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La construction de l’offre électorale de la prochaine présidentielle entre dans sa dernière ligne droite et les récents sondages laissent supposer qu’on s’avance plutôt vers un second tour classique droite-gauche. Ce qui ne veut pas dire, dans cette hypothèse, que la géographie électorale du 6 mai 2012 ne réservera pas quelques surprises.
La région Rhône-Alpes, justement, est située sur cette fameuse façade Est, théâtre en 2007 du « siphonnage » des suffrages frontistes par Nicolas Sarkozy. Comment votera-t-elle cette fois-ci ?
1981: au commencement était le Dauphiné rose
C’est l’Isère, la Drôme et, dans une moindre mesure, la Loire, qui tirent vers le haut les résultats de François Mitterrand en 1981. Les permanences historiques sont en place: le Dauphiné républicain et socialiste, ainsi que les vieux bassins industriels, rosissent. Sa courte majorité dans le Rhône démontre que le candidat socialiste a rassemblé au delà de son camp. Cependant, les vieilles terres radicales, notamment l’Ain, restent en partie giscardiennes. Sans surprise, la Haute-Savoie reste ancrée à droite. Ardèche et Savoie deviennent modérément socialistes.
1988: la limite Sud-Est – Nord-Ouest
La victoire de François Mitterrand de 1988 est amplifiée, au niveau national, par rapport à celle de 1981. Mais en Rhône-Alpes, le paysage s’avère davantage contrasté. Seul l’Isère affiche une moyenne supérieure au score national. La droite, de son côté, l’emporte dans trois départements au lieu de deux en 1981. Le Rhône repasse à droite, les reports de Raymond Barre sur Jacques Chirac n’y étant pas étrangers. Globalement, le candidat du RPR résiste davantage au nord d’une ligne Chambéry-Roanne.
1995: l’émergence d’un Nord chiraquien
La « ligne de démarcation » se déplace vers le Nord en 1995. Cependant, la région confirme un attachement plus important à la droite. Cette ligne sépare plutôt les départements ayant voté Chirac bien au delà de la moyenne nationale des autres. Davantage que le plus fort ancrage du Rhône à droite, c’est le revirement de la Loire qui est le plus spectaculaire. Il s’explique en partie par des bons reports de Jean-Marie Le Pen, qui était arrivé en tête au premier tour dans ce département.
2007: une géographie électorale presque « capillaire »
En 2007, Rhône-Alpes choisit Nicolas Sarkozy. La droite se renforce globalement. Elle devient pour la première fois majoritaire en Isère, reste stable en Ardèche et s’érode un peu dans la Loire et le Rhône, Lyon s’avérant moins sarkozyste qu’elle n’était chiraquienne (53,1 % au second tour contre 59,3 % en 1995 et même 55 % en 1988).
Géographiquement, les votes UMP semblent pénétrer la région par capillarité, depuis ses places fortes de la Haute-Savoie et de l’Ain, où Nicolas Sarkozy dépasse les 60 %. Le Rhône et la Savoie constituent l’avant-garde de cette lame de fond, qui vient se briser sur un rocher isérois modérément sarkozyste. Dans la Loire, et la Drôme où la droite a gagné près de dix points au second tour depuis 1981, Nicolas Sarkozy dépasse légèrement sa moyenne nationale. L’Ardèche est désormais le département le moins à droite de la région.
Le tropisme rhônalpin de droite à l’épreuve de la prochaine présidentielle
Ces quatre seconds tours confirment le tropisme de droite de la région. La droite a toujours été majoritaire dans au moins deux départements, la gauche est minoritaire dans tous en 2007, Lionel Jospin n’obtenant qu’une courte majorité en Isère en 1995.
Seuls deux départements n’ont jamais varié dans leur choix : l’Ain et la Haute-Savoie. Le glissement à droite de la Loire et de la Savoie est évident, celui de la Drôme est spectaculaire. La gauche iséroise résiste relativement bien, la droite du Rhône se maintient à un bon niveau malgré les doutes lyonnais. Quant à l’Ardèche, elle suit mais modérément les choix nationaux.
La capacité de Nicolas Sarkozy à conserver son socle, qui est légèrement différent, en Rhône-Alpes, de celui de Jacques Chirac, et à le mobiliser, se lira certainement sur la carte du 6 mai. A gauche, il sera tout autant intéressant d’observer la diffusion d’une vague rose qui pourrait partir du Massif central, où la « Hollandie » supplante peu à peu la « Chiraquie ».
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