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Que va-t-on dire des transports dans la campagne municipale 2014 à Lyon ?

La période qui s’ouvre jusqu’en mars 2014 verra de nouveaux projets de mobilité se dessiner dans les programmes des partis politiques. Le thème des transports pourrait démarquer les candidats les uns des autres. Les primaires de l’UMP à Lyon ou les débats citoyens des écologistes ont été l’occasion de lancer les premières idées… Tour d’horizon des positionnements.

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A Lyon, les dysfonctionnements de la ligne D du métro et de la ligne C3 sont pointés du doigt. Les élections municipales sont aussi des moments de controverses, par exemple sur l’Anneau des sciences ou à propos de la ligne de tramway devant desservir le futur OL Land.

Pour différencier leurs propositions, les partis politiques s’appuient sur des experts, des chercheurs et des associations spécialisés sur la question des transports. Pour eux, il est souvent bien plus facile de faire passer des idées lors des campagnes que de se soumettre à la lourdeur des concertations institutionnelles et des procédures de décision. Les partis non-majoritaires sont mêmes les plus en vue.

La période des six prochains mois sera probablement foisonnante d’idées et de réflexions autour de la mobilité. Parmi les projets proposés, il y a de grandes chances que certains soient repris dans les années qui viennent. En consultant les programmes, les citoyens pourront se faire une idée des transformations futures de leur ville.

Voici un petit florilège :

  • Un projet de tramway entre Saint-Paul et Vaulx-en-Velin, en passant par la Part-Dieu. Proposé par les écologistes, il permettrait à terme d’être relié au tram-train de l’ouest lyonnais ;
  • Des projets de transport par câble soutenus par les mêmes écologistes et, plus récemment, par le centriste Eric Lafont et par Georges Fenech lors des primaires UMP ;
  • L’idée du tram-fret, ou transport de marchandise en tramway, mentionnée par Christophe Geourjon de l’UDI.

Enfin de nombreux réaménagements sont demandés par les citoyens comme :

 

Gauche/Droite : faux clivages

Au cours de la primaire UMP, Michel Havard a affirmé que les transports étaient « un des échecs les plus importants de Gérard Collomb » (dans le Progrès du 5 juin 2013).

Pour qualifier cet échec, il reprend à son compte les mêmes arguments développés par Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate UMP à Paris. Les deux plus grandes villes de France seraient devenues asphyxiées par les embouteillages et le tramway aurait eu des impacts négatifs « car il prend de la surface », selon Michel Havard. La critique est en forme de consigne nationale à l’UMP : la faute à la gauche.

Pourtant, sur ces deux problématiques, les clivages n’existent pas réellement entre la droite et la gauche. Le tramway est aussi à la mode dans les villes dirigées par la droite. Alain Juppé à Bordeaux, Christian Estrosi à Nice, Jean-Claude Gaudin à Marseille ou encore Edouard Philippe au Havre ont tous plébiscité le tramway pour requalifier l’espace urbain dans les années 2000.

Ils en sont même les premiers promoteurs, que ce soit à Bordeaux qui a fait du réaménagement de son centre un modèle ou, plus récemment, à travers l’incroyable transformation mise en avant à Nice. Au sujet des « bouchons », la palme de la ville la plus embouteillée revient à Marseille, une ville dirigée par la droite depuis 1995…

Par ailleurs, la diminution de la place de l’automobile, souvent décriée, notamment pour développer les modes doux, se met en place dans toutes les villes. Par exemple, les vélos en libre service se trouvent dorénavant implantés dans une grande partie des villes françaises, de droites, comme de gauches.

 

Affichage technocratique et vélo au ralenti

L’attention particulière portée aux transports est liée à la visibilité des projets pour les élus locaux, notamment depuis la décentralisation. En milieu urbain, les compétences en matière de transports sont essentiellement assurées par les institutions municipales et intercommunales.

Dans l’agglomération lyonnaise, c’est le Grand Lyon qui détient en grande partie cette compétence. L’équipe sortante (celle du PS Gérard Collomb) bénéficie donc d’un avantage pour sa communication. Mais il s’agit souvent d’un simple affichage, parfois technocratique et peu valorisant pour l’ensemble des acteurs qui participent à impulser les solutions de mobilité en ville.

D’abord, les élus sortants se réfugient souvent derrière des chiffres ou des comparaisons peu compréhensibles pour les citoyens. A Lyon, selon les élus, les vélos en libre service auraient déjà réalisé plusieurs fois le tour du monde en superficie ! Très bien. Mais ce chiffre cache une statistique moins valorisante. Depuis 6 ans, la part des déplacements à vélo stagne à 4% à Lyon et atteint difficilement les 2% dans l’ensemble de l’agglomération.

Ensuite, les élus oublient de préciser que les projets de transport s’inscrivent dans le temps long et sont souvent issus des décisions de leur prédécesseur. Le Grand Paris express ne verra ainsi le jour qu’en 2030. Beaucoup auront alors effacé de leur mémoire les protagonistes d’aujourd’hui. Si le développement du vélo à Paris est un véritable atout de la période Bertrand Delanoë, les élus parisiens oublient souvent de rappeler qu’ils récoltent les fruits d’une politique volontariste engagée par Jean Tibéri à la fin des années 1990.

 

De l’imagination pour la campagne municipale !

Enfin, ce qui compte, c’est l’affichage d’une volonté politique. Les élus se prononcent pour la construction de grands projets, même si ces derniers ne se réalisent pas. L’important pour eux est d’afficher une projection dans l’avenir.

A Lyon, le tronçon ouest du périphérique est annoncé depuis plus de trente ans. Il ne verra probablement pas le jour. Le débat public a d’ailleurs récemment plaidé pour une alternative en transport collectif. Qu’importe. Impossible de reculer ou d’afficher ses faiblesses. Le maire de Lyon plaidera encore une fois pour la poursuite de ce projet à 2 milliards d’euros.

Idem pour le Contournement de Lyon qui vient d’être enterré par la commission « Mobilité 21 » du ministère de l’écologie. Une posture difficile à tenir dans une période de restriction budgétaire.

Cet affichage cache aussi la complexité des décisions et la multiplicité des acteurs impliqués dans les projets. Certains dispositifs sont financés par l’Etat. Des idées sont apportées par des citoyens, des chercheurs, les usagers ou encore les acteurs économiques. La communication institutionnelle leur fait peu de place. En 2014, espérons un peu d’imagination au pouvoir pour mieux valoriser les initiatives citoyennes en faveur de l’amélioration des mobilités et de la qualité de vie des lyonnais.

 


#Lyon 2014

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