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Nora Berra accuse l’UMP de discrimination : elle “enclenche la machine à perdre”

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« J’ai l’audace d’avoir des parents qui viennent de l’autre côté de la Méditerranée. On m’a fait comprendre que mes origines pouvaient en effet poser un certain problème aux yeux de certains électeurs. » C’est en ces termes que Nora Berra a fustigé son parti ce matin sur l’antenne de RTL. Au sein de la fédération UMP du Rhône, on fulmine.

Nora Berra
Crédit photo : Mickaël Draï

La secrétaire d’Etat à la Santé, également élue municipale UMP à Lyon, brigue l’investiture sur la 4è circonscription du Rhône aux élections législatives, qui se tiendront en juin 2012. Historiquement tenu par la droite et a priori aisément gagnable, ce territoire fait l’objet de toutes les convoitises depuis que Dominique Perben a déclaré qu’il ne se représenterait pas.

Au sein de la fédération UMP du Rhône, où le choix d’investiture s’est porté sur Dominique Nachury, suppléante de Dominique Perben, les nerfs sont à vif depuis la sortie de Nora Berra. Dont l’attitude serait « granguignolesque », selon l’un des membres. Philippe Cochet, président de l’UMP du Rhône, tente de calmer le jeu :

« Ce sont des affirmations sans fondement. Les propos de Nora Berra ne sont en aucun cas le reflet de quoi que ce soit. La commission nationale se réunit mardi prochain pour désigner les candidats sur les circonscriptions et, la date approchant, les esprits s’échauffent ».

Nora Berra avait en effet d’abord montré des velléités sur la 3è circonscription, la presse en avait fait écho en avril dernier. Après la déclaration de retrait de la vie politique de Dominique Perben, c’est à sa suppléante, Dominique Nachury, que la fédération UMP du Rhône a voulu ouvrir la voie. Un sondage a été fait auprès des militants, en grande partie pour tester la candidature de Nora Berra. Dominique Nachury s’est retrouvée en tête, à nouveau.

« Ce ne sont que des éléments objectifs », insiste Philippe Cochet. La secrétaire d’Etat n’a pas dit l’inverse, finalement, ce matin à la radio (« On m’a fait comprendre que mes origines pouvaient en effet poser un certain problème aux yeux de certains électeurs »). Philippe Cochet martèle que Nora Berra a toujours été soutenue par l’UMP, qu’elle a été tête de liste aux élections régionales et poussée pour être députée européenne…

La figure de la diversité… sur un scrutin uninominal

Le problème se poserait donc pour le scrutin uninominal, pour lequel il semblerait plus compliqué de mettre en avant une seule et unique figure, issue de la diversité, quand les autres élections auxquelles Nora Berra s’est présentée jusqu’alors se jouaient sur une liste dans laquelle pouvait être placé son nom au milieu (ou en tête) d’autres.

Mais à la fédération du Rhône on ne veut rien entendre sur la question d’une discrimination « contrainte » par l’existence d’un électorat très conservateur. Nora Berra passe pour une ingrate, capricieuse :

« Elle se victimise. En ce moment, il y a plein de candidats qui mouillent la chemise et elle, elle perturbe le débat. Les militants en ont ras-le-bol. »

Un membre de l’UMP regarde du côté du camp adverse et glisse : « En face, il y en a une, qui s’appelle Najat Vallaud-Belkacem (candidate PS sur la 4è circonscription, Ndlr) et qui bosse. » La conclusion est rude :

« On est en train d’enclencher la machine à perdre ».

Najat Vallaud Belkacem, en campagne depuis quelques semaines déjà sur la 4è circonscription sans adversaire connu, commente :

« La discrimination sur les origines est une accusation trop grave. Pour tout dire, ça me déplaît profondément qu’on instrumentalise un problème si important dans la société française au profit d’un combat personnel. Lorsqu’on est ministre de la République de Nicolas Sarkozy, la discrimination par l’UMP… c’est un peu gros. Il y a beaucoup d’indécence dans tout cela. »

Pour la conseillère municipale socialiste, également porte-parole de François Hollande, l’adversaire idéale est aussi Dominique Nachury, avec laquelle elle imagine mener « une campagne de bonne tenue ».

 

La fille « indigne »

Au gouvernement depuis 2009, Nora Berra a été présentée comme un symbole de la « diversité ». A l’automne 2011, elle avait lancé son micro parti et l’ensemble de la droite lyonnaise s’était rendue à la petite sauterie organisée pour l’occasion, sur la péniche de la Plateforme. Michel Noir, ancien maire de Lyon et dernière grande gloire locale de l’UMP, s’était même montré.

La secrétaire d’Etat y avait longuement exposé sa biographie : née de parents algériens qui ont donné une « éducation rigoureuse » à leur onze enfants, elle est devenue médecin avant de travailler pour l’industrie pharmaceutique et de s’engager en politique. Elle avait aussi raconté qu’elle traduisait pour son père les discours télévisés du général de Gaulle. Il n’en aura peut-être pas fallu davantage à l’élue pour se sentir adoubée.

Se présentant ce matin comme une enfant exclue, devenue « indésirable », non « digne » de représenter son parti, Nora Berra a insisté sur son sentiment d’appartenance en répétant à plusieurs reprises les termes de « famille politique », sur l’antenne de RTL. Pas question pour elle de se désolidariser de Nicolas Sarkozy ni de se désavouer en tant que membre de son gouvernement :

« Je ne veux pas croire que les instances dirigeantes de ma famille politique puissent s’engager sur une ligne qui est contraire (…) à la ligne qui a été développée par le président de la République. »

La sortie reste étonnante de la part de la secrétaire d’Etat qui, jusque-là, n’a jamais voulu se positionner par rapport aux propos discriminants qu’ont pu tenir différents élus de sa « famille politique », Brice Hortefeux ou encore Claude Guéant. Nora Berra semble en réalité plus agacée par les mises à l’écart des cadres locaux qui ne semblent pas vouloir prendre en compte la « stature nationale » qu’elle estime avoir désormais.

Philippe Cochet jure ne pas lui en vouloir, mais le président de l’UMP local ne cache pas un sentiment d’agacement :

« On peut être motivé, ça c’est très bien. Mais on ne peut pas forcer la main de cette façon. Je ne peux pas préjuger de la position de la commission nationale, qui pourrait lui proposer la 3è circonscription. Si elle veut, tant mieux, si elle ne veut pas… En tout cas, c’est mal pris par les militants. »

Pour lui, ce n’est certainement pas le genre de coup à faire « à ceux qui vous ont fait roi ». La reine en question, qui avait réussi à passer les remaniements ministériels, pourrait donc irriter au point de voir le nombre de ses ennemis croître et de se faire écarter, comme d’autres symboles de la diversité du gouvernement Sarkozy, elles aussi femmes, Rachida Dati et Rama Yade.

INFO RTL – « Les Carnets politiques » : Nora Berra… par rtl-fr

 

(Modifié à 16h50 avec les propos de Najat Vallaud-Belkacem)


#4è circonscription

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