Photo d’illustration.
Début avril, Vincent Peillon annonçait que la réforme des rythmes scolaires concernerait 25 % des élèves français dès 2013. Dans l’agglomération, seules trois communes appliqueront la réforme à la rentrée prochaine. Seront donc concernés moins de 3 % des élèves du Grand Lyon. Mais l’Education nationale n’a pas dit son dernier mot. Sortie par la porte, elle rentre par la fenêtre.
L’académie de Lyon propose en effet actuellement aux écoles du département d’expérimenter la réforme dès 2013. Nous avons pu consulter un mail envoyé par un inspecteur aux écoles de sa circonscription. Ce que confirme Claudie François-Gallin, directrice adjointe de l’académie de Lyon :
« Le directeur académique a demandé aux inspecteurs de circonscription de prospecter les écoles du Rhône pour voir si elles seraient éventuellement partantes pour expérimenter la modification des rythmes scolaires, même si leur commune ne part pas en 2013. »
Et d’ajouter immédiatement :
« Cela se ferait en complète collaboration avec leur commune ».
Galop d’essai ou application déguisée ?
Ainsi, les écoles volontaires, mais situées sur une commune ayant reporté l’application de la réforme, pourront se conformer au décret Peillon et appliquer la réforme dans des « conditions réduites ». L’académie prenant sur elle de dialoguer avec les mairies récalcitrantes.
Alors que seules 14 écoles (réparties sur 4 communes) du département sauteront le pas en 2013, elle s’engage à donner un coup de main aux établissements souhaitant déposer un projet en ce sens.
« Sachant que l’an prochain, toutes les écoles devront appliquer la réforme, si quelques unes sont prêtes pour un galop d’essai dans des conditions réduites, cela permettrait d’avoir un retour d’expérience ».
Si la directrice adjointe de l’académie évoque donc une sorte de test, à y regarder de plus près, expérimenter revient pour les écoles à appliquer la réforme purement et simplement.
Dans le courriel envoyé à des chefs d’établissement du département, que nous avons pu lire, un inspecteur de circonscription liste les « contraintes » que devront respecter les écoles candidates :
- 24 heures d’enseignement hebdomadaires pour tous les élèves.
- Une répartition hebdomadaire sur 9 demi-journées dont une matinée le mercredi ou le samedi matin.
- Une journée denseignement de 5h30 maximum.
- Une demi-journée ne pouvant excéder 3h30.
- Une pause méridienne de 1h30 minimum.
- La mise en place d’activités pédagogiques complémentaires.
Autant de prescriptions contenues dans le texte du ministre de l’Education. A une différence près : l’expérimentation court sur un an contre trois ans pour l’application de la réforme telle quelle.
Pas d’aide pour le périscolaire
Les 4 communes du département ayant manifesté leur intention d’appliquer la réforme dès la rentrée scolaire prochaine, se verront octroyer une dotation de 50 euros par élève inscrit dans une de leurs écoles. Un soutien financier de l’Etat déjà jugé insuffisant par les collectivités locales mais qui permet, pour l’année scolaire 2013-2014, de financer une partie des dépenses occasionnées.
Or les écoles qui seraient volontaires pour expérimenter la semaine de quatre jours et demi en 2013 n’y auront évidemment pas droit. En effet cette aide est perçue uniquement par les municipalités. A charge pour les communes de « faciliter le redéploiement et l’enrichissement des activités périscolaires déjà existantes » dans leurs établissements. Qui, eux, doivent élaborer un projet concernant notamment les activités pédagogiques complémentaires.
Une sollicitation de l’académie « un peu surprenante »
Pour l’instant, l’académie n’a reçu aucun retour de la part des écoles. Logique. Le corps enseignant est majoritairement opposé à la réforme. Un fonctionnaire du rectorat, s’exprimant sous couvert d’anonymat, confirme ce désintérêt :
« Dans les consultations qui sont organisées, les acteurs expriment surtout leurs doutes et les inconvénients supposés de la réforme. Avec l’expérimentation, l’idée c’est qu’ils expriment comment ils envisagent la réforme : ses avantages, ses inconvénients et son coût. Mais faute d’établissements réceptifs on risque d’aller directement à la réforme généralisée en 2014 ».
Parmi les directeurs d’écoles que nous avons contactés, certains expliquaient ne pas être au courant d’un tel appel à candidature tandis que d’autres évoquaient une « sollicitation un peu surprenante ». Il faut dire qu’elle est intervenue alors que de nombreuses communes avaient déjà manifesté leur intention de reporter l’application de la réforme.
Pour le SNUDI-FO, très opposé à ces nouveaux rythmes, en plus d’être surprenante, l’initiative est dommageable :
« Ils essaient par ci, par là de diviser les collègues alors même qu’au Conseil départemental de l’éducation nationale (où siège le directeur d’académie), tous les élus ont justifié le report de la réforme par la difficulté de trouver aussi vite les personnels supplémentaires ».
Une telle expérimentation permettrait surtout aux écoles de pouvoir ajuster la réforme dès la fin de l’année scolaire 2013/2014. Un peu à la manière des écoles de la commune Irigny, qui explique mettre en œuvre la semaine de quatre jours et demi dès 2013 « avec la possibilité de changer ce qui ne fonctionnerait pas au terme de la première année ».
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