Tribune /
Faire une grève est toujours un équilibre difficile. Comme tout service public, nous savons que nous allons paradoxalement mettre dans la merde les gens pour qui nous nous battons.
Pour ma part je ne fais pas grève pour gagner plus, sinon je changerai de métier, ça irait plus vite. Je fais grève contre mon ministère, contre des petites choses que personne ne voit et qui gangrènent l’éducation de nos enfants.
Le seul réel problème qui me pousse à pas toutes les faire, c’est cette affreuse idée du ministère qui calcule le nombre de jours de grève en prévision pour faire son budget. D’ailleurs depuis qu’on est obligé de prévenir la grève pour un service minimum inexistant, ça doit être plus pratique pour faire les comptes….
Je me souviens d’une grève, où je suis allé à l’école pour travailler, pour faire une réunion qui organisait je ne sais plus quoi… Je me souviens qu’on se cachait pour que les parents ne nous voient pas et nous engueulent pas parce qu’on ne prend pas leurs enfants sans être payés…
Alors c’est vrai qu’une école fermée, c’est un peu la République qui se ferme au peuple. C’est aussi la grande garderie qui rend les enfants à leurs parents.
Mais, décider de ne pas faire grève, c’est aussi expliquer aux parents qui travaillent qu’on ne va pas garder les enfants des collègues grévistes, qu’on ne peut pas en avoir 150 dans sa classe… Alors s’engagent des négociations ardues qui feraient pâlir un syndicaliste FO Rail. Et alors, dans un grand moment absurde, il est arrivé, qu’un papa, ou qu’une maman ne sachant pas quoi faire de son enfant nous lance fièrement et avec dédain : « Mais je travaille, moi ! » .
Les enfants, comme les parents, oublient parfois que nous aussi, nous travaillons, dans les écoles.
Blog « Aller encore à l’école »
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