Le remake, ça va on connait. On en voit également beaucoup au cinéma. Des bons, des mauvais… tous motivés par la volonté d’améliorer. Comme le jeu vidéo bouge techniquement très vite, procéder à un petit lifting de vieux classiques se comprend. Souvent, le remake apporte sa ribambelle de nouveautés et d’améliorations et agiche le chalant par la pyrotechnie.
C’est tout l’inverse du demake, qui n’est autre qu’un remake à l’envers : pourquoi ne pas imaginer un jeu moderne dans une version sur Super Nintendo ou Atari 2600 ? On se situe ici dans un exercice de pur style, voir dans une démarche artistique qui à mon avis ne trouve que peu d’équivalents.
Pour les pionniers du jeu vidéo, les contraintes n’avaient rien d’un choix, il leur fallait user d’inventivité pour faire tenir leurs jeux sur quelques octets.
Aujourd’hui, les possibilités quasi infinies et exponentielles permettent paradoxalement de faire le chemin inverse : « puisque je peux tout faire, autant me fixer les contraintes les plus belles possibles ! » Ainsi l’idée masochiste du demaker est de faire de cette contrainte technique une liberté nouvelle.
En littérature, le mouvement Oulipo menait bien une réfléxion autour de la contrainte mais de là à imaginer réécrire Le Viel homme et la mer en hieroglyphes c’est un pas que les Oulipiens n’ont pas franchi. Non ! les demakeurs sont dans le rétrogaming mais aussi plus globalement, une caste à part.
Fallout : New Vegas, est un des titres à avoir subi un tel traitement. Mais ce jeu de rôle 8-bits a la particularité d’avoir été réalisé par Bethesda, propriétaire de la licence… Autant vous dire que cette tendance n’est donc pas passée inaperçue auprès des grands studios de jeux vidéo qui savent voir le potentiel promotionnel et économique des demakes où il se trouve.
En espagnol, esprit cartoon…
Le demake du jeu The Curse of Monkey Island se dévoile depuis peu dans une nouvelle vidéo. Ce jeu est le 3e volet de la série chérie créé en 1990 par Ron Gilbert chez Lucas Arts. Pour cet opus, Ron Gilbert n’était plus au commande, et l’utilisation d’un graphisme orienté cartoon, s’éloignant beaucoup de l’ambiance d’origine n’ont pas fait bon ménage avec le goût des fans.
C’est sans doute la raison pour laquelle un fan a voulu remplaçer les graphismes et les sons par des assets des deux premiers opus. Le projet avait toutefois été abandonné fin 2011 pour être repris en juin dernier par un utilisateur des forums d’Adventure Game Studio.
Après un long silence, le nouveau développeur a mis en ligne cette vidéo. Le jeu est pour le moment dans sa langue natale (l’espagnol) mais une version anglaise est prévue. Une première démo pourrait également arriver bientôt.
Il nous reste donc à savoir si cette tendance va se développer hors de la sphère retrogaming et s’inscrire dans la durée de la même façon que le 8-bit est revenu en force et en forme !
Et vous, connaissez vous des exemples de « demake » dans une autre forme artistique ? Je crois qu’en art contemporain il y a matière à trouver mais j’ai besoin de vos lumières !
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