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Erotic Market, musique certifiée sans MST

Avec un EP en téléchargement tout frais et des concerts programmés, des Printemps de Bourges au festival Nuits Sonores, Erotic Market s’est imposé comme la formation lyonnaise de la saison.

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Ce qui a retenu notre attention, il faut bien l’avouer, avec Erotic Market, c’était d’abord un intérêt certain pour les meufs à frange. Ce fétichisme capillaire dépassé, il a bien fallu se faire une raison : il y a tout de même bien d’autres raisons de s’intéresser à Marine Pellegrini et à Lucas Garnier (ce dernier n’ayant d’ailleurs pas spécialement de frange). Déjà parce que leur musique est assez singulière dans notre pays, mais également, parce que le tout est drôlement bien roulé.

Marine Pellegrini et Lucas Garnier

Tout le milieu local l’a bien compris et a jeté son dévolu sur le duo. Mis en avant dans les médias, sélectionné pour représenter la région Rhône-Alpes comme découverte aux Printemps de Bourges, pris sous l’aile du label lyonnais Jarring Effects… Tous les voyants sont au vert pour qu’Erotic Market fasse son trou bien au-delà de nos murs. Pour Lucas :

« Il y avait une volonté de départ de ne pas se limiter à Lyon, ni même à la France. Culturellement, on est plutôt tourné vers tout ce qui est anglo-saxon. En France, on ne se reconnaît pas vraiment dans le paysage musical. Dans nos têtes, on rayonne plus large ».

On se demande alors pourquoi l’équipe a choisi un label lyonnais pour les piloter.

« Jarring est arrivé très vite, dès qu’on a commencé à travailler le live, six mois après la création d’Erotic Market, poursuit Lucas. On a d’abord un peu hésité car Jarring porte une image dub assez forte. Mais ils sont venus nous chercher à un moment où ils essayaient de s’ouvrir. Ils étaient eux aussi dans un virage ».

Le virage dont parle Lucas, c’est la dissolution de leur groupe précédent. Marine et Lucas sont en effet des rescapés de l’aventure N’Relax, formation jazzy bien proprette qui a cédé sa place à quelque chose de plus « rugueux, sale et organique ».

 

« Je suis une feignasse »

Pour Lucas, l’intérêt d’être à deux n’a pas de prix : « pouvoir se bousculer dans nos travers et ne pas être confortablement assis et attendre que rien n’arrive ».

De là à dire que le duo fonctionne comme un couple, il n’y aurait qu’un pas, mais Marine précise qu’elle s’engueule beaucoup plus avec Lucas qu’avec son propre mec. L’eau et le feu, voilà ce qui saute aux yeux. Son « côté chieuse », Marine l’assume pleinement aujourd’hui, même si elle préfère appeler ça de l’« hyper exigence ». Elle se permet tout de même un léger compromis :

« Si je m’écoutais, je ferais des albums avec des titres de dix secondes. Ca m’irait très bien. Allez, une minute. Je n’aime pas du tout aller au fond du sujet. Je suis une feignasse ».

Et quand on lui demande ce qui la motive, tout de même, à prendre la plume, elle répond « le quotidien ». On se remémore alors les heures les plus sombres de la chanson française, Bénabar et Renan Luce en tête. Sentant le malaise, elle préfère préciser :

« J’ai une façon de voir le quotidien qui m’est propre. C’est très métaphorique. Je vois des animaux en lieu et place des être humains. C’est aussi ma vision de la relation homme/femme, de la place de cette dernière. Sans être féministe, mais un peu quand même ».

On peut alors se demander si Lucas est toujours en phase.

« Je m’y retrouve aussi, sourit-il. Je ne suis pas le mâle absolu. Je suis plutôt modéré. J’accepte mon côté fragile et je n’ai pas de mal à le vivre »

À Marine ensuite de souligner qu’elle a, a contrario, sa part de virilité.

 

De l’Erotic, oui,  mais un peu de Market aussi…

Clip, teaser, concours de remix et un énorme travail sur l’image : un blason comme logo avec tambour (mais sans trompette), Erotic Market semble accorder un intérêt certain pour les « à côté ». Pour Lucas, un peu dépité :

« Les musiciens aujourd’hui sont aussi des vidéastes. Ce sont peut-être des gens qui contrôlent plus leur image que la musique au départ. Nous, on est là pour faire du son. Mais malgré tout, il faut qu’on y soit attentif. C’est le poids de l’image. Tu as beaucoup de gens qui écoutent du son sur Youtube en fait. Si tu n’as même pas un montage pourri pour appuyer ta musique, je suis sûr que tu en touches beaucoup ».

Marine, quant à elle, semble apprécier le fait de pouvoir s’immiscer dans d’autres champs artistiques, tout en restant lucide sur l’impact de l’image aujourd’hui dans le paysage musical.

« Video killed the RadioStar », ce n’est pas nouveau ! renchérit-elle. Regarde Facebook. Si tu veux occuper l’espace sur l’écran, si tu mets juste un son, ça ne se voit pas. Personne ne va cliquer. Un lien Soundclound, ça ne fait rêver personne. »

Le 3 Mai 2013 au Laboratoire de musique à Vienne et le 9 mai à Lyon au Transbordeur dans le cadre du festival Nuits Sonores.

 

 

Et en bonus, l’excellent remix de la famille Spitzer…

 


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