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L’entarteur de Raffarin condamné : 400 euros la chantilly

L’entarteur de l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin comparaissait ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Lyon. Romain, 24 ans, poursuivi pour « violence avec arme » a voulu donner une version politique et quasi poétique de son geste, quand le procureur beaucoup moins amusé a demandé sa requalification en « violence avec préméditation ».

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Romain, « terroriste pâtissier » de 24 ans comme il aime à s’appeler, avait jeté une assiette en carton pleine de chantilly sur Jean-Pierre Raffarin, en février dernier à Lyon, alors que l’ex-ministre se rendait à la signature de son livre « Je marcherai toujours à l’affectif ». Il n’avait pas porté plainte. L’étudiant en anthropologie avait toutefois fini par être interpellé le 27 avril dernier.

Jugée en CRPC (comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité) selon la procédure du plaider-coupable, pour « violence avec arme », Romain avait refusé la proposition du parquet considérant son geste comme pacifique, artistique et humoristique . Son avocat, Sylvain Cormier, aurait voulu faire requalifier les faits en simple « violence ».

Mais c’est finalement pour « violence avec arme » que Romain s’est présenté devant le tribunal correctionnel ce mercredi, pour un procès marqué par une surprise concoctée par le procureur de la République.

Requalification pour « violence avec préméditation »

Dès le début de l’audience, le procureur est intervenu pour demander la requalification des faits en « violence avec préméditation ». Ce qui n’a pas manqué de faire réagir Sylvain Cormier :

« Cette demande n’est pas acceptable. Nous venons ici comparaître pour « violence avec arme ».

En bon disciple de l’entarteur belge Noël Godin, Romain a revendiqué son acte comme étant « une façon de rentrer dans le débat politique » :

« Je n’ai pas fait ça dans l’intention de faire du mal ni dans le but d’humilier. Mon geste est artistique. C’était une façon d’attaquer l’image politique et médiatique de Raffarin et de son parti. Ce n’est pas une violation morale. Ce n’est pas un acte violent. C’est un acte de désacralisation politique comme à l’époque romaine où le bouffon disait au roi : « Rappelle-toi, tu es un homme comme tout le monde. » »

Mais au regard du procureur, Romain s’est défendu « de façon peu crédible » :

« On a bien du mal à suivre ses explications. On a bien à faire à une « violence avec préméditation » voir même à une « violence commise en réunion » car ils étaient plusieurs. Cet acte est navrant Si on veut rentrer dans le débat politique, on se bat sur le terrain des idées. Cet acte correspond à un gamin de 12 ans et non de 24 ans. Je demande donc deux mois avec sursis. »

 

« Une justice VIP »

Sylvain Cormier est resté atterré. Pour lui, le parquet, qui a donc requis une peine de deux mois avec sursis, a changé son fusil d’épaule « à la dernière minute », essayant « de se raccrocher aux branches ».

« Cette procédure est disproportionnée. Et cela parce que Monsieur Raffarin est connu. Nous sommes devant un droit pénal VIP. Que l’on soit anonyme ou connu, les réactions du parquet sont bien différentes. Raffarin n’a eu aucun dommage physique. Heureusement que vous avez abandonné la notion « d’arme ».

Mais je tiens aussi à rappeler que ces accusations sont une atteinte à la liberté d’expression. Vous allez transformer la vie civile en paranoïa complète. Les deux mois avec sursis sont délirants. Ces poursuites elles-mêmes sont une sanction horrible et traumatisante pour quelqu’un qui est pacifiste. Qu’est-ce qu’il va faire avec un casier où il est écrit « violence avec préméditation » ? Il dira : « Ah bah j’ai balancé de la crème chantilly ! » Ce genre d’accusation est un poison pour la société future. »

Pour conclure, Romain qui se définit aussi comme un « penseur libre » a tenu à rajouter :

« J’ai fait ce geste comme à l’époque de Charlie Chaplin. C’est un jeu sur l’image pour susciter la réflexion chez les gens. »

Une « condamnation hors de proportion »

La décision a été rendue dans la foulée de l’audience : Romain a été condamné à une amende de 400 euros. Une demi-satisfaction pour son avocat qui confiait à la fin du procès :

« L’amende me paraît encore trop sévère pour une affaire comme celle-là. Ce genre d’accusation est hors de proportion. C’est hors de proportion car maintenant tout le monde risque d’être accusé pour « violence avec préméditation » Même les caméras cachées risquent des poursuites pénales.»

Dans le hall du tribunal, Romain, soutenu par ses acolytes du collectif Al Quaïtarte se dit malgré tout « content » :

« Cette condamnation pose la question de où commence la violence ? J’ai fait ça car je réfute les conventions de cette société de contraintes dans laquelle on vit. »

Pour lui, aujourd’hui, pas question de récidiver.


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