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En ville, les vélos font-ils n'importe quoi ?

Suite à la publication d’un article de Rue89Lyon sur

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le « Ghost bike », une façon de rendre hommage aux cyclistes décédés sur la route, les échanges ont été vifs entre défenseurs inconditionnels du vélo et automobilistes.

Velo-N-importe-quoi-Ville-Picto

Les commentaires laissés par les internautes suite à l’article sur la commémoration d’une cycliste renversée par un motard sont édifiants. On pouvait s’attendre à des messages compatissants, des hommages. À la place, des commentaires qui dénoncent les comportements « accidentogènes » de nombreux cyclistes. Et un début de polémique sur le bon et le mauvais vélo.

Il y a bien un fossé qui sépare les riverains. Les vélos profitent-ils de leur statut de David face à Goliath pour faire ce qu’ils veulent ? Les automobilistes sont-ils des vieux réac’ vélophobes qui n’acceptent pas de partager la rue ?

 

« Il ne faut pas imposer à la circulation un parasite supplémentaire »

À ma gauche, les pourfendeurs du vélo. Pour eux, le cycliste est un danger qui menace la sécurité des piétons et favorise les accidents avec les voitures. Pierrrrre considère, par exemple, que le vélo est très souvent « un parasite » pour la circulation :

« La fragilité de leur engin leur donne un argument pour ne pas avoir à se préoccuper des autres. Un vélo […] requiert, pour être conduit sans danger et sans emmerder les autres, une capacité et un souci à se fondre dans une circulation existante, et non pas imposer à cette circulation un parasite supplémentaire ».

Jean-Luc abonde dans ce sens :

« Je trouve miraculeux qu’il y ait aussi peu d’accidents graves tant les vélos ont des comportements irresponsables. […] 90% des vélos brûlent les feux rouges. C’est inadmissible et extrêmement dangereux ! »

A ma droite, les défenseurs acharnés du vélo, qui répondent point par point à leurs détracteurs. En quête de « légitimité » dans le partage de la rue, noxyvelo s’adresse à Pierrrrre :

« Contrairement à ce que vos propos pourraient laisser sous-entendre, les cyclistes ne sont dans la plupart des cas en tort lorsqu’ils se font tuer.

[..]

Le vélo est légitime à être sur la route, autant que la voiture. Ensuite, pour être en sécurité (portières qui s’ouvrent par exemple) le cycliste laisse souvent 1 mètre sur sa droite. De plus une voiture doit laisser un minimum d’un mètre entre elle et le cycliste quand elle dépasse (1,5 m hors agglomération), c’est le code de la route, et c’est très peu respecté, pourtant on parle ici de vie ou de mort si le cycliste fait le moindre écart. »

MLBRLyon enfonce le clou et prend à partie ceux qu’ils considèrent comme des automobilistes :

« Le temps où la ville devait s’adapter à l’automobile est révolu, et le vélo est un instrument très important de mobilité individuelle comme collective ».

 

Double-sens cyclable et tourne à droite

Les automobilistes riverains de Rue89Lyon mettent en avant une augmentation des accidents due aux récents changements du code de la route, notamment la possibilité de mettre en place dans certaines rue des doubles-sens cyclables (seul les cyclistes peuvent rouler dans les deux sens. Les autres véhicules sont en sens unique). Jean-Luc est ainsi catégorique :

« Rien que le système des contre-sens me semble redoutable : du point de vue des réflexes d’automobiliste, c’est très complexe d’intégrer que dans une rue à sens unique on puisse voir un vélo débouler en face de soi à contre-sens ».

Mais Jean-Luc tape à côté. Selon de récentes études citées par le Centre de recherche sur le mobilité, le Certu :

« La multiplication des doubles-sens cyclables ne s’est pas traduite par une augmentation du nombre d’accidents. Le double-sens cyclable semble même contribuer à une baisse des vitesses dans certaines rues ».

Idem, les premiers retours sur le cédez-le-passage cycliste au feu (les « tourne à droite ») « ne montrent pas d’augmentation d’accidents cyclistes en carrefours à feux« .

 

« L’invasion des trottoirs »

Contacté par Rue89Lyon, Yves Gascoin, président de l’association Les Droits du Piéton, joint sa critique à celle des riverains automobilistes anti-vélo. Selon lui, le principal problème, c’est le cycliste débutant, qui circule sur le trottoir de peur de gêner le trafic.

« Avant, le problème, c’était les voitures qui stationnaient sur le trottoir. Aujourd’hui, c’est plutôt l’invasion des vélos. C’est une attitude qui nuit à la circulation des piétons. Certaines personnes âgées n’osent plus sortir de chez elles de peur de se faire percuter. »

Une opinion partagée par les associations de défense du vélo comme La Ville à Vélo qui a mise au point un tract commun de prévention à l’attention des cyclistes. Preuve que automobilistes/piétons/cyclistes peuvent être d’accord.

« On reçoit de nombreuses plaintes à l’association » continue Yves Gascoin :

« Sans être un adepte de la pénalisation à tout va, il faut appliquer une certaine répression pour que les choses évoluent, comme on l’a fait avec les voitures. »

Parole à la défense. Martin Ray, de l’association La Ville à Vélo, reformule la problématique :

« Pourquoi certains vélos roulent-ils en infraction? Les cyclistes ne roulent pas sur les trottoirs parce que ça leur fait plaisir, c’est inconfortable pour eux. Il y a toujours quelque chose de caricatural et de grotesque dans les commentaires. On réduit les cyclistes à une masse informe et anarchique. En réalité, il n’y a pas plus d’incivilité chez les cyclistes que chez les piétons ou les automobilistes. Ce comportement n’est pas le propre du vélo, on le retrouve à tous les échelons de la société. »

On l’aura compris, avant de voir un tract commun entre les associations de défense du vélo et l’Automobile Club, de l’eau peut couler sous les ponts de Lyon ou d’ailleurs.

 

« Pour les automobilistes, le cycliste est un flâneur en promenade »

Martin Ray de l’association « La Ville à Vélo » préfère l’apaisement au discours vélorutionnaire. Pour lui, il y a un clivage qui s’explique avant tout par une méconnaissance globale des moyens de transport.

« Pour les automobilistes, le cycliste est un flâneur en promenade. Ils n’ont pas encore réalisé que le vélo est devenu un moyen de transport comme un autre. De la même façon, certains cyclistes oublient trop vite l’automobiliste qu’ils étaient. »

Il reconnait que nous vivons une période « d’adolescence du cyclisme ». Une nouvelle génération de cycliste s’est développée.

« C’est notre boulot d’asso de les former et  les accompagner. »

Avec les changements du code de la route et l’introduction des « tourne à droite » et des « doubles-sens cyclables », c’est la suprématie de la voiture qui en prend un coup. Ceci explique, peut-être, les réactions anti-vélo de certains automobilistes.



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