Ecologiste convaincu, à 22 ans j’ai voté pour la première fois aux élections présidentielles. A l’annonce des résultats et du score de notre challenger Eva Joly, je n’ai pas pleuré ni sauté de joie. Ce matin, j’ai le sourire car je crois en des idéaux et des valeurs. Je ne prétends pas pour autant que cette solution est LA solution… L’Ecologie est une solution.
Il est des vérités que l’on ne peut cacher : je souhaite que Nicolas Sarkozy ne soit plus au pouvoir. Nicolas Sarkozy et aussi toute sa bande de joyeux lurons qui se sont bien amusés pendant 5 ans et qui m’ont souvent donné honte. Oui, j’ai eu honte d’appartenir à ce pays qu’est la France, d’être représenté par des individus bafouant l’éthique politique et la dignité de l’Humain. Pour moi, l’exemple le plus cinglant et le plus significatif est la circulaire du 31 mai 2011.
Dans une République essoufflée et en retard dans sa représentation effective de la démocratie, bien que les projets de la droite ne me conviennent guère, je ne peux m’en remettre à François Hollande et au Parti Socialiste. Parce qu’il est une chose que l’on oublie trop souvent : le PS n’est pas LA Gauche. Cette dernière est une grande famille dont les courants sont tout aussi diversifiés qu’il y a de nuances sur un spectre de couleurs. J’ai du respect pour les valeurs sociales que nos camarades socialistes partagent. Nous nous retrouvons sur ces fondamentaux entre militant-e-s. Néanmoins, cela demeure insuffisant…
« EVA JOLY A TENTÉ DE PROPOSER UN PROJET CONCRET, CREDIBLE ET DURABLE… »
Face à un sérail de femmes et d’hommes politiques en décalage avec les vraies réalités économiques et sociales, la machine politique française est en panne pour proposer de manière crédible un projet concret, crédible et durable. C’est pourtant ce qu’a souhaité porter Eva Joly, la candidate écologiste, tout au long du premier tour. Mais ce fut peine perdue tant la communication même du parti ne fut pas claire et que les média ont tout fait… sauf de parler du projet alternatif écologiste proposant un vrai changement de société.
Nous touchons très précisément l’élément générique qui ne me fera pas voter pour le candidat socialiste : ce changement duquel il se réclame, quel est-il ? Je ne le vois nulle part. Si rompre avec la politique (faussement) sécuritaire de Nicolas Sarkozy, de même qu’avec l’arrêt de la casse du service public français, parler de changement semble fort tant cela paraît une nécessité. Il est donc manifeste que prôner le « changement », c’est apporter des éléments nouveaux au fonctionnement d’une société en perpétuelle quête de repères.
Ce sont aux comportements qu’il faut insuffler un changement. Cela ne sous-entend pas d’obliger de devenir comme le pouvoir politique le souhaiterait mais la première étape passe par une véritable prise en main à la fois individuelle et collective des enjeux de demain. Parler de la crise économique nécessite alors de la lier à la crise écologique. De ce fait, c’est un modèle de société qu’il convient de fonder.
Sortir des sentiers battus, voilà une démarche qui ne peut pas appartenir au PS de 2012 tant ce parti est immobile, jouant le jeu d’un statut quo constant. La poursuite du productivisme sans remettre en cause ses fondements destructeurs et inégalitaires n’est pas compatible avec une remise à plat du système économique et social proposé par les écologistes.
Le nucléaire sera un enjeu de la décennie qui se dessine et là encore socialistes et écologistes ne sont pas d’accord : les premiers souhaitent « sortir du tout nucléaire » d’ici 2050, donc en garder une grande part (50%) tandis que les écologistes préconisent une sortie complète du nucléaire à l’horizon 2030 par un recours effectif et efficace aux énergies renouvelables. En effet, si nous voulons êtres compétents dans ce domaine, les investissements se doivent d’être réalisés en faveur de la recherche et de la mise en place de ces énergies alternatives (éolien, solaire, hydraulique, biomasse, géothermique etc.). Les EnR dépassent un simple changement de sources d’énergie. Il s’agit d’une modification profonde dans notre rapport aux consommations dans leur totalité. Enfin, c’est également l’expression d’une pratique politique renouvelée pour une société véritablement décentralisée.
« AU SECOND TOUR, JE VOTERAI EVA JOLY… »
Aussi, pourquoi ne pas voter Hollande ? Parce que personnellement, individuellement, je refuse l’idée selon laquelle les partis politiques seraient propriétaires des voix qu’ils reçoivent et qu’il faudrait alors suivre comme le troupeau les « consignes de vote ». Au deuxième tour, je voterai en conscience, en rapport à mes convictions ! Ces convictions dépassent le cadre d’une simple défense de la cause écologiste au premier tour des élections présidentielles. C’est en particulier la dénonciation d’un système électoral présidentiel archaïque et la volonté que la politique cesse de se décider dans les cabinets ministériels mais bel et bien au Parlement !
Je sais donc pour qui je vais voter ce dimanche 6 mai 2012. Le plus naturellement possible et parce que cela fait sens, je voterai Éva Joly. Non pas que je sois mauvais joueur ou mauvais perdant, mais parce que je ne me retrouve que peu dans le projet porté par François Hollande et que je défends le vote blanc aujourd’hui non pris en compte. En effet, que l’on mette dans un bulletin un vrai vote blanc, un morceau de chewing-gum, un dessin personnalisé ou tant d’autres choses issues directement de notre imagination, le résultat est le même : sa comptabilisation est « nulle ». De fait, ce second tour sera pour moi l’occasion de revendiquer ce vote blanc, mais de m’opposer plus largement au principe de cette élection présidentielle au scrutin majoritaire à deux tours.
« OUI, SORTONS DU SARKOZYSME ! »
Mais je sais bien qu’en écrivant ces quelques lignes, je fais bondir certain-e-s de mes ami-e-s écologistes. Et pourtant il y a méprise… Je ne souhaite pas tirer dans les pattes de la gauche qui se doit de l’emporter le dimanche 6 mai.
Oui, sortons du sarkozysme ! Par contre, François Hollande et le PS doivent prendre en compte les écologistes. Le mépris serait une grave erreur… Une erreur car nous avons déjà fait de nombreuses concessions et cela depuis des années (on nous le reproche assez souvent !). Encore une fois cela participe à montrer combien il n’est que peu normal que l’on pense la politique à travers le prisme président/gouvernement au lieu de celui du Parlement. C’est au Parlement de dégager des assemblées représentatives, justes et ainsi démocratiques. C’est au Parlement de définir et d’orienter la vie politique du pays !
Ainsi, mon vote, à la différence de beaucoup, ne sera pas un vote de contestation, un vote « contre » ou par défaut, mais bel et bien un vote « pour », celui d’un espoir de changement à la fois institutionnel et sociétal. Pour qu’enfin un jour, l’élection présidentielle soit vectrice d’une vraie démocratie, changeons de formule !
Chargement des commentaires…