. Du Raymond Depardon en Pologne en quelque sorte.

Jusqu’au moment où, enfin, le documentaire rentre dans le vif du sujet :

« J’ai entendu dire qu’ils cherchaient du gaz de schiste dans ce champs », demande le narrateur.

« Oui, ils font des forages. La-bas, ils ont découvert une veine », lui répond le paysan, tout affairé à son activité.

 

Une contestation naissante

Entre questionnements et stupéfaction, des fermiers voient arriver des machines, des gens planter des piquets dans leurs champs ou à quelques mètres de leur maison. L’exploration, puis l’exploitation, de gaz de schiste arrive alors à grands pas.

Et puis vient le point d’orgue du documentaire : une rencontre entre habitants, représentants de Chevron, le géant pétrolier américain qui cherche à rafler le marché, et autorités locales. Un dialogue de sourd dans lequel les habitants jettent à la figure des représentants de Chevron les conséquences des forages d’exploration entrepris : eau polluée, maisons ravagées de failles sismiques, forages d’exploitation prévus à quelques mètres des maisons, en dépit des réglementations…

Non, visiblement, tout le monde ne considère pas le gaz de schiste comme un eldorado en Pologne.

Une situation qui alarme la productrice du film, Odile Allard (Revolt Cinema) :

« Tragiquement la Pologne suit l’exemple américain pensant que cela leur apportera une indépendance et sécurité énergétique. Ils essayent de convaincre les citoyens que c’est une manière de devenir indépendant de Gasprom en Russie. La principale opposition au gaz de schiste en Pologne vient d’un groupe grandissant de paysans. »

D’ailleurs, depuis maintenant 6 mois, les contestations se sont fédérées, un mouvement « Occupy Chevron » s’est créé dans l’est du pays, faisant grand bruit et recevant mi-novembre le soutien de l’eurodéputé EELV José Bové.

Le film a déjà été primé plusieurs fois, puisqu’il a reçu trois prix au Festival international de cinéma de Marseille (FID) 2013 : le Prix Georges de Beauregard International, le prix Marseille espérance au Festival international de cinéma (FID) de Marseille et le Prix du Groupement National des Cinémas de Recherche (GNCR).


#Cinéma

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