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Fête des Lumières : le retour de Skertzò place des Terreaux

Dernier embrasement avant le grand blackout du 21 décembre, voici revenue la Fête des Lumières. Morceaux choisis avec en guise d’attraction principale le retour de Skertzò place des Terreaux.

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Demandez aux Lyonnais ce qui les a marqué en une décennie de Fête des Lumières, notamment sur le lieu incontournable que constitue la place des Terreaux. Plus souvent qu’à leur tour, ils répondront «la projection où les murs bougeaient, se fissuraient, dégringolaient». C’était en 2002 et derrière ce travail se cachait le duo Skertzò, qui a rempilé en 2003 et revient cette année éclairer l’Hôtel de Ville et la façade nord du Musée des Beaux-Arts. Retour avec lui sur ses travaux passés et sur ce qu’il dévoilera du 6 au 9 décembre prochains.

2002

La définition de l’installation de 2002 a beau être énoncée ci-dessus de manière très approximative, elle permet de comprendre que ce travail mettait en avant les somptueux bâtiments sur lesquels il s’appuyait. Les contours, les encadrements des portes et des fenêtres servaient en effet de matière première à la création de Skertzò, le duo se gardant bien de plaquer son travail sans tenir compte de la beauté des lieux qu’il investit.

A partir de là, il s’était amusé à faire vaciller les murs, donnant au spectateur l’impression de tanguer. Un sentiment d’autant plus justifié que l’installation démarrait des quatre fleuves du Paradis bondissant de la fontaine Bartholdi vers les quatre points cardinaux. Par un jeu de miroirs (le spectacle se nommait Réflexions), le niveau de l’eau montait jusqu’à « emporter » les façades.

«L’idée, se rappelle alors Hélène Richard, acolyte de Jean-Michel Quesne, était de rendre la place aquatique et d’évoquer les fleuves lyonnais. Nous travaillons beaucoup sur l’esprit des villes, leur aspect presque charnel».

Voilà donc pourquoi, il n’y pas qu’à « voir » mais aussi à « ressentir » dans leurs créations.

2003

Issu du spectacle vivant et de l’image animée, le duo revient en 2003 et met l’homme au cœur de Zone d’ombres. Trois danseurs se trouvent au milieu du public sur la place et leurs silhouettes mouvantes sont projetées et agrandies sur les murs. «Nous avions alors travaillé sur l’échelle, la façade rapetissait et les humains s’allongeaient». Le dispositif façonnait un véritable théâtre d’ombres sans coulisse, appelé à rester sans suite :

«Ce ne serait plus possible aujourd’hui, note Hélène Richard. Il y a désormais trop de monde sur la place pour pouvoir garantir la sécurité de tous avec un tel dispositif».

Les normes de sécurité sont effectivement de plus en plus strictes et le public de plus en plus nombreux. Des ordres de circulation piétonne sont même instaurés depuis quelques années. Et pour cause : l’an dernier la mairie annonçait que 300 000 personnes étaient passées par la place des Terreaux au cours de chacune des quatre soirées !

2012

Dix ans après leurs premiers pas sur la place, revoici donc les Skertzò aux Terreaux, emplacement qu’ils affectionnent particulièrement.

«La ville de Lyon est magnifique, c’est un lieu commun que de le dire et cette place a un esprit ; j’aime beaucoup la manière dont elle a été repensée, retravaillée, redessinée par Buren, avec énormément d’intelligence. C’est un lieu où on est formidablement bien. C’est un immense plaisir d’y revenir».

Avec Highlights, les duettistes profitent des dernières évolutions technologiques et de la plus grande liberté qu’elles sous-entendent pour créer des personnages virtuels. Cette nouvelle création sera, promet Hélène Richard, vive.

Elle verra des faisceaux lumineux partir de la fontaine pour interagir avec lesdits personnages sur les façades de la place et raconter de façon ludique, en dix minutes, l’histoire de l’image et de la lumière.

«Tout sera surligné et sur-éclairé. Nous voulons réfléchir à ce qu’éclaire la lumière. À deux semaines du jour le plus court, on a voulu s’interroger sur sa matérialité, nous voulons lui rendre son épaisseur à travers nos personnages.

Mais ce ne sera pas du tout abstrait. La lumière ne sera pas évanescente ou éthérée mais assez concrète. On se bagarre, on joue avec elle. On va lui donner corps».

Le duo d’artistes n’a pas emprunté son nom au scherzo italien par hasard, ce terme désignant une pièce de divertissement rapide dans la musique du XVIIIe siècle et plus globalement la fantaisie et le mouvement. De mouvement, il en sera d’ailleurs encore question avec le projet, pérenne celui-ci, de mise en lumière du futur tunnel sous la Croix-Rousse, dont le duo vient de se voir confier les rênes.

Par Nadja Pobel sur petit-bulletin.fr.


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