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Fermeture du tunnel de la Croix-Rousse : la fin de la voiture en ville ?

L’une des embouchures les plus empruntées pour accéder au centre de Lyon va fermer dès ce lundi pour neuf mois. S’il est difficile de prédire quels comportements adopteront les 47000 usagers quotidiens du tunnel de la Croix-Rousse, imaginer un abandon total de la voiture reste de l’ordre de la science-fiction.

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Tunnel de la Croix-Rousse, crédit : Joël Philippon/maxppp

Ouverture de parcs relais, mise en place de navettes pour rejoindre les stations les plus importantes, renforcement de la fréquence des métros sur la ligne D notamment, et reprogrammation de 60 carrefours à feux stratégiques. Mais aussi une baisse du tarif du périph Nord, autrement appelé TEO. Les mesures prises par le Grand Lyon doivent faire face à cette nouvelle impasse dans une ville déjà truffés de chantiers routiers.

Alors que le rallongement de la durée des travaux du tunnel de la Croix-Rousse de six à neuf mois a d’abord exaspéré Gérard Collomb, président PS du Grand Lyon, il s’avère que cette dernière mesure (la baisse du tarif de TEO), pourrait finalement être une bonne affaire pour la communauté urbaine.

TEO : la solution du mal-aimé

En dehors du fait qu’il pourra faire recette, le Grand Lyon aura enfin une réponse à la question de l’utilité de cet axe. Le périphérique Nord, toujours appelé sous son ancien nom d’exploitation TEO (Trans Est-Ouest) est une solution routière jugée très performante -ce qui justifie qu’il soit payant, selon les experts- mais qui a eu tendance à voir sa fréquentation stagner, voire diminuer légèrement à certaines périodes.

« Les gens qui ne peuvent pas faire autrement vont continuer à prendre leur voiture et emprunter TEO, et beaucoup vont le découvrir », présume Sébastien Gardon*, enseignant-chercheur en science politique et auteur de « Goût de bouchons, Lyon, les villes françaises et l’équation automobile ».

Il existe selon lui « une concurrence » entre les différentes solutions d’accès à Lyon :

« Les tunnels lyonnais sont tous gérés par le Grand Lyon, et il peut y avoir des logiques de concurrence et de répartition de la charge. Il y a un intérêt pour le Grand Lyon à ce qu’il y ait plus de monde sur TEO, d’autant qu’il est payant et qu’il était sous-exploité.

A l’époque où ce tronçon a été construit, il a suscité énormément de polémiques et de mobilisation (contre son coût notamment, ndlr). En tout cas, s’il pouvait devenir une des solutions de report les plus importantes, ça arrangerait tout le monde. »

Découragement jusqu’à Garibaldi

Autre solution : opter pour le train. Puis prendre les transports en commun. Bernard Rivalta, président socialiste du Sytral (l’instance régulatrice des transports en commun lyonnais), a récemment déclaré sur le site lyonmag qu’il allait tout mettre en œuvre pour répondre à la demande. Il n’a pas manqué de préciser, en forme de message envoyé en direction de Gérard Collomb, que tout cela allait lui coûter un petit paquet.

Selon Sébastien Gardon, les habitudes pourraient changer :

« Pas sûr que ce soit avec des visées écologistes, mais cette situation va forcément pousser les gens à réfléchir à leur mode de déplacement. »

Avec la fermeture du tunnel de la Croix-Rousse, c’est en fait un très long axe qui est désormais condamné. La topographie lyonnaise fait que l’Ouest est bloqué. A la fermeture du tunnel de la Croix-Rousse, s’ajoute un chantier très important sur l’avenue Garibaldi. Sébastien Gardon décrit la course :

« Garibaldi était l’un des débouchés évidents du tunnel de la Croix-Rousse, à la suite de la rue Duquesne. En réalité, on avait une véritable rocade en ville : tunnel de la Croix-Rousse/Garibaldi, qui ne sera plus du tout opérante. Cela va se rajouter au découragement des automobilistes pour tenter d’aller dans le centre. »

Travaux, bouchons : la fin du monde annoncée ?

Le tunnel de Fourvière constitue l’une des autres solutions, gratuite contrairement à TEO. Seulement, les embouteillages et ralentissements à ce niveau sont déjà très importants.

« Même bouchonné, ça reste une solution presque pratique pour faire Ouest de Lyon-centre de Lyon. »

Le renoncement total de la voiture en ville, ce n’est donc pas pour aujourd’hui. Le Grand Lyon a remis le paquet sur son site de covoiturage. Ce qui a donné l’occasion à Christophe Geourjon, élu d’opposition de Gérard Collomb et (sans doute) futur adversaire en vue des municipales, de railler cette proposition. Trop tardive, pas suffisamment mise en avant. « Le covoiturage mérite mieux qu’une communication d’opportunité et quelques applications pour smartphones », lance ce conseiller municipal et conseiller au Grand Lyon du groupe centriste UDI, sur un mode publicitaire.

Dans l’esprit de Sébastien Gardon, on peut tout à fait envisager que ce ne soit pas « la fin du monde annoncée » :

« Depuis 10 ou 15 ans, le tunnel de la Croix-Rousse est régulièrement fermé pour des travaux, pendant une nuit, ou sur quinze jours… Cela fait partie de l’affichage régulier, on a l’habitude d’arrangements ponctuels. »

*Sébastien Gardon est co-auteur du blog Mobile Home sur Rue89Lyon.


#Croix-Rousse

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