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A Lyon, Occupy Pôle Emploi trouve des solutions aux chômeurs

A la veille du sommet social, des chômeurs étaient incités à occuper leurs agences Pôle Emploi pour « l’amélioration de leur conditions de vie ». À Lyon, l’occupation a duré une journée et a notamment permis de régler les problèmes de cinq chômeurs.

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Crédit  Photos : Thomas Francillard

L’appel à mener ces actions baptisées Occupy Pôle Emploi avait grandement circulé sur Internet et pas moins de 24 rendez-vous ont été fixés ce mardi aux chercheurs d’emploi pour aller occuper l’agence de Pôle Emploi de leur ville. Les chômeurs étaient invités à venir avec leur dossier. Et pour cause.

Le rendez-vous a été fixé à 8h30 devant une agence Pôle Emploi de Villeurbanne, rue Guérin. Après avoir semé les policiers, la quarantaine de personnes qui s’était déplacée a pris le métro, en direction du quartier de Vaise (Lyon 9e). Destination secrète : la « plate-forme de production de traitement centralisé » du Rhône, fermée au public, où une partie des dossiers de chômeurs sont traités.
L’idée était d’empêcher la tenue d’une réunion d’instance paritaire pour obliger la direction de Pôle Emploi à discuter avec de « vrais » chômeurs et régler les problèmes de sept dossiers dont les « occupants » se sont faits les portes-paroles.

 

Une radiation annulée

Une fois la réunion annulée, la direction départementale a dépêché sur les lieux le directeur territorial adjoint pour servir de médiateur. Après avoir refusé de discuter sur les cas présentés par les occupants, il s’est finalement ravisé et a regardé point par point les dossiers. Des cas représentatifs des difficultés que peuvent avoir les chômeurs avec Pôle Emploi : indus à rembourser, désaccords sur le montant des indemnisations et, surtout, un cas de radiation.

A 14 heures, le directeur territorial revenait dans la salle de réunion occupée. Au milieu du casse-croûte et des cafés, il a donné ses réponses.
Sur les sept dossiers, la direction a trouvé cinq solutions et pris deux rendez-vous pour les cas les plus complexes. Une femme de Meximieux (dans l’Ain), qui avait été radiée parce qu’elle ne s’était pas présentée à un rendez-vous obligatoire, a été rétablie dans ses droits. Dans un cas comme celui-là, elle aurait dû saisir le tribunal administratif pour faire entendre à Pôle Emploi qu’elle n’avait pas reçu de courrier la convoquant.

Anaïs Cintas, la secrétaire générale de la CGT chômeurs du Rhône, qui a relayé la journée d’action à Lyon, commente :

« On ne voulait pas partir de l’occupation bredouille en posant uniquement des revendications que le niveau local de Pôle Emploi (les directions territoriales) ne peuvent satisfaire. On a montré que dès qu’on instaure le rapport de force, ça accélère le traitement des dossiers ».

Le directeur départemental adjoint, Joël Picard, n’a pas reconnu que c’est bel et bien sous la pression de cette occupation, que cette chômeuse radiée a pu retrouver immédiatement ses droits :

« On aurait pu solutionner directement le problème avec les associations de chômeurs. Comme on en a l’habitude. Cette occupation a créé un préjudice pour la soixantaine de chômeurs dont les dossiers n’ont pas été examinés, ce jour, par la commission paritaire et pour les salariés choqués de la plate-forme qui ont fait valoir pour une vingtaine d’entre eux leur droit de retrait ».

 

Un nouveau mouvement de chômeurs ?

 

 

Une fois les dossiers passés en revue, les chômeurs-occupants ont débattu sur les perspectives de leur mouvement. Parmi eux, des nouveaux venus dans les mobilisations et des anciens, comme les huit militants de la CGT Chômeurs et Michel Leclercq, figure du « Collectif des privés d’emploi et précaires de Vaulx-en-Velin ». Comparée à d’autres tentatives, il retient dans cette initiative plusieurs éléments positifs, dont le nombre de personnes présentes :

« Résoudre sept dossiers sur 100 000 chômeurs que compte le Rhône c’est un peu dérisoire. Ce qui est important, c’est le groupe. C’est le plus précieux, il faut continuer et aller, cette fois-ci, dans les agences de Pôle Emploi ».

Parmi les nouveaux venus, beaucoup de jeunes individus peu habitués à ce type d’organisation et des personnes se revendiquant du mouvement des « Indignés » ou « libertaires ». Jean fait partie de ces derniers :

« On ne veut pas seulement résoudre des cas individuels. Au moment où il y a ce sommet social, on refuse le discours sur la baisse du coût du travail et la TVA sociale. On demande une redistribution des richesses pour tous et toutes. C’est une stratégie offensive qu’on essaye de mettre en place ».

À 16 h 30, l’occupation se terminait. Rendez-vous était pris pour s’organiser en vue d’une prochaine action. Avant cela, la liste des revendications était envoyée à la direction générale de Pôle Emploi. Parmi celles-ci : la fin des radiations, le maintien des indemnités jusqu’au retour à l’emploi et une « prime de Noël » de 500 euros. Même si, chez ces chômeurs, on croit plus aux rapports de force qu’au Père Noël.

 


#Chômage

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