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Centrifugeuse de visionnage, épisode 6

Dans une galaxie pas du tout lointaine, les chroniques des dernières choses vues luttent contre l’empire. Well, sort of.

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Moi, député de Jay Roach

Depuis la fin de l’épopée Austin Powers, Roach est devenu le spécialiste des téléfilms politiques prestigieux sur HBO – je vous conseille chaleureusement Game Change, sur l’arrivée tonitruante de Sarah Palin (jouée par la grandiose Julianne Moore) dans la campagne présidentielle de John McCain (un étonnant Ed Harris). Du coup, il semblait l’homme idéal pour mettre en images ce projet de la team Gary Sanchez Productions, responsable des meilleurs films de Will Ferrell et de la géniale série Eastbound & Down. Malheureusement, ce que Jay Roach a gagné en aisance et en efficacité dans sa mise en scène, il l’a perdu en timing comique. Et sur ce projet, construit autour de l’hilarant antagonisme entre l’arrogant Will Ferrell et l’ingénu Zach Galifianakis, ça ne pardonne pas. Jusqu’à sa conclusion en forme de lourd clin d’œil à Capra, le script est pourtant plutôt bien charpenté, dosant à égales mesures les énormes références à l’actualité politicienne américaine récente (de fait totalement opaques pour les non-initiés) et les passe-plats royaux pour le duo d’interprètes. Mais pour véritablement emporter l’adhésion et, osons les grands mots, faire sens sur le creux lamentable et les opportunismes de la classe politique, Moi, député aurait eu besoin de partis pris artistiques plus affirmés. Et surtout, que les acteurs soient au service du film, et non l’inverse…

David et madame Hansen d’Alexandre Astier

Attendu comme le loup blanc sur la conclusion cinématographique de Kaamelott, Alexandre Astier prend son monde à rebours avec ce tout, tout, tout petit film. D’où frustration, colère, rage, chute de cheveux, accouchements prématurés en pleine rue, ou pas loin si l’on lit certaines critiques. Oui, l’intrigue comme la mise en scène manquent cruellement d’ampleur (ne SURTOUT PAS s’amuser à comparer le dénouement avec Ne vous retournez pas de Nicolas Roeg), mais bordel de merde les gens, qu’est-ce qui séduit le plus chez Astier ? Les dynamiques d’interactions entre les personnages, bien sûr. Ici, le brillant homme-orchestre réduit certes le champ de ses ambitions, mais il tente l’audacieux pari de développer une partie de reniflage de culs d’une heure et demie, dont les règles n’arrêtent pas de changer, tout en laissant de côté son sens acerbe de l’ironie défaitiste. Et il y parvient, même s’il ne s’agit que d’une toute, toute, toute petite réussite.

A perdre la raison de Joachim Lafosse

A priori moins percutant que son glaçant Elève Libre, le nouveau film de Joachim Lafosse lamine plus subtilement sur la distance, dans un jeu d’empathie piégée autour de ses différents personnages. L’inconfort des situations se dilue dans des ellipses temporelles déstabilisantes, mais imprime chaque nouvelle séquence, en une accumulation pernicieuse d’éclats anti-spectaculaires. Quand le dernier acte se resserre autour de sa figure de mère dépressive, la performance d’Emilie Dequenne fascine autant qu’elle met mal à l’aise. Passée l’effroyable conclusion, mise en scène de la plus parfaite façon, on se relève groggy, secoué jusqu’au vertige, les pattes cassées. De touts façon, un film qui parvient à vous faire chialer sur du Julien Clerc mérite le plus profond respect.

Naked Soldier de Marco Mak

Tous les dix ans, Hong Kong nous offre l’un de ces produits putassiers, calibrés autour de mystérieuses tueuses à gages orphelines abusant de leur charme pour occire leurs victimes. Après le superbement ringard Naked Killer (1992) et l’halluciné Naked Weapon (2002), voici ENFIN le troisième volet de cette saga qui crie ton nom, racolage. Emballé par un tout petit tâcheron, Naked Soldier sombre dans la routine procédurière et pantouflarde, et lisse son image avec la présence de Sammo Hung dans l’un des rôles principaux. Même quand il laisse exploser sa légendaire misogynie en tabassant une pauvre agente venue pour le tester, le flic de Shanghai n’est plus la moitié de l’homme qu’il était. Il cachetonne, et ça se sent. Quant au pauvre Anthony Wong, contraint de lever la jambe dans l’ultime climax pourri du film, sa présence s’avère plus gênante qu’autre chose. La réalisation est à la ramasse, le script débile, les scènes d’action grotesques. Le seul “intérêt“ du film réside dans l’un de ses personnages secondaires, un chef de gang kickboxer et gay comme un pinson : bravo Hong Kong, ta vision des homosexuels dans ton cinéma d’exploitation n’a pas évolué depuis le personnage joué par Simon Yam dans Full Contact. Pour mémoire, c’était quand même en 1992…

Black Ransom de Wong Jing

Parlons-en, de Simon Yam. Depuis 2010, cette gueule indissociable des meilleures évolutions du polar hongkongais est comme en préretraite, et ce n’est pas ce machin mollasson signé par l’admirable escroc Wong Jing qui risque de prouver le contraire. Au diapason de son personnage de flic has-been, Simon traîne des pieds, et fait avancer l’intrigue toutes les vingt minutes, quand le temps devient vraiment trop long. Trop tard : au bout d’une heure, l’apathie emporte tout sur son passage.

 


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