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Après les propos de Nicolas Hulot, qui a égratigné la campagne d’Eva Joly et n’a même pas réussi à lui promettre son vote, et ceux de plusieurs cadres du parti socialiste (dont le maire de Lyon, Gérard Collomb) remettant en cause l’accord signé avec les écologistes au vu des sondages qui les placent en queue de peloton, il s’agissait de faire le point.
L’enjeu : les élections législatives de juin prochain. En cas de score très faible d’Eva Joly au premier tour de la présidentielle, est-ce que le parti socialiste pourrait revenir sur le soutien qu’il apporte aux candidats écologistes dans plusieurs circonscriptions?
Sourire crispé, une pointe d’agacement dans la voix, Cécile Duflot a juré craché qu’elle était « sereine» :
« Moi j’ai surtout entendu les voix des dirigeants du parti socialiste, Benoît Hamon, Martine Aubry, Pierre Moscovici… Qui ont dit avec netteté qu’un accord est fait pour être respecté. Il y a des intérêts localo-personnels et je le comprends.
La parole de Collomb a quand même fait l’objet d’une variabilité significative. Je suis très sereine et j’ai les moyens d’être aussi sereine. »
Gérard Collomb dans le viseur
Philipe Meirieu, élu à la Région, a tenté un autre ton :
« Nous savons que nous avons perdu des électeurs, que ces élections ne nous sont pas favorables. Mais l’accord n’est pas lié à la conjoncture des élections présidentielles, mais à la force des idées écologistes. J’ai confiance dans la parole du parti socialiste. »
Et aux scores obtenus lors des élections passées régionales et sénatoriales, a tenu à rappeler Pascal Durand, porte-parole de la campagne écologiste :
« L’élection présidentielle ne résume pas la totalité de la vie politique d’un pays. »
Philippe Meirieu le sait bien, puisque son groupe à la Région a voté la semaine dernière contre le schéma régional « climat air énergie », pourtant élaboré par un écologiste, mais jugé insuffisant dans ses ambitions, et présenté par le président PS de Région, Jean-Jack Queyranne.
C’est entre autres pour ce type de positionnements que Gérard Collomb a exhorté l’ensemble de la fédération socialiste du Rhône à dénigrer la candidature de Philippe Meirieu sur la première circonscription, malgré l’accord national entre le PS et EELV.
Le meeting a d’ailleurs été l’occasion de décocher plusieurs flèches en direction du maire de Lyon, par le biais d’élus locaux écologistes. Mais la sortie la plus virulente a été signée par le porte-parole des éboueurs qui s’est présenté à la tribune en ouverture de meeting. Après des excuses pour les désagréments suscités par une grève de plusieurs jours menée dans le Grand Lyon, il a dénoncé à nouveau une « privatisation rampante » du service public de ramassage des déchets.
Eva Joly absente
Sa venue n’était pas programmée au meeting lyonnais d’Europe Ecologie les Verts de ce lundi à Lyon. « Ce qui est dommage, pour le seul et unique meeting d’Europe Ecologie Les Verts dans l’agglo », a regretté Aurélie, 27 ans, militante à Villeurbanne.
Mais après sa chute, Eva Joly ne se serait sans doute pas déplacée. Les personnes assises dans les gradins de la salle de concert ont toutefois scandé le nom de la candidate en début de meeting pour lui envoyer un message de soutien.
Si l’ambiance avait été bien installée par une fanfare cuivres et batterie, le meeting n’a pas fait carton plein. Une grande majorité des personnes réunies, 750 selon les organisateurs, pas plus de 500 selon notre comptage, ce lundi soir à Villeurbanne, terreau écologiste fertile de l’agglo, étaient des militants, arborant badge et drapeau verts.
La candidate aux élections présidentielles doit participer à un autre meeting dans la région, à Grenoble, jeudi prochain. Mais l’hématome sur son visage pourrait l’en empêcher. « Elle pourrait bien ne pas vouloir se montrer comme ça devant les caméras et les photographes, ce qui se comprend », a expliqué Pascal Durand.
Un sympathisant confiait hier soir qu’il doutait du casting, et qu’Eva Joly n’a peut-être pas été le meilleur choix. Repris par sa compagne, il a ajouté qu’il s’agissait surtout aujourd’hui de « ne pas lâcher», malgré les sondages prédisant un score situé entre 2% et 3%, et « de ne pas se laisser avoir par le vote utile ».
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