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Vous avez perdu quelque chose ? Il est peut-être aux objets trouvés

« Je suis sûre de l’avoir paumé, dans le métro. Enfin je crois. » Où est le bidule ? Peut-être une chance de le trouver, au service des objets trouvés, qui centralise les machins de tous horizons (ou presque). Nous sommes allés visiter cette caverne d’Ali Baba.

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Au fin fond du 9e arrondissement de Lyon, se cache une véritable malle aux trésors. Il s’agit du service des objets trouvés de la Ville, qui regroupe dans un grand entrepôt les différents biens récupérés depuis un an. En traversant les rayons, classés par date d’arrivée, on peut deviner des vêtements, des sacs, des pochettes de documents en tous genres, des ballons, des poussettes, des trottinettes, des montagnes de clés… Et quelques perles rares. Comme un renard empaillé. Hyper effrayant.

« On ne sait pas trop d’où il vient, confie Fabrice Garnier, le responsable du service. Quelqu’un a dû oublier ça sur un trottoir lors d’un déménagement ou on a tout simplement cherché à s’en débarrasser… »

 

 

 

Crédit photos : Leïla Piazza

Une saisie de la Fête des Lumières

Un peu plus loin, au fond du local, le coin est occupé par deux appareils encombrants : l’un sert à faire des Barbapapa et l’autre à griller des marrons. Question qui nous brûle les lèvres : comment peut-on perdre des ustensiles pareils ?

« Cela n’a pas été perdu… Cela a été saisi par les forces de l’ordre lors d’une fête des Lumières. Et je ne sais pas comment, ça a atterri ici par hasard. Le problème c’est qu’à partir du moment où c’est rentré chez nous, on est obligés de le garder, » révèle Fabrice Garnier.

A côté d’un chariot avec l’équipement complet du joueur de golf (« sans doute le syndrome de l’oubli à côté de la voiture », nous dit-on), trônent des dizaines de vélos. Mais attention, pour récupérer un vélo, hors de question de rentrer dans le local les voir. Pour éviter les « petits malins », le service demande une description exacte de l’engin, voire un justificatif d’achat. Et petite astuce en prévision d’un vol ou d’une perte de son vélo : « Ce que peu de gens savent, c’est qu’il y a un numéro de série inscrit en dessous du pédalier », poursuit-il.

 


« A la recherche des clés ». Un reportage de Frédéric Martin.

 

Le désespoir du doudou

Et puis, il y a les objets communs, ou du quotidien, que les gens sont bien contents de retrouver :

« Les cas les plus désespérés, c’est pour les doudous. L’enfant n’a pas dormi depuis trois jours. Les parents sont prêts à venir en courant de l’autre bout de la ville. Une dame est même venue nous voir il y a deux ans pour écrire un livre sur les doudous et pour voir là où ils terminaient souvent leur vie. »

 

Boulot de policier

Si le hangar du service est si rempli, c’est qu’il est alimenté par une multitude de structures.

«  Les objets que l’on récupère viennent principalement des TCL. Ils nous livrent une fois par semaine, le mardi. Un agent est chargé de passer dans les dépôts TCL et de tout centraliser. »

Mais les agents du service objets trouvés peuvent aussi compter sur les mairies, les universités, les centres commerciaux et grandes surfaces, ainsi que la police municipale, pour alimenter le stock.

« Il y a aussi la Poste, qui nous envoie un colis quasiment tous les jours, ajoute Fabrice Garnier. Il y a beaucoup de cartes bleues. Et tous les objets qui ont été perdus dans les locaux, notamment dans les photocopieuses. Ou alors, il y a les gens qui ont le réflexe de poser les documents qu’ils trouvent dans la rue dans les boites aux lettres de la Poste. »

En revanche, pour un bien perdu dans un aéroport, dans un train ou dans une gare, pas la peine de contacter le service de la ville. Les aéroports et la SNCF ont leur propre service objets trouvés.

« La police nationale aussi nous ramène des choses. Mais seulement une fois par mois. En fait, depuis la loi Pasqua de 1995, ce sont les mairies qui sont responsables des objets trouvés. Avant c’était la police nationale. Et du coup, beaucoup de gens ont encore le réflexe de venir au commissariat déposer les choses qu’ils trouvent. Alors les policiers nous les ramènent ».

Au final, ils sont quatre, deux policiers municipaux et deux agents de la ville de Lyon, à traiter entre 50 et 60 objets qui rentrent chaque jour.

 

« Vous avez fouillé dans mon sac ? »

Et si les sources d’alimentation du hangar sont multiples, ce n’est pas l’anarchie pour autant. Bien au contraire.

« Chacun de ces organismes tient son propre registre, avant de nous ramener les objets. Et quand ils arrivent, nous repointons. Il n’y a rien d’invisible. »

Tout est précieusement analysé, fouillé, pour retrouver la trace du propriétaire.

« On cherche. Quand un sac arrive par exemple, on le fouille de A à Z. Et lorsqu’on trouve un nom ou une adresse, on écrit aux gens. Parfois lorsqu’une dame vient récupérer son sac à main elle demande : « mais vous avez fouillé ? » C’est délicat. On n’est pas là pour rentrer dans la vie des gens. Mais on essaie de trouver des noms. »

Et lorsqu’il est impossible d’identifier le propriétaire, cet examen renforcé permet de noter dans un registre informatique toutes les caractéristiques du bien.

« On tient des registres, avec une description très précise des objets. Comme ça c’est plus simple. Quand on nous appelle, on peut retrouver facilement les objets sur l’ordinateur, grâce à la description. Et puis comme ça on est sûr que tout ce qui rentre ressort. Il n’y a rien de fantôme. »

Pour la plupart des objets, on peut appeler, ou remplir un formulaire sur internet, en précisant les caractéristiques les plus précises possibles pour faciliter l’identification. Pour certains objets de valeurs, comme les téléphones portables, le numéro IMEI du téléphone sera demandé. De la même façon, pour récupérer des papiers d’identité, il sera demandé de présenter une autre pièce d’identité ou une déclaration de vol ou de perte.

 

Ca vient mais est-ce que ça repart ?

S’il n’y a rien qui disparaît, le responsable du service reconnaît que seuls 30 à 40 % des objets sont restitués à leurs propriétaires. Et pour le reste ?

« Ca ne finit pas dans notre poche, précise Fabrice Garnier. On garde les choses un an. Puis, on trie. Tout ce qui peut être vendu est remis au commissaire priseur du service des domaines, qui dresse un procès verbal. Et ils sont revendus aux enchères de l’Etat. Et on remet les vêtements au foyer Notre-Dame des sans-abris. »

Parfois, quelques honnêtes gens ramènent directement des biens au service. C’est assez rare, mais Fabrice Garnier raconte même qu’il arrive, en général une fois par an, que quelqu’un ramène une somme d’argent, trouvée dans la rue, toute seule, sans portefeuille. Mais la plupart du temps il s’agit de biens plus classiques.

Dans ce cas, la loi prévoit de les récompenser. En effet, lorsque celui qui est appelé un « inventeur » rapporte un objet trouvé, un récépissé lui est remis. A l’expiration d’un délais fixé en fonction du type d’objet, si personne n’est venu le réclamer, alors l’« inventeur » peut, s’il le réclame, en avoir l’usage.

« On a aussi beaucoup de propriétaires qui veulent remercier l’« inventeur », qui a rapporté leur bien. Mais assez souvent, les gens ne veulent pas donner leur nom de peur d’avoir des problèmes, notamment quand il s’agit d’un porte-feuille et qu’il peut éventuellement manquer de l’argent. »


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