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Contre le réchauffement climatique, Collomb bute sur les chiffres

Il y a une semaine, Gérard Collomb se félicitait des actions menées par la Communauté urbaine et ses « partenaires » pour réduire les émissions de gaz à effet de serre sur le territoire du Grand Lyon grâce à son Plan climat énergie. Problème : aucun chiffre fiable ne permet de mesurer les effets de ces efforts.

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Photomontage. ©Rue89Lyon

C’est à croire que Gérard Collomb est en campagne. Lundi 28 octobre, la presse était invitée dans les locaux de la Communauté urbaine pour un « point d’étape 2013 » du Plan climat énergie lancé par le Grand Lyon en 2007 et mis en œuvre à partir de 2012. Objectif de cette opération : réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre (GES), ceux qui participent le plus directement au réchauffement climatique, entre 2000 et 2020 dans l’agglomération.

Devant un parterre de patrons, le maire de Lyon a égrené, avec force anglicismes, les actions « innovantes » menées dans le domaine avec les entreprises « partenaires du Plan climat » : distribution d’électricité en « Smart Grids », voitures « SunMoove » et « BlueLy », ou alimentées en « Move in Pure », application mobile « Only moove » pour les transports, etc.

C’est que, selon lui, « si les métropoles sont la source du problème, elles peuvent aussi faire émerger en leur sein la solution ». Son credo ?

« Il n’y a pas d’antagonisme entre l’écologie et l’économie. La prise en compte du défi climatique est une fabuleuse source de richesse ».

Et de plastronner : en matière de réduction des gaz à effet de serre, « depuis 2000, on a fait la moitié du chemin ». Bruno Charles, vice-président du Grand Lyon (EELV) chargé du Plan climat renchérit :

« Au départ, j’avais dit : nous n’avons pas les moyens de nos objectifs. Mais aujourd’hui, on a des chiffres ».

Pourtant, les dernières données fiables, permettant de mesurer avec un minimum de précision les émissions de GES dans l’agglomération, datent de 2010… Soit avant le lancement effectif du Plan climat territorial, en 2012.

 

Vieilles statistiques

Lors de la conférence, les élus avançaient un chiffre de 10 % de réduction d’émission de GES par rapport à l’année 2000. Ce chiffre correspond à l’inventaire des émissions de GES réalisé chaque année par l’observatoire Air Rhône-Alpes. Selon cette mesure, les émissions ont en effet baissé de 10 % entre 2000 et 2010 : alors que la production annuelle de ces gaz était de l’ordre de 7,5 millions de tonnes de CO2 en 2000, elle était estimée à 750 000 tonnes de moins en 2010, soit un total de 6,75 millions de tonnes de CO2 émises dans l’agglomération cette année-là.

Pour les années suivantes, il est bien difficile de se faire une idée. Certes, la baisse des émissions est relativement lente et continue d’une année sur l’autre. Du coup, on peut penser qu’elle s’est poursuivie les années suivantes.

Mais ce n’est pas garanti, car des variations à la hausse sont possibles. Comme le montre le graphique ci-dessous, les émissions de GES ont remonté en 2008, pour atteindre un taux plus élevé qu’en 1990, alors qu’elles avaient baissé précédemment. Au final : rien ne prouve que depuis le lancement du plan climat en 2012, une telle augmentation n’a pas eu lieu.

 

Doigt mouillé

Autre chiffre avancé par les élus : 100 000 tonnes d’émission de CO2 en moins en 2012, « grâce à l’action du Plan climat ». Une donnée calculée par les services du Grand Lyon à partir d’indicateurs qui évaluent directement les effets des actions mises en place par la Communauté urbaine.

Par exemple, l’utilisation du bois pour le chauffage urbain est considérée comme équivalent à une économie de 53 000 tonnes de CO2 en 2012.

Mais ces modes de calculs, « imprécis », ne permettent que de donner « un ordre de grandeur », selon un bon connaisseur du dossier.

Toutefois, le vice-président Bruno Charles considère ce chiffre comme « a minima ». En effet, il ne prend pas en compte certaines actions du Grand Lyon pour lesquelles il n’existe pas d’indicateurs à l’heure actuelle. En outre,

En clair, le « point d’étape 2013 » du Plan climat présenté en cette fin octobre s’avère plutôt être un point d’interrogation sur les chiffres.

 

Chiffres lacunaires et occidentalo-centrés

Même les chiffres plutôt fiables qui proviennent de l’inventaire réalisé par Air Rhône-Alpes doivent être relativisés. La plupart des acteurs s’accordent pour reconnaître que les méthodes de calcul doivent être affinées.

D’abord, l’inventaire actuel ne recense que le CO2. Or, on connaît aujourd’hui l’existence d’autres gaz à effet de serre qui ne sont pas comptabilisés. Selon Marie-Blanche Personnaz, directrice d’Air Rhône-Alpes, il faudrait créer un nouvel indicateur, qui mesure l’évolution de l’ensemble des gaz à effet de serre. Il n’existe pas pour l’instant.

En outre, le système actuel de comptabilité ne prend pas en compte les émissions de GES « induites » c’est à dire indirectes. Exemple : pour un Lyonnais qui va au travail en voiture, sont comptés les GES de consommation de carburant, mais pas ceux correspondant à la fabrication de la voiture. Ainsi, « on reporte à bon compte nos émissions » sur les pays en voie de développement, explique Marie-Blanche Personnaz.

Comme nombre de nos produits manufacturés ou industriels sont fabriqués ailleurs, en particulier en Asie, ils ne sont pas comptabilisés dans nos émissions. C’est pourtant bien nous qui les utilisons. Selon la directrice d’Air Rhône-Alpes, ceci explique d’ailleurs que nombre de pays « émergents » refusent de signer les accords de réduction d’émission de GES, car la comptabilité actuelle leur est largement défavorable.

Le Grand Lyon annonce qu’une nouvelle méthode d’inventaire, plus fiable, est en train d’être mise en place. Rendez-vous au prochain « point d’étape » ?


#Environnement

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