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Kavinsky, le road mover

Sorti d’une hype assez discrète par le succès planétaire de son « Nightcall » en ouverture du « Drive » de Nicolas Winding Refn, le parisien Kavinsky poursuit pied au plancher avec l’album « Outrun », bande-son rétro-futuriste des pires et meilleurs fantasmes d’excès de vitesse.

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2’43 ». C’est le temps qu’il aura fallu à Kavinsky pour devenir culte. Soit la durée du générique de Drive de Nicolas Winding Refn. Dans toutes les salles, la même réaction, renforcée par l’incroyable concordance de la musique et de l’image léchée du réalisateur danois : «qu’est-ce que c’est que ce truc ?!».

Ce truc c’était Nightcall, passé relativement inaperçu deux ans plus tôt, lors de sa sortie en maxi, – le « relativement » est important, car avant cela, Kavinsky avait tout de même tourné avec Daft Punk et SebastiAn sur la fois de quelques EPs. Cette petite merveille de rétro-futurisme 80’s où Lovefoxx (CSS) dialogue avec ce qui semble être la «Chose» de John Carpenter sous le patronage libidineux de Giorgio Moroder, devenait d’un coup le morceau sur lequel, effectivement, on voulait conduire pendant des heures.

Cela tombe bien puisque Kavinsky, né Vincent Borgeley, ne compose que des musiques à se taper des crampes aux mollets et des crises d’épilepsie à force de coller le pied au plancher pendant que le défilé de lampadaires se change en stroboscope. Et cela n’a absolument rien à voir avec une opportuniste gestion de fond de commerce post-Drive : le type aime les bagnoles de flambeur, avec une inclination quasi-pathologique pour les Ferrari Testarossa, et ne se voit pas y écouter du Yves Simon, ce qui est son droit le plus strict.

Drive, Kavinsky.

 

Piloter une Testarossa

D’où Outrun – du nom d’un jeu vidéo mythique où il s’agit de piloter une Testarossa – sur lequel il aurait pu se contenter de dérouler du ruban de béton sans véritablement tenir le volant. Faire Nightcall II et empocher le cash.

Vincent Borgeley plus connu sous le nom de Kavinsky.

Mais comme il l’avait montré avec les anciens EPs précités que l’on ressort de la boîte à gants (le terrible 1986), Kavinsky sait non seulement tisser une narration musicale ultra référencée – de titres de films (First Blood, le premier Rambo) et jeux vidéos comme Deadcruiser ou Grand Canyon, terreau de cet imaginaire synthétique – mais surtout prend un malin plaisir à faire sienne cette mythologie déclinée sur tous les modes (y compris soul et hip-hop, pas forcément les plus réussis), à en malaxer la texture sonore analogique, à faire de chacun de ses morceaux l’équivalent d’un court métrage.

Et de l’ensemble une épopée motorisée. Celle d’un deadcruiser, mi-nightcrawler motorisé, mi-zombie aux yeux Testarossa, dont le bolide fantôme regagnerait en fin de compte et sans se retourner (Endless) l’épais brouillard carpenterien d’où il avait soudain jailli.

Endless, Kavinsky.

Par Stéphane Duchêne sur petit-bulletin.fr.

 

 


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