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Alabama Monroe, Au nom du fils : Histoires belges de résistance cinématographique

Septembre 2013. Le mortel combo Tirez la langue, mademoiselle / Tip Top ne se contente pas de toucher le fond de la rupture entre critique et public : il en redéfinit la profondeur. Heureusement pour tous les éternels demandeurs d’asile artistique, le cinéma belge donne actuellement dans la plus pure résistance cinématographique.

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Vincent Lannoo, l’auteur du plus drôle des films Dogme (le grandiose Strass), faisait son grand retour sur les écrans belges en avril dernier avec Au nom du fils. Ce singulier objet marque enfin son abandon du style mockumentaire qui achevait de plomber Vampires, son film précédent ; sa conscience sociale et politique, elle, prend de plus en plus de place pour mieux composer un arrière-fond profondément pourri. Vu le sujet – la pédophilie dans l’église catholique -, il eut été inutile d’attendre quelques réserves de la part de ce frondeur tous azimuts. Et de fait, si la mise en scène dévoile une maîtrise inattendue, l’écriture part malheureusement dans tous les sens, louvoie dangereusement avec l’enfilade de sketchs mal dosée. Le vrai coup de génie de Lannoo se niche dans la révélation de son casting : en mère vengeresse du suicide de son fils, catho militante en pleine crise de foi, Astrid Whettnall sauve le film de la noyade sous son fardeau thématique bien trop dur à porter. Un background théâtral visible mais utilisé à bon escient (suivez mon regard), une présence incandescente qui transcende le personnage… La conclusion du film aurait facilement pu sombrer dans le ridicule ; grâce à cette actrice (qu’on ne devrait pas tarder à revoir s’il y a une justice), elle est sublime.

Le vrai uppercut délivré par le cinéma belge en cette putride rentrée nous vient de Felix Van Groeningen, repéré quatre ans en arrière avec La Merditude des Choses, fusion concluante de Ken Loach et Lars Von Trier en terres flamandes. Sa dernière œuvre, Alabama Monroe, pourrait se résumer comme le croisement entre La Guerre est Déclarée et Walk the Line, mais ce serait non seulement lui nier une identité propre (la question se posait déjà aux entournures de La Merditude), mais surtout, le résumer de façon beaucoup trop lapidaire. Mélodrame à la chronologie éclatée, rythmé par une réinterprétation sincère et inspirée du son Bluegrass, Alabama Monroe est une histoire d’amours magnifiques qui ne veulent jamais s’avouer vaincues, un débat pertinent entre foi et raison, une mise en perspective sévèrement burnée de la fascination pour l’Amérique, le portrait de deux âmes échouées qui se retrouvent dans la musique. Une série de coups de poing lacrymaux ; de la colère sourde, qui préfère les riffs de banjo au pathos. Sorti à la date suicide du 28 août, Alabama Monroe doit une grande partie de son succès (quasiment 100 000 entrées France) au bouche-à-oreille. Face au cinéma d’auteur franchouillard avidement plébiscité par l’intelligentsia critique parisienne, la résistance s’organise.

 


#Cinéma

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