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Poutou à Lyon : « dégager Sarkozy, c’est le minimum syndical »

Quasi invisible. Il fallait le savoir, que Philippe Poutou, candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), tenait un meeting ce jeudi soir à Lyon. Il aura réuni toutefois entre 200 et 300 personnes, qui ont écouté l’ouvrier chez Ford les inviter à mener « la mobilisation populaire » dans la rue, puisque, il le dit lui-même, il n’a « aucune chance d’être élu ».

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Crédit photo :LE PROGRES/PHILIPPON JOE

« On a déposé 572 parrainages au conseil constitutionnel ». Il en est fier. Philippe Poutou s’est dit satisfait d’avoir passé « ce barrage antidémocratique » des 500 signatures parce que, bien obligé de jouer à un jeu qu’il dénonce par le même temps, le candidat voit là une légitimité du projet NPA et une reconnaissance de la part des élus. « Le NPA n’est pas mort », conclue-t-il.

Le candidat qui a remplacé Olivier Besancenot a ainsi élaboré son discours sur plusieurs axes. S’il dénigre les professionnels de la politique qui n’ont « aucune idée des réalités du peuple », Philippe Poutou n’a rien à leur envier sur sa capacité à faire adhérer un public à son discours. Dans la salle Victor Hugo, les gens ont beaucoup ri. Le candidat à l’allure d’acteur de cinéma, a habilement démarré son meeting par la thématique féministe, recueillant hilare (« ah, je le savais ») les applaudissements de la salle.

Usant d’humour à bonne dose, se laissant aller à un ton « café du commerce » alterné avec la revue de presse des « derniers faits d’arme » du gouvernement actuel, Poutou maîtrise un style qui lui appartient, mais qui relègue à la dernière place le détail de son programme politique.

 

Le style « Poutou » (ou le programme du NPA)

Quand il parle d’un des principaux projets qu’il défend, « sortir du nucléaire en 10 ans », Philippe Poutou jure que c’est possible. « Des scientifiques l’ont écrit. » Et c’est tout.
Concernant l’emploi, le candidat du NPA voudrait que le temps de travail soit réduit : « tant qu’il y aura du chômage, il faut répartir le travail entre tous ». Et descendre éventuellement à 32 heures par semaine. Pour les retraites, l’âge de départ pour les métiers les plus pénibles doit être fixé à 55 ans.

La présentation du programme par Philippe Poutou a surtout consisté en l’exposition de positionnements assez attendus : après la voix féministe, il s’est quelque peu étendu sur la voix anti-raciste et la voix anti-impérialiste, opposée à toute forme de néocolonialisme, qu’il souhaite faire entendre. Il veut donc être le vrai « candidat du peuple », ironisant sur l’expression utilisée notamment par Nicolas Sarkozy :

« Tout le monde a essayé de dire qu’il était le plus proche du peuple. Ca a commencé au salon de l’agriculture, où ils ont caressé le cul des vaches. Puis ça a continué avec la tournée des usines. Là ils n’ont pas pu caresser le cul des ouvriers, ça ne se fait pas, mais ça revient au même. »

 

« Déposséder » le CAC 40

Après la liste détaillée des profits réalisés par les entreprises du CAC 40, Philippe Poutou a fini par parler de l’un des objectifs qui donne son nom au parti : déposséder les capitalistes.
« L’argent existe et il faut aller le chercher. (…) Il ne faut pas seulement taxer et s’attaquer aux capitalistes, il faut les déposséder d’au moins une partie du capital. On fait peut-être un peu les Robins des bois, mais ces richesses, il faut les remettre au service de la société. »
Il n’ira pas jusqu’à appeler à voter François Hollande, qu’il trouve trop conciliant et dont la politique « reste libérale », Philippe Poutou indique qu’à l’issue de cette campagne présidentielle, « dégager Sarkozy et toute sa bande, c’est le minimum syndical ».

 

Mélenchon, celui qui a la cote

C’est avec une certaine bienveillance que Philippe Poutou a parlé de Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche qui, contrairement à lui, rafle la mise médiatique et populaire, à la gauche du Parti socialiste. « Il attire plus que moi, ce con », lâche le candidat du NPA avec la satisfaction de voir des idées très à gauche être aussi bien diffusées :

« S’il y a une dynamique de ce côté-là, tant mieux. Mais il ne faut pas que ce soit pour remplir des salles de meeting, et faire chier François Hollande. »

Pas de rivalité, pas d’amertume (ce ne serait pas le genre de Poutou qui rit quand il évoque ses scores dans les sondages). Au contraire. Une envie de « s’allier » anime le candidat du NPA, qui évoque aussi Lutte ouvrière. L’idée étant de coordonner « les luttes », d’aller vers une « grève générale »… « Ca se joue dans la rue », estime Philippe Poutou, très peu importuné par le fait que, pour lui, ça ne se joue pas dans les urnes.


#Élection présidentielle

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