Gérard Collomb, par Tim Somerset/Maxppp.
Réalisé auprès de 709 Lyonnais du 12 au 14 juin dernier, le sondage du Journal du Dimanche offre au maire socialiste 10 points d’avance.
Mais avec un élément remarquable : contrairement à 2008, date à laquelle il gagne et signe pour un second mandat, Gérard Collomb n’est pas assis dans un fauteuil aussi confortable et ne gagnerait pas dès le premier tour. Son score serait à ce moment des élections de 42 % des voix. Plutôt honorable, mais assez éloigné du rêve caressé, de remporter les neuf arrondissements, de ne faire de Lyon qu’une bouchée pour en être le maître incontestable.
Malgré tout, la méthode du patron centriste dans une ville centriste, celle du baron local qui s’affranchit du propos socialiste gouvernemental, pourrait donc fonctionner une fois encore en 2014. Au grand dam de la droite.
Le maire Lyonnais mais pas le sénateur à Paris
C’est surtout Georges Fenech, candidat perdant à l’investiture UMP, qui l’a répété ces dernières semaines, tentant de convaincre un électorat de droite clairement pas effrayé à l’idée de réélire Gérard Collomb : « il est socialiste, il vote au Sénat toutes les propositions du gouvernement ; il dit à Lyon ce qu’il ne fait pas à Paris ».
Mais ces paroles semblent inaudibles, tant le maire PS parvient à vendre sa ville comme un modèle à part, à suivre éventuellement au niveau national. Aussi, sur quoi Michel Havard, candidat UMP désigné ce dimanche 9 juin à l’issue de primaires internes à son parti (comme à Paris), pourra-t-il compter pour convaincre les Lyonnais, ceux qui voient en Collomb un bon gestionnaire de cité plutôt qu’un sénateur socialiste ?
L’adversaire de droite ferait au premier tour 32% des voix, soit un peu plus que son prédécesseur Dominique Perben qui, avec 30% des voix, s’était pris une déculottée par Gérard Collomb (qui, lui, réussissait à faire 52% au lendemain du premier tour des municipales de 2008).
Les primaires UMP ont-elles donné du souffle à Michel Havard ?
Un autre sondage publié en mars dernier montrait qu’aucune personnalité de droite ne bénéficiait d’une notoriété suffisamment forte et que n’importe lequel des prétendants se ferait écraser par l’actuel maire socialiste. Les primaires lyonnaises ont-elles changé la donne ? Pas vraiment. Le sondage du JDD montre qu’un tiers des personnes interrogées estiment que le candidat UMP sort « renforcé » du scrutin. Un peu mieux qu’à Paris, où 28 % des personnes interrogées jugent Nathalie Kosciusko-Morizet renforcée par ce système de primaires internes. Dans les deux cas, une majorité (54 % à Paris et 59 % à Lyon) ne voit aucun impact de cette élection sur les chances du candidat UMP.
La messe est-elle dite ? Au second tour, c’est à 56 % des voix contre 44 % des voix que Gérard Collomb battrait Michel Havard. Un candidat UMP auquel se serait bien sûr ralliée la liste UDI qui, à Lyon, s’est félicitée de se voir citée par le sondage. Christophe Geourjon, qui pourrait mener cette liste de centre-droit, déclare ce dimanche soir dans un communiqué qu’ « aucune alternance ni aucune victoire » n’est possible sans l’UDI.
Le FN, mené par Christophe Boudot, atteindrait 9 % des voix.
C’est aussi la perte de ses alliés de gauche d’Europe-Ecologie-Les-Verts (EELV) qui ne permet pas à Gérard Collomb de s’assurer une victoire dès le premier tour. Une liste écologiste autonome au premier tour présentera en effet une gauche désunie à Lyon.
A gauche de Collomb, on tape (un peu) du poing
Une liste menée par les écologistes Emeline Beaume, conseillère municipale, et Pierre Hémon, actuellement adjoint au maire en charge des personnes âgées, pourrait atteindre 12 % des voix au premier tour. « Soit trois plus de voix qu’Eva Joly à la présidentielle », précise le JDD. De quoi montrer au maire que sa position « centriste » n’est pas du goût des électeurs situés plus à gauche.
Ce n’est qu’à la fin de ce mois de juin qu’Europe Ecologie Les Verts désignera le binôme mixte qui devra « porter l’alternative électorale » à la gauche de Collomb. Il pourrait en effet être celui proposé par le sondage Ifop.
Pierre Hémon, dans une profession de foi restée pour l’heure interne au parti, estime être un témoin privilégié, en tant qu’adjoint de Gérard Collomb, de sa « dérive autoritaire » :
« J’ai vu à la Ville la dérive autoritaire s’amplifier, l’ « économique » prendre le pas sur l’humain, la course aux « grands projets » mobiliser trop de moyens, la compétitivité effacer la coopération. »
Les communistes, quant à eux, font pour l’heure le dos rond. Selon les instances nationales, aucune décision concernant les municipales ne sera prise avant octobre prochain. De quoi se laisser le temps de dire, au final, qu’ils suivront Gérard Collomb dès le premier tour ? En tout cas, c’est avec une liste estampillée « PS, Front de gauche et PRG » conduite par lui que l’actuel maire atteint les scores prédits par ce sondage.
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