Une précédente manifestation avait eu lieu le dimanche 17 juin dernier, place Jean Macé dans le 7e arrondissement de Lyon. Un rassemblement qui avait mobilisé de nombreuses associations, ainsi que l’université Lyon 2 où l’étudiante en infocom est inscrite.
Partie en Turquie en juin 2011, dans le cadre d’un échange universitaire Erasmus, la jeune femme de 20 ans est accusée de liens supposés avec le parti du Front de libération du peuple révolutionnaire (DHKP-C), une organisation d’extrême gauche jugée « terroriste » par les autorités d’Ankara. Elle risque jusqu’à 12 ans de prison.
Sinem Elmas, une des responsables du comité de soutien et amie d’enfance, souhaite attirer l’attention des pouvoirs publics sur la situation de la jeune étudiante :
« Nous voudrions obtenir le soutien officiel du Conseil de l’Europe pour faire avancer ce dossier. D’ailleurs, nous attendons aussi le soutien des autorités françaises qui, pour le moment, ne se sont pas beaucoup manifestées, alors que Sevil est française. »
Née en France de parents turcs, Sevil Sevimli possède la double nationalité. Mais pour les autorités d’Ankara, qui ne reconnaissent pas les binationaux la jeune femme est une ressortissante turque, ce qui complique la tâche des autorités françaises.
Un mince espoir subsiste toutefois car le consulat de France a reçu l’autorisation de lui rendre visite, malgré ce statut particulier.
Pourtant, son avocat turc, Ahmet Kiraz, présent lui aussi à la manifestation, est sceptique quand à une éventuelle libération dans les semaines à venir :
« Si cette affaire n’est pas suffisamment médiatisée, Sevil sera rapidement oubliée. Nous avons déjà eu un faux espoir vendredi dernier et nous attendons toujours une date de procès. ».
Depuis le 17 juin, et dans l’attente d’une éventuelle évolution de la situation, la mère de la jeune femme, Sinem, s’est installée avec ses deux plus jeunes enfants, à proximité de la prison d’Eskişehir. Et pour elle « qui la voit le mercredi derrière une vitre », la santé de sa fille est alarmante :
« Sevil a besoin de soins. Elle est fatiguée et surtout très déprimée. Les conditions de détention sont mauvaises du point de vue hygiène. Elle a très peur ».
Dans cette affaire, la cour d’assises à compétence spéciale d’Ankara a décidé de la «confidentialité» du dossier comme le permet la loi antiterroriste de 2006 (Terörle Mücadele Kanunu). Une loi très critiquée par les organisations de défense des droits de l’homme. La mère de Sevil en appelle donc au Parlement européen pour débloquer la situation de sa fille :
« Nous avons besoin d’appuis politiques forts au niveau européen pour la sortir de cet enfer. »
En Turquie, pays qui souhaite rejoindre l’Union européenne, plus de 700 étudiants turcs auraient été emprisonnés depuis 2010, selon des organisations étudiantes. La majorité d’entre eux, arrêtés au cours de manifestations contre le gouvernement ou Conseil supérieur de l’enseignement (YOK) sont généralement accusés d’appartenir au mouvement séparatiste kurde du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) ou à des organisations clandestines d’extrême gauche.
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