A Lyon, la gauche plurielle à la sauce Gérard Collomb a vécu. Fin juin, les écolos ont coupé le cordon avec le maire socialiste de Lyon en choisissant comme chefs de file pour les prochaines municipales Emeline Baume et surtout Etienne tête, l’un des principaux opposants à Collomb sur la question du Grand Stade.
Europe Ecologie/Les Verts (EELV) envisage potentiellement de s’allier avec d’autres forces qui veulent également défier le maire sortant sur la gauche sur sa gauche :
- Le GRAM de Nathalie Perrin-Gilbert, la maire socialiste du premier arrondissement
- Deux des trois formations principales du Front de gauche : Gauche Unitaire et le Parti de Gauche.
Reste le PCF, première composante du Front de gauche, qui se hâte lentement de choisir, alors que Jean-Luc Mélenchon annonce des listes autonomes et que les principales forces politiques ont arrêté leur stratégie. Ce mercredi matin en conférence de presse, le PC a annoncé que les militants communistes voteront finalement fin septembre sur la « stratégie des municipales ».
La direction du PCF veut un maximum d’élus… donc penche pour Collomb ?
On pourrait penser que les communistes lyonnais vont, comme un seul homme, choisir le camp de l’autonomie après la multiplication, durant le dernier mandat, de décisions portées par Gérard Collomb aux antipodes de la ligne du parti :
- La réorganisation de la collecte des déchets dénoncée comme une « privatisation rampante » par les syndicats.
- Le refus d’une régie publique de l’eau.
- La création de la Métropole de Lyon.
D’autant plus que le maire de Lyon annonce la couleur pour le prochain mandat en lançant un club « social-réformiste ».
Et pourtant. La secrétaire fédérale du Rhône, Danielle Lebail se montre très conciliante :
« Il n’y a pas de point de rupture. Ce sera un des éléments sur lequel on se positionnera. Mais il y a aussi le bilan des élus. Si on a eu plus de logements sociaux, c’est grâce aux élus communistes ».
Elle ajoute, surtout, que l’objectif du PCF est de « gagner des élus, meilleur rempart contre l’austérité ». Il y en a 110 dans le Rhône, elle en veut 200. Ce qui peut s’expliquer aussi par la nécessité de remplir les caisses (pas bien pleines) du parti.
Or obtenir des élus, cela passe nécessairement par de bons accords avec Gérard Collomb, qui reste l’homme fort de la fédération socialiste du Rhône. Et rien ne dit qu’une liste Front de gauche fera un bon score au premier tour pour négocier en position de force.
A Lyon, un parti communiste divisé
Face à ces deux options (l’autonomie ou une liste avec Collomb au premier tour), le parti est extrêmement divisé. Une majorité de militants pencheraient pour l’autonomie tandis qu’une grande partie des élus et de l’appareil se verraient bien repartir avec Gérard Collomb.
Conseillère d’arrondissement (dans le premier), Nawel Bab-Hamed fait figure d’exception. Parce qu’elle a décidée de ne pas se représenter et surtout parce qu’elle est une des rares élus à affirmer un choix autonomiste. Sa parole est aussi plus libre :
« On doit être cohérent politiquement. Si on part avec Collomb, on gagne plus d’élus mais on perd en crédibilité. Si on part avec nos alliés du Front de gauche, on risque de perdre des élus mais on gagne en crédibilité ».
Elle annonce que si l’alliance avec Collomb est décidée, il n’y aura pas une majorité de militants pour faire la campagne.
Les débats des deux prochains mois autour de la stratégie risquent d’être mouvementés. Ils ne devraient pas l’être sur un premier programme qui est en train de s’élaborer : plus de logements sociaux, plus de service public, plus de démocratie participative et des transports en commun en partie gratuits. Mais la mise en adéquation des desiderata des communistes avec une stratégie politique risque de laisser des traces.
Les responsables de la section PCF de Lyon lors de la conférence de presse de ce mercredi sur les municipales. Au centre, Aline Guitard, la secrétaire. Photo : Laurent Burlet.
La grande inquiétude des alliés du Front de gauche
En conférence de presse, les responsables communistes se veulent rassurant, sur l’air de : « si on part avec Collomb, il n’y aura pas d’explosion du Front de gauche à Lyon ».
Ce n’est pas l’avis de leurs alliés, avec qui ils ont menés déjà trois campagnes depuis 2009. Ils ne cachent pas leur grande inquiétude et ne peuvent qu’attendre la décision des communistes.
Andrea Kotarac co-secrétaire du Parti de Gauche (PG) du Rhône se place dans la perspective du calendrier électoral :
« Ça nous portera un gros coup. Surtout avec les européennes un mois après ».
Le PG ainsi que l’autre composante du Front de gauche, Gauche Unitaire (GU), vont continuer à rencontrer toutes les entités dans une perspective d’« autonomie rassembleuse ». Armand Creus, le responsable départemental de Gauche Unitaire :
« On va rencontrer Europe Ecologie/Les Verts comme le GRAM de Nathalie Perrin-Gilbert. Nous pouvons monter une liste commune avec eux ».
Concernant Nathalie Perrin-Gilbert, le PG et GU mettent une condition : il faut que l’actuelle maire du premier, qui se positionne à la « gauche du PS » (tendance Benoît Hamon), se déclare « opposée à la politique d’austérité menée par le gouvernement ».
Au sein du PC, comme entre toutes les formations à la gauche de Collomb, les discussions ne font donc que commencer.
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