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C’est bien beau d’être artiste #15 : Pethrol

Peut-être l’un des groupes « révélation » de la rentrée prochaine, Pethrol file la métaphore avec un premier EP intitulé Black Gold, commandable en ligne

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très prochainement sous peu.

Formé en novembre 2012, déjà programmé lors de la prochaine édition du festival Woodstower le 24 août prochain à Miribel entre Eels, Nofx ou encore les 2MANYDJS, le quatuor peut se targuer d’avoir su rapidement se faire remarquer, si bien qu’on ne peut s’empêcher de le comparer à l’autre groupe révélation de l’année à Lyon, à savoir Erotic Market. Mais Héloïse Derly, l’entité féminine de la formation, ne semble pas vraiment en souffrir :

C’est flatteur bien évidemment. Nous ne faisons pas la même musique, mais je pense que les gens comparent notre dynamique de développement, notre trajectoire, le fait que le projet soit nouveau, qu’il y ait de l’engouement et de l’attente. Artistiquement nous ne touchons pas forcément le même public, mais nous travaillons au sein des mêmes réseaux et nous sommes appuyés par les mêmes personnalités du milieu de la musique.

Pas du genre à rejeter ses paires, avec un nom qui se veut un hommage au Bleu pétrole, d’Alain Bashung et une voix qui n’est pas sans rappeler celle de Chan Marshall, Pethrol sait pourtant se détacher de ses influences. Le groupe a en effet eu la riche idée de nous offrir une pop inventive livrée en british, mais avec un charmant petit accent frenchy que nous n’avons pas encore eu la chance d’écouter sur scène dans sa formule duo, mais qu’on apprécie déjà sur disque (ou plutôt sous forme de clef USB,K7 collector). Une excellente raison de soumettre Héloïse et Cédric, tous deux compositeurs et respectivement voix et batterie du groupe, à notre désormais classique questionnaire Orgueil et préjugés.

– Votre premier geste artistique ?

Héloïse Derly : Mon premier geste artistique date sans doute de mes 4 ans. L’histoire est amusante, lorsque j’étais enfant et que je passais du temps chez ma grand-mère, j’ai reproduit sur son piano la mélodie de la pub Herta qui passait à cette époque à la télévision. Elle a été étonnée et s’est dit qu’il y avait peut-être un potentiel d’écoute à exploiter. J’ai donc commencé à prendre des cours de piano à cet âge-là.
Cédric Sanjuan : Puisqu’il s’agit de la première question, autant être d’emblée mégalomane ; mon premier geste artistique date d’encore plus tôt qu’Héloïse, il s’agit de ma venue au monde.  (Rires)

– Quelle pratique artistique trouvez-vous intolérable ?

C.S : pour être plus sérieux, il y en a une qui me vient directement à l’esprit : la corrida. Je la condamne fermement. Je condamne par ailleurs toutes les formes d’arts susceptibles de porter atteinte à l’être humain, aux animaux ; à toutes les formes de vie tout simplement.
H.D : Ce qui me vient à l’esprit c’est la peinture sur corps. Ce n’est pas que je la trouve intolérable, c’est plutôt qu’elle est souvent de mauvais goût, et qu’au lieu de sublimer le corps de la femme, ce qui est souvent l’argument défendu, j’ai l’impression qu’elle le salit.

– Quelle est pour vous la plus grosse arnaque artistique ?

H.D : Il n’y en a pas. Ou plutôt il y en a de tellement flagrantes que je n’ose pas les nommer. Je ne souhaite pas juger ou dénigrer le travail des gens, mais parfois j’ai le sentiment qu’il n’y a pas de travail derrière certains projets artistiques.
C.S : Pareil. Je ne veux pas en entendre parler pour la simple raison que l’arnaque fait partie du jeu au sein du milieu dans lequel nous gravitons. Elle est validée et cautionnée par certains acteurs majeurs de l’industrie musicale.

– Votre pire souvenir pendant un concert ?

C.S : Je ne conserve pas de mauvais souvenirs de mes concerts passés, je ne prends que le positif. Même les expériences négatives ont été d’une certaine manière riches en émotions. Il me semble qu’en tant que professionnels nous nous devons de nous adapter à toutes les conditions.
H.D : Je vais être plus tatillonne que Cédric sur cette réponse. Nous avons récemment effectué un concert dans des conditions d’accueil technique assez bancales. Une fois encore je ne souhaite citer personne, ceci afin de ne pas mettre le programmateur et l’ingénieur du son concernés dans l’embarras. Mais pour vous dire à quel point le travail de console a été mauvais, l’ingénieur en question a été si déboussolé pendant sa prestation que nous n’avons même pas réussi à lui en vouloir ; nous avions plus envie de le consoler !

– Avec lequel de vos parents pensez-vous avoir un problème ?

H.D : Aucun des deux. Je ne sais pas si je suis l’exception qui confirme la règle mais je n’ai jamais eu à me nourrir de ce genre de problèmes pour créer. J’ai un tempérament plutôt volontaire et dynamique ; en fait je passe mon temps à sourire. (Rires)
C.S : Là pour le coup c’est moi qui vais être moins enjoué qu’Héloïse. C’est un sujet sensible. Je suis forcé de désigner mon père. Mais je ne rentrerai pas dans le vif du sujet, c’est déjà lui donner bien trop d’importance que de le mentionner. Je ne l’ai pas revu depuis des années.
Peut-être que je me suis servi de cette relation conflictuelle pour créer de manière plus précise et plus aboutie, afin de prouver de quoi j’étais capable. Ce qui est certain c’est que je n’en suis pas névrosé pour autant ! Comme Héloïse je suis d’un tempérament positif et énergique, je n’ai plus de temps à perdre.

– A quelle personnalité politique pourriez-vous dédier une de vos chansons ?

C.S : Dominique Strauss Kahn.
H.D : Christine Boutin, pour la blague.

– Le dernier produit culturel consommé/acheté/emprunté ?

H.D : On en a parlé récemment dans la voiture sur la route pour aller à Paris, il s’agit du film Bullhead. L’acteur principal est Matthias Schoenaerts, il est impressionnant dans ce rôle d’homme froid, monumental et sauvage. C’est une œuvre marquante parce qu’elle est terriblement réaliste dans son contexte simple. Il y a une scène dans ce film qui est tout bonnement insoutenable…
C.S : Moi, j’ai envie de vous parler du premier EP de Pethrol Black Gold, c’est trop de la balle, et l’objet (Clé USB/K7 audio) est vraiment sympathique. J’insiste !

– Avez-vous déjà sacrifié votre art pour de l’argent ?

C.S : Oui, sauf qu’il ne s’agit pas de sacrifice mais de pragmatisme. Au début il faut bien réussir à la faire vivre lorsque l’on a fondé une famille. (Sourire)
H.D : Non et j’ai de la chance. Je souhaite que cela ne m’arrive pas. Je vais tout faire afin de ne pas finir comme Cédric. (Rires)

– Et sinon, vous comptez faire un vrai métier, un jour ?

H.D : Il est clair que je souhaite vivre en naviguant dans le milieu de la création, puisque je suis parallèlement étudiante en Master de Design Graphique à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon. Le projet Pethrol et le graphisme prennent respectivement autant de place dans ma vie actuellement, je travaille beaucoup. Je me dis parfois que deux projets valent mieux qu’un, puis je me rends aussi parfois compte qu’un projet peut valoir mieux que deux… Nous verrons bien ! Je continuerai sans doute naturellement à osciller entre les deux domaines, au fil des rencontres.
C.S : Pour répondre au sous-entendu de la question, oui il est possible de vivre de son art, évidemment. Tout ceci n’est qu’une question de volonté et de rencontres. Nous ferons en sorte de nous battre afin de vivre confortablement du projet Pethrol.


#Concert

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