Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Mais qui a tué Larry ?

Larry débute avec maman

,

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Lyon, abonnez-vous.


Vu de mon canapé, les auteurs du générique français de « Dallas » peuvent se frotter les mains : question droits d’auteurs, ils ont pu empocher quelques euros supplémentaires tant les télés et radios françaises ont fait preuve d’originalité pour annoncer le décès de Larry Hagman, interprète de l’ignoble JR, alias John Ross Ewing. Le fameux « ton univers impitoya-a-ble » n’a pas cessé de résonner sur les ondes en hommage au comédien décédé vendredi 23 novembre. Il faut reconnaître que, tout comme la jolie carrière cinématographique de Peter Falk fut éclipsée par son personnage de Columbo, celle de Larry Hagman restera à jamais dans l’ombre de cette formidable ordure de JR, qu’il incarna dans plus de 350 épisodes de 1978 à 1991, puis dans quelques téléfilms et dans la nouvelle série lancée en 2012.

Sous le Stetson démesuré et derrière le sourire carnassier de JR se trouvait pourtant un acteur à la longue carrière débutée dans les années 50. Né au Texas en septembre 1931, le petit Larry fut rapidement expédié chez sa mémé de Californie quand ses parents divorcèrent. Lorsque la grand-mère s’éteignit, Larry retourna chez papa-maman qui venaient de se rabibocher et commença à accompagner sa mère comédienne (Mary Martin) sur ses tournages et tournées théâtrales. Si bien qu’après des études à New York, influencé par mummy, il décida de monter lui aussi sur les planches et fit ses débuts avec la troupe du Theatre-in-the-round, à Dallas. Il apparut dans quelques pièces avant de suivre sa mère jusqu’en Angleterre où, en 1951, elle devait commencer « South Pacific ». Un spectacle qui dura cinq ans et dans lequel, aux côtés d’un autre débutant nommé Sean Connery, Larry Hagman fit de la figuration avant de s’enrôler dans l’armée. On le retrouve ensuite à New York dans plusieurs pièces accueillies plus ou moins fraichement par le public et la critique, mais le goût de la scène semble héréditaire et Hagman ne se décourage pas.

Larry creuse

Au début des années 60, il commence à flirter avec le succès en apparaissant dans quelques séries télévisées populaires. Le jeune Larry est plutôt beau gosse et affiche un air rassurant de gendre idéal. On le voit pour commencer dans le soap « The edge of night » de 1961 à 1963. De 1965 à 1970, il incarne le gentil astronaute de la série « Jeannie de mes rêves » et devient l’un de comédiens les plus appréciés du petit écran. Sur le grand écran en revanche, ça démarre moins vite. Il débute en 1964 dans un film de guerre, « Sept contre la mort » (d’Edgar G.Ulmer) et partage l’affiche avec Walther Matthau dans « Ensign Pulver » (de Joshua Logan) et dans « Point limite » (de Sidney Lumet). L’année suivante, il tourne sous la direction d’Otto Preminger dans « Première victoire » avec John Wayne, mais il faut encore s’équiper d’une loupe pour retrouver son nom dans la distribution. Il retrouve Sidney Lumet en 1966 pour « The group » et son nom apparait enfin sur l’affiche de « Up in the cellar » (Theodore Flicker) en 1970.

C’est un tournant pour Larry car, du début des années 70 aux années 2000, il ne va plus cesser de travailler. On va le retrouver dans les séries qui marchent, des classiques « Rues de San Francisco » et autres « 100 dollars plus les frais » ou « Côte Ouest » aux succès plus récents comme « Nip / Tuck » et « Desperate Housewives ». Il va tourner pour John Sturges (« L’aigle s’est envolé », 1976), Peter Yates (« Ambulance tous risques », 1976), Richard Donner (« Superman », 1978), Blake Edwards (« SOB », 1981), Oliver Stone (« Nixon », 1995) ou Mike Nichols (« Primary Colors », 1998) auxquels il conviendra d’ajouter des dizaines de téléfilms et une participation aux « Simpson ». Pourtant, Hagman n’est jamais en haut de l’affiche. Certaines de ses apparitions se limitent à ouvrir une porte et à lâcher deux lignes de dialogue, mais les réalisateurs apprécient sa grande carcasse et son sourire de vainqueur, et surtout l’immense popularité dont il va commencer à jouir à partir de 1978, en régalant la terre entière dans le rôle de la plus sympathique ordure de l’histoire de la télé, le magnat du pétrole JR Ewing.

Larry trouve du pétrole

« Dallas » aurait-elle rencontré un tel succès sans le personnage de JR ? On peut en douter. Tout reposait en effet sur ce texan manipulateur et cynique. Il était la pièce centrale de cette saga, qu’il s’agisse du conflit avec son frère Bobby (dit « le gentil Bobby ») sur la façon de gérer la compagnie pétrolière de leur paternel, qu’il soit question de ses relations tourmentées avec Sue Helen, sa femme alcoolique, de ses maîtresses, de ses magouilles et de ses mensonges. « Dallas » aurait tout aussi bien pu s’intituler « JR » car c’était avant tout l’histoire de John Ross Ewing, de son ambition, de sa volonté maladive d’être à la hauteur de son père et des moyens véreux employés pour y parvenir. Hagman ne retrouva jamais un tel rôle, un rôle à multiples facettes. Il pouvait être à gifler dans une scène et attendrissant dans la suivante, quand les réprimandes de sa mère (Barbara Bel Geddes, qui tourna avec Hitchcock dans « Sueurs froides ») faisaient de lui un petit garçon pris la main dans le pot de confiote alors qu’il venait de pousser un concurrent au suicide. Le monde entier adorait le détester. Si bien que l’épisode qui révèle le nom de l’assassin de JR, descendu par un inconnu à la toute fin de la saison précédente, deviendra le deuxième plus gros succès d’audience de la télévision américaine avec plus de 83 millions de téléspectateurs, précédée d’une campagne publicitaire démentielle (et son slogan « Who shot JR ? » repris partout). « J’étais assez perplexe quant au succès du personnage » expliqua Hagman.« Je ne pouvais déjà pas aller acheter mon journal au coin de la rue sans être apostrophé par des fans vêtus de tee shirts « JR for president ». Mais après ce fameux épisode où JR se fait tuer, ils ne me demandaient plus d’autographes mais plutôt qui l’avait tué. Et ils étaient particulièrement dépités, et même en colère, lorsque je leur répondais que je n’en savais rien moi-même ! » En France, les Dallasophiles devront attendre 1982 pour connaître le nom de l’assassin.*

Larry se meurt

Après des années d’excès de boisson, Hagman souffre d’une cirrhose et doit subir une greffe du foie en 1995. Usé mais pas vaincu, il tourne encore quelques téléfilms et milite contre le tabac. Démocrate, amoureux de la même femme et de sa Harley Davidson depuis des décennies, il accepte en 2012 de reprendre le rôle de JR avec quelques autres anciens de la première série. Cette fois, JR et Bobby s’opposent par fistons interposés, façon de transmettre l’héritage pour de futures saisons.

Mais au fait, qui a vraiment tué JR ? Ce sont des complications suite à un cancer de la gorge qui ont eu raison de lui le 23 novembre dernier, au Medical City Hospital… de Dallas.

 

*Sa belle-soeur, Kristin. Mais, chut…


#Dallas

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Autres mots-clés :

#Dallas#Larry Hagman#télévison
Partager
Plus d'options
Quitter la version mobile