Chaque mois, le professeur Guillaume Ophobe répond à la question d’un lecteur assoiffé de connaissance, dans le mensuel « gay mais pas que » Hétéroclite. Ce mois-ci, il nous éclaire sur les choix de destinations de vacances gays.
Alors, pourquoi la Grande Motte attire si peu les homosexuels ?
Vous imaginez un gay en jockstrap et tétons percés se faire bronzer à côté de Roger, Nadine et leurs enfants Kévin et Jordan sur une plage non-privative et partager ensemble un sachet de chouchous ? C’est bien sûr rigoureusement impensable.
En revanche, on imagine déjà mieux notre gay jockstrapé échanger un flacon de poppers sur une plage des Canaries avec un couple d’homos parisiens qui porteraient le même tatouage que lui (probablement un signe chinois signifiant «éternité» en bas du dos).
Le gay a d’autres préoccupations que celles de Roger et Nadine. Les homosexuels ne se promènent pas le soir le long du port avec une glace à la main. Parce que lorsqu’ils se promènent, c’est uniquement pour cruiser dans les sous-bois. Et puis surtout, les gays ne mangent pas de glace : ils ne se nourrissent que de Coca Zéro.
© Philippe Heckel / Flickr
Il faut savoir qu’en moyenne, 7 homosexuels sur 10 souffrent durant une année en salle de sport à soulever de la fonte, chaque jour un peu plus lourde. Ils testent ensuite le résultat le jour de la Gay Pride et se comparent les uns aux autres. Puis ils retournent peaufiner tout ça pendant un mois. Et là, juillet arrive et c’est LE moment pour eux d’exhiber un an de travail et 500€ de dépense. Il leur paraît bien sûr inconcevable de ruiner tant d’efforts à cause d’une glace italienne.
Les boutiques de souvenirs de la Grande Motte ne leurs conviennent pas plus : on n’y trouve pas de Prada ni de D&G (ou alors de la contrefaçon). Quant au clubbing, le concours des miss Red Bull dansant sur Les Sunlights des Tropiques au Mosquito Club ne les intéresse que très moyennement.
La communauté homosexuelle s’est longtemps construite contre l’image hétérosexuelle du beauf. Et elle a réussi. Le gay est distingué, il est aisé et ne se mélange donc pas pour ses vacances avec le reste du monde. Car la communauté homo a du goût. Pour preuve, la récente mode estivale du jockstrap qui dépasse du bermuda, mis en valeur par une peau brûlée par le soleil.
Les vacances gays et chics, ce sont des séances de drague dans les sous-sols de supermarchés, arrosé de caïpirinha et bercées de Call Me Maybe, avec des montres D&G qui prennent tout le poignet, le tout dans un site idyllique et bétonné, sans musée, ni enfant, ni Roger, ni Nadine, ni femme, ni mixité sociale. Des vacances de rêve, quoi !
Par le Professeur Guillaume Ophobe sur heteroclite.org
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