Même quand elles veulent se fondre dans le moule du couple marié… Que cette très soft image de normalité leur évoque pédophilie, zoophilie ou polygamie nous donne une idée de ce qu’ils peuvent bien imaginer de nos désirs plus sauvages.
Quoi de mieux, dès lors, pour faire la nique à ceux qui nous haïssent, que de célébrer cette homosexualité ardemment sexuelle qu’ils abominent au-delà de tout ? C’est à elle justement que Fabien Béhar consacre son premier «roman», ce Fuck Buddies qui accumule une centaine de courts textes pour autant de coups d’un soir, d’une heure, de quelques minutes.
Est-ce un récit érotique ? On pourrait le penser, mais non. Ce qui frappe dans ce recueil écrit d’une plume alerte, décomplexée et ironique, c’est à quel point les désirs de Béhar sont multiformes, ses éphémères amants différents, ses modes de rencontres multiples.
On y trouve l’écho d’un autre texte jouant sur ce même registre de la recension des aventures sexuelles de leur auteur, le terrassant Tricks, où Renaud Camus, en 1979, alignait comme à la parade ses mecs d’un soir, tous semblables dans leur apparence cuir et moustache. En faisant abstraction de ce qu’est devenu Camus depuis (un vieux con raciste), difficile de ne pas voir dans ce livre essentiel de la culture gay un état de notre sexualité à un moment donné.
À son niveau plus modeste, celui de Fabien Béhar nous dit quelque chose de notre sexualité d’aujourd’hui. Ce n’est pas rien. Surtout à un moment où ceux qui pensent à la bonne image que nous devrions donner à nos ennemis préfèreraient la gommer.
Par Didier Roth-Bettoni sur heteroclite.org.
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