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A Lyon, une manifestation de « néofascistes » interdite par la préfecture

Emmenés par des nouveaux venus, « les autonomes », l’extrême droite nationaliste devait à nouveau défiler samedi après-midi dans le centre-ville de Lyon « contre la répression ». Mais le préfet en a décidé autrement. Et l’interdiction a été respectée.

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Manifestation de la mouvance nationaliste, à Lyon, le 14 janvier 2012, à l’initiative des Jeunesses nationalistes de Gabriac. Photo : Mickaël Draï

Ce vendredi après-midi, le préfet du Rhône, Jean-François Carenco, a interdit la manifestation qui devait partir samedi à 14h30 de la place Carnot (Lyon 2e) pour rejoindre la place Guichard (Lyon 3e). Raison invoquée ? « Les troubles importants que cette manifestation fait peser sur l’ordre public » (…) « compte tenu des débordements constatés lors des manifestations précédentes organisées par la même mouvance ».

Malgré cette décision, le Collectif d’organisations de gauche de « Vigilance contre l’Extrême-Droite »*  craignait, dans un communiqué, que les manifestants potentiels tentent malgré tout de se montrer dans les rues de Lyon :

« Habituellement, les manifestations de nationalistes autonomes ne tiennent pas compte des interdictions : il sera donc très difficile d’empêcher la tenue de celle-ci ».

Les nationalistes autonomes, nouveaux venus chez les « néofascites »

Pour la première fois à Lyon apparaît l’appellation d’ »autonomes ». Sur le flyer, la « manifestation nationaliste unitaire contre la répression » est « organisée par les « Autonomes lyonnais ».

Les nationalistes autonomes sont d’abord apparus en Allemagne au début des années 2000, puis en France, il y a quatre ans environ. Leur caractéristique principale, comme nous l’explique le politologue Stéphane François tient au fait qu’ils reprennent les codes des mouvements autonomes d’extrême gauche dans le cadre d’une idéologie néo-fasciste :

« Ils s’inscrivent dans la mouvance nationaliste-révolutionnaire, c’est-à-dire néofasciste. A l’instar des fascistes, ils promeuvent la violence de rue. Au niveau des codes culturels, ils sont surtout connus pour détourner ceux de la mouvance autonome, c’est-à-dire d’une frange de l’extrême gauche. Ainsi, ils reprennent le mode d’organisation des « black blocks ». Ils ont un côté contre-culturel et jeune. Leur drapeau noir détourne celui de la mouvance antifasciste et fait un clin d’œil au Front noir, un parti fondé au début des années trente par des dissidents du parti nazi, comme Otto Strasser, qui souhaitaient développer le côté « socialisant » du parti. En Allemagne, ils sont vus comme les descendants des SA. »

Le recrutement chez les hooligans de Gerland

Une des preuves de l’ascendant pris par ces nationalistes autonomes pour l’organisation de cette manifestation lyonnaise le 2 juin est le thème même de la mobilisation : « contre la répression ». Selon Stéphane François, c’est une pratique typique de cette mouvance. Il s’agit :

  • d’un détournement de leur part de la phraséologie d’extrême gauche
  • d’une volonté de faire passer des militants violents pour des victimes révolutionnaire de la répression policière.

Ce mot d’ordre n’est pas étranger à la volonté des autonomes de toucher le public du stade de Gerland, concerné par les interdictions de stade. Selon le Collectif Vigilance 69, « il semblerait que cet appel ait un écho dans les milieux hooligans nationalistes implantés à Gerland ».

Une famille nationaliste unie

La famille nationaliste lyonnaise compte donc un nouveau rejeton. Difficile toutefois de connaître pour le moment son activité réelle. Car pour organiser cette manifestation, les Autonomes ont eu besoin, a minima, du conseiller régional Alexandre Gabriac qui faisait partie des signataires du parcours, reçus à se titre par le préfet délégué pour la défense et la sécurité. A la sortie de l’entretien, il a publié sur facebook la décision de la préfecture.

Alexandre Gabriac, qui participe à trois micro-formations d’extrême droite : la sienne, les Jeunesses nationalistes, l’Oeuvre française et le GUD Lyon, qui a relayé l’information sur son blog.

Sa dernière apparition remarquée était en Italie pour la commémoration de la mort de Mussolini. Cette fois-ci, il arborait la chemise bleue de l’Oeuvre française et n’a pu s’empêcher de faire un salut fasciste.

Pour le politologue Stéphane François, il aurait y pu avoir également à cette manifestation des membres de Troisième Voie, mouvement fondé par un ancien skinhead, Serge Ayoub dont les nationalistes autonomes sont très proches :

« Premièrement, ils défilent ensemble lors de la manifestation des groupes radicaux qui lieu aux alentours des 8/9 mai de chaque année, avec la Nouvelle Droite Populaire, Terre et peuple, le Comité du 9 mai, les Jeunesses nationalistes, le GUD, etc (cette année la manif a eu lieu le 13 mai, ndlr). On les a vus de nouveau défiler ensemble lors de la manifestation à Lille, le 8 octobre 2011. Deuxièmement, ils ont des idéologies très proches, voire quasi-identique : un identique discours nationaliste et socialiste, une même culture des rixes de rues. »

Des promesses d’arrestations dissuasives ?

La préfecture avait prévenu : si des nationalistes étaient pris à se regrouper samedi place Carnot ou ailleurs, il y aurait des arrestations.
Sur Facebook, certains annonçaient qu’ils y « seraient », d’autres appelaient à une prochaine manifestation déjà prévue pour le samedi 23 juin, à l’initiative, cette fois-ci, des Jeunesses nationalistes de Gabriac, avec pour thème « la révolte des Souchiens ». Sur le Facebook des étudiants du GUD de Lyon, on peut ainsi lire :

« Manifestation interdite par le préfet demain… Nous appelons nos militants et sympathisants à rester mobiliser et à venir nombreux le 23 Juin à Lyon pour la manifestation organisée par les Jeunesses Nationalistes. On ne se laissera pas bâillonner ! »

Samedi, aucun regroupement de nationalistes n’a été remarqué dans le centre-ville de Lyon. Peut-être que, place Carnot, là où devait débuter la manifestation, la présence d’une trentaine de camionnettes de CRS massée a eu un effet dissuasif.

*Collectif 69 de Vigilance contre l’Extrême-Droite : MFPF, RESF, CGA, CNT, Sud éducation, Solidaires, la CGT vinatier et CGT éducation, CRASS, PG, le PIR, NPA, GU, PS, PCF, SOS Racisme, LDH, le CRI, UJFP, Les Voraces, La Rafal, Résistance Citoyenne Ouest Lyonnais, Ras l’Front, MRAP, Jeunes Ecologistes 

> Article mis à jour le samedi 2 juin à 17h


#Extrême-droite

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