Une querelle de voisinage que même M6 aurait bien du mal à régler. L’horticulteur de Saint-Vulbas cultive des plantes vertes et lutte aussi contre le projet de son voisin EDF, l’ouverture d’un bunker de déchets nucléaires au sein de la centrale du Bugey. Mais voilà qu’il vient de recevoir du tribunal administratif un courrier lui stipulant un recours déposé par le voisin en question, EDF, qui veut faire annuler son permis de construire pour l’extension de ses serres… L’heure de la revanche ?
EDF n’a pas souhaité s’étendre. « Pas de commentaire » nous a lâché au téléphone le service de communication de la centrale nucléaire du Bugey qui, habituellement, n’est pas pingre et formule un nombre de phrases un tout petit peu plus important.
Sur ce dossier, ce sera silence radio. EDF a décidé d’attaquer le permis de construire des sociétés Roozen qui projettent d’étendre leurs serres avec, pour motifs juridiques résumés : la mauvaise insertion des serres dans le paysage et un problème écologique. EDF estime en effet, entre autres griefs, que l’entreprise, qui cultive pour l’essentiel des plantes vertes d’agrément, aurait dû fournir une étude environnementale sur les conséquences de son usage d’eau.
Vincent Lacroix, avocat de l’horticulteur, résume la situation en ces termes :
« C’est la réponse du berger à la bergère. Mais EDF qui s’inquiète du problème architectural et environnemental que pourraient constituer des serres, c’est l’hôpital qui se fout de la charité. »
Mais il est à peine surpris :
« Il n’y a rien d’illégal dans ce que fait EDF : ce ne sont pas des pressions inacceptables ; ce sont des représailles juridiques. Point. Le raisonnement est simple : vous avez fait annuler notre permis de construire, nous aussi on va vous embêter. »
Charlotte Mijeon, membre du réseau Sortir du nucléaire, est plus sévère :
« Le ressort énorme de la part d’EDF, c’est le reproche écologique. Avec ce recours contre un petit horticulteur qui fait face à la grosse machine, ils font vraiment faire preuve d’une mesquinerie incroyable. »
Les trois quarts de l’entrepôt Iceda sont construits de longue date, et plusieurs dizaines de millions d’euros ont déjà été investis par EDF. Prévu pour accueillir les déchets liés au démantèlement des vieilles centrales nucléaires, le projet doit faire face à plusieurs recours juridiques formulés contre sa réalisation, notamment pour le risque qu’il représente à se trouver en plein coeur d’une centrale en activité (celle du Bugey).
A Saint-Vulbas, on veut bien d’Iceda
Parmi les rebondissements juridiques liés à cette affaire, celui du 19 juin dernier est particulièrement mal passé auprès d’EDF. La cour administrative d’appel avait confirmé l’annulation du permis de construire d’Iceda. pour des raisons procédurales mais surtout d’urbanisme.
L’arrêt de la cour a mis en avant le fait que l’entrepôt ne répondait pas aux exigences du plan local d’urbanisme (PLU) de la ville de Saint-Vulbas, en n’étant pas lié à la seule activité de la centrale nucléaire mais à une activité nucléaire plus vaste. Mais le maire de Saint-Vulbas, commune qui bénéficie des retombées économiques de la centrale, a lancé une enquête publique en vue de modifier ce PLU. Et, à terme, de le rendre compatible avec Iceda.
Cette enquête publique sera close ce vendredi 20 juillet, « et chacun est libre de s’exprimer sur la question, qu’il soit habitant ou pas de la commune », tient à souligner Vincent Lacroix. Pour l’heure, l’horticulteur a stoppé ses projets de développement.
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