Sevim et Erdogan, les parents de Sevil Sevimli, devant une banderole appelant à la libération de leur fille
« Liberté pour Sevil ». C’est en scandant cette unique phrase que 350 personnes (selon la police) ont manifesté dimanche après midi en soutien à Sevil Sevimli. Accusée d’appartenir à une organisation terroriste d’extrême-gauche, cette étudiante lyonnaise franco-turque est incarcérée en Turquie depuis le 10 mai.
« Sevil n’est pas un cas isolé »
Peu avant le départ à 14h place Jean Macé (7e), de nombreux journalistes étaient présents pour suivre cette mobilisation, très médiatisée y compris en Turquie. Pour Dogan Düzgün, journaliste pour la chaîne turque YOL TV, l’arrestation de Sevil s’inscrit en effet dans un contexte de tensions nationales plus large :
« Les médias de notre pays en parlent, car Sevil n’est pas un cas isolé. Près de 700 étudiants sont actuellement emprisonnés en Turquie, ainsi qu’une centaine de journalistes ».
Arrêtée pour l’exemple ?
Parmi les manifestants, Ali Karababa, représentant de la Fédération Union des Alévis en France (FUAF), une branche de l’Islam se démarquant du sunnisme majoritaire en Turquie par une lecture moins dogmatique du Coran, dénonce les agissements de l’Etat turc :
« Sévil a des idées de gauche, c’est certain. Mais, en Turquie, tout ce qui est démocratique est assimilé à la gauche voire à du terrorisme comme c’est le cas ici. »
Une analyse partagée par Baram. Cet habitant de Villefranche est venu « en voisin » soutenir la famille Sevimli, installée à Belleville-sur-Saône :
« Sevil n’a pas organisé d’attentat, elle n’est coupable d’aucun acte violent. Son seul tort est d’avoir porté des idées différentes de celles du régime actuel. Elle a été arrêtée pour l’exemple, pour effrayer les autres étudiants ».
« Le droit de se montrer critique »
Autre personnalité de poids dans le cortège, Jean-Luc Mayaud, le tout nouveau président de l’université Lyon 2, où étudie la jeune fille :
« Notre université est présente pour attester que le parcours de Sevil est tout à fait normal et pour appeler à sa libération immédiate. Rien ne justifie son incarcération. Tout être humain a le droit de se montrer critique ».
Un peu plus loin, les parents de Sevil font le point :
« Depuis que le consulat de France à Ankara a effectué des démarches, le comportement des gardiens et le traitement réservé à Sevil se sont améliorés », explique Erdogan, le père de l’étudiante.
Sevim, sa mère, s’est rendue en Turquie la semaine précédente. « Un parloir est autorisé une fois par semaine », raconte-t-elle. « Je n’ai pu la voir qu’à travers une vitre et lui parler par téléphone uniquement ». Dès lundi, elle s’est à nouveau envolée pour la Turquie. Elle affiche sa détermination:
« J’y resterai jusqu’à ce que ma fille soit libérée. »
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