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Centrifugeuse de visionnage, épisode 11

The FP de Brandon et Jason Trost

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Hé les petits clous, ça faisait un moment qu’on ne s’était pas fait un tir groupé, comme ça, au débotté… Passons plusieurs films récents en revue, voulez-vous.

Dans un futur post-apocalyptique foncièrement débile, JTRO voit son frère BTRO mourir dans ses bras, suite à une compétition un peu trop soutenue de Dance-Dance Revolution. Après avoir juré de ne plus jamais jouer à ce jeu, JTRO est appelé à la rescousse par son vieux pote KCDC : il doit accomplir son destin, et sauver le FP, whatever that shit is.

A la fois le meilleur et le pire film de cette sélection – en tout cas le seul qui assume sa radicalité jusqu’au bout – The FP baigne dans ce qui pourrait bien être du cinquième degré. Dans l’absolu, la culmination horrifique de la culture hipster, la victoire définitive du sarcasme à l’emporte-pièce sur toute tentative de créer quoi que ce soit de nouveau ou, tout du moins, de sincère.

Conceptuellement, The FP fait flipper. En fait, il n’existe même pas. Un hommage parodique, conscient de lui-même et dans le même temps exécuté avec premier degré ? Il y a là suffisamment de paradoxes pour créer de l’antimatière.

MAIS.

Pour peu qu’on en accepte les codes, The FP butine suffisamment loin dans la connerie sidérale pour engendrer ce qui POURRAIT ressembler à de la fascination. Du recyclage enthousiaste de toute la culture des 90’s, de son esthétique outrée à son argot gangsta magnifiquement répétitif, surgit un objet qui ne prend jamais son univers de haut, ne fait pas dans le clin d’œil appuyé au spectateur mais se plaît au contraire à le prendre à rebrousse-poil.

Certaines blagues tombent à plat, d’autres sont franchement superbes. La platitude affichée des dialogues ronge le cerveau à petit feu (« Yo, shit is fucked up in the FP, dog » / « Yeah, I know shit is fucked up in the FP, man » – attention, c’est tout le temps comme ça) puis s’y infiltre comme une gangrène incontrôlable. Ah, j’allais oublier : la techno utilisée pour la bande-son devrait être interdite.

Die Hard : belle journée pour mourir de John Moore

Ceci n’est pas John McLane. C’est Bruce Willis qui nous refait la même composition taciturne que dans tous ses mauvais films depuis dix ans, dans un film qui accuse trois décennies de retard.

Métastases de Dieudonné

S’il est toujours le meilleur humoriste français sur les planches, Dieudonné n’est pas un cinéaste – il est à peine réalisateur. L’autoproduction précaire n’est pas une excuse : chez les grands, le manque de moyens est même un stimulus non négligeable…

Faut reconnaître qu’après le dégueulis esthétique et la malhonnêteté intellectuelle de L’Antisémite, l’humoriste franchit un cap. Il y a, dans Métastases, quelques scènes bien découpées, rythmées et parfois même dialoguées. En gros, cinq minutes de film à sauver dans ce qui n’est qu’une version longue, pénible et parfois gênante (la chorégraphie de Thriller dans la salle d’attente : ouch) de l’excellent sketch sur le cancer qui concluait le spectacle Mahmoud.

Chop de Trent Haaga

Un quidam est kidnappé par un forcené à la rancune tenace : tant que sa victime ne se souviendra pas de ce qu’il a bien pu lui faire, il le découpera petit bout par petit bout. Une fois la révélation finale vomie à la tronche du spectateur, celui-ci n’a d’autre choix que de s’incliner devant la fabuleuse idiotie du scénario. A son image, le film est aussi fun que déséquilibré, mais vaut le coup d’œil goguenard rien que pour l’abattage mémorable de l’irrésistible Will Keenan (Troméo & Juliet, Terror Firmer).

The Brass Teapot de Ramaa Mosley

 

Un couple se retrouve en possession d’une théière magique, dont le mode d’emploi est finalement très simple : chaque fois que ses propriétaires se font mal, de l’argent surgit par enchantement.

On récapitule, hein : pendant 1h30, des abrutis vont se mettre des pains, s’automutiler ou se balancer des saloperies pour engranger des piles de cash – et, non loin, un mystérieux asiatique rôde pour empêcher la malédiction de s’accomplir (bon, en fait il reste dans sa piaule en attendant que les personnages principaux viennent le chercher).

Avec un prétexte aussi absurde, le mieux était encore de foncer droit dans le mur et d’y aller franco : mission à demi-accomplie. The Brass Teapot, sous ses dehors faussement trash, est un film profondément gentil, dont la conclusion gnangnan éradique tout intérêt.

Dracula 3D de Dario Argento

Sérieusement Dario, mec, ARRÊTE de filmer ta fille à poil, ça fout tout le monde mal à l’aise. Et tant que t’y es, arrête les films, en fait  – visiblement, tu n’as plus aucune idée de comment t’y prendre.

Red Dawn de Dan Bradley

Quelque part, ce film existe encore moins que The FP. Remake d’un film extrêmement daté Guerre Froide, au premier degré profondément déstabilisant pour cette génération de hipsters de merde, Red Dawn version 2012 partait avec du sérieux plomb dans l’aile.

Côté histoire, il suffisait de remplacer les envahisseurs russes et cubains par des Chinois, genre “Amérique paie ta dette“, tu vois. A environ 95% de la chaîne de production, un penseur de génie s’interpelle : merde, et si ça nous coupait du marché chinois, cette histoire ?

La sortie est retardée de plusieurs mois pour changer les méchants en Nord-coréens. Le côté revanchard et cocardier est également gommé dans plusieurs scènes.

A force de ne froisser personne, le remake de Red Dawn est un objet correctement réalisé, mais grotesque. 1h33 de « bon bah on a fait ce qu’on a pu, hein ».


#Chop

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