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Le Lyonnais vaut-il mieux que son cliché ?

Statistiques regardées, on remarque que la communauté d’Internautes qui se retrouvent sur Rue89Lyon dépasse assez largement les frontières de Lyon. Sa position de « grande ville, certes, mais moins grande que la capitale quoique importante parce que finalement on y passe tous un jour ou l’autre » fait de Lyon un parfait sujet de conversation géolocalisable, suscitant commentaires chauvins et joutes assez drôles.

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Gnafron /

Frigide ou libertine ?

Mettons-nous d’accord, personne ne peut raisonnablement penser ce qu’il dit quand il tente de plaquer sur une ville une somme de caractéristiques, dans le but de lui tracer un profil psychologique. Même quand ça cause marivaudage (et on ne veut pas tomber dans l’écueil évoqué ci-avant, mais il semblerait que cette attitude ait été inventée par les Lyonnais).

On a voulu vous parler cette semaine des hôtels qui accueillent des clients l’après-midi, et là, ça s’est un peu énervé. Car Lyon serait une grande bourgeoise un peu froide. Mais ce cliché en cache un autre, comme on le sait, qui relève plutôt du fantasme : celui de la dite bourgeoise dont le twin-set ne parviendrait qu’avec difficulté à dissimuler la poitrine frétillante et à laquelle on aurait envie de faire sauter le chignon.

Cyril, internaute qui a un jour pris ancrage entre Rhône et Saône estime qu’historiquement, Lyon est une ville « catho-bourgeoise » :

« J’ai vécu 4 ans dans cette ville et je confirme que c’est l’une des villes les plus frigides de France… »

Ce contre quoi Charles, autre riverain de Rue89Lyon qui ne vit pas dans la ville, s’insurge. S’il n’est pas lyonnais il dit savoir goûter aux propositions secrètes de la ville :

« J’ai personnellement utilisé plusieurs enseignes internationales à Lyon qui pratiquent le Day-use en routine. Les clubs échangistes foisonnent et leur concentration est une des plus élevées de France. »

« Méfiez vous des clichés ! », prévient-il. Merci Charles pour cette mise en garde.

 

Lyon fachotte ?

Un article paru dans la semaine du lancement du site, sur le phénomène identitaire et d’extrême-droite qui possède quelques spécificités à Lyon, a suscité la plus grande virulence dans les commentaires. Pour l’un d’eux :

« Je connais bien Lyon ! Ses spécialités culinaires et surtout, surtout son penchant pour les idéologies néo-nazies. J’aime bien Lyon mais c’est toujours la province, la campagne, la France profonde ! »

Une internaute qui se fait appeler accro-info dégaine aussi sec, estimant que :

« Dire que la ville de Lyon a un « penchant pour les idées néo-nazies » est à peu près aussi stupide que de dire d’une ville qu’elle est moche lorsqu’on ne l’a vue que depuis le périph’ ».

Toujours sur le même thème, il y a les lecteurs qui passent par là, et qui parlent de Lyon un peu comme celui qui se sent obligé de raconter une blague dans un ascenseur bondé parce qu’il est gêné par le silence qui y règne. Poiuytrezaqs, par exemple, nous a rapporté sous un article relatif à une initiative de soutien apporté aux prostitués gays, une petite tranche de vie, qui n’avait à peu près rien à voir avec le sujet :

« Pas mal Lyon, j’y suis allé en « vacances » chez ma sœur en 1995, et j’ai parlé a un rebeu dans une aubette de bus pour lui demandé mon chemin ; il était surpris que je m’adresse a lui… Il m’a dit, texto, ici les gens nous parlent pas d’habitude, excuse-moi d’être surpris… »

« Je n’y suis jamais retourné… », termine Poiuytrezaqs. Mais à relire l’article, puis le commentaire, le commentaire puis l’article, on se demande si ce boycott de la ville a été suscité par l’échange traumatique dans le bus, ou à cause des vacances chez la frangine.

 

La minute parisienne

Nous avions relevé il y a quelques semaines la saynète aux oignons que les Guignols de l’info avaient montée à l’occasion de la sortie du film d’Olivier Marchal, Les Lyonnais. En résumé, pour les Guignols, si un gang de truands aussi romanesques que celui des Lyonnais est né dans ce qui semble être une pov’ bourgade inutile, c’est justement parce qu’on s’y ennuierait ferme…

L’article avait donné l’occasion à nombre de provinciaux complexés ou énervés, de fustiger la vision édulcorée que peuvent avoir les Parisiens du reste de la France. Mais aussi à certains Lyonnais de confirmer que dans leur ville, en effet, on s’emmerderait royalement.

Un riverain qui a bien décidé de se fendre la poire jusque dans son pseudo, Le gag des Lyonnais, est catégorique :

« Ok, on est d’accord, Lyon est une belle ville, à taille humaine (toussa, toussa), il faut quand même avouer : une fois 22 heures passées, c’est l’ennui (mortel). Plus un chat dans les rues. Ça fait froid dans le dos. Seule distraction possible : se réfugier dans un resto pour dévorer un bon saucisson brioché (attention, un cliché s’est glissé dans cette phrase, sauras-tu le retrouver ?) »

Mais voilà que la fine équipe du Groland vient d’en remettre une couche, en se fendant aussi de son petit film parodique, sur la lyonnaiserie la plus stéréotypée. On y voit un supporter de foot en petit pull-cravate et mèche peignée, encourager d’une voix fluette le club d’Aulas. A croire que Jules-Edouard Moustic n’a jamais mis le pied à Gerland pas plus qu’il n’y a vu les individus qui peuplent le virage Nord, un peu plus vifs que le raide Charles-Damien inventé là. Mais c’est signé. Scénario et dialogues : Raymond Barre. (Emission du 10 décembre, à 7’).

Pour finir par un remerciement car on a trop peu souvent l’occasion d’en faire dans un journal aussi sérieux que le nôtre, big up à tous ceux qui viennent sur Rue89Lyon sans être lyonnais (les Lyonnais restant majoritaires, car ils composent la moitié de nos lecteurs), à tous ceux qui viennent sans même être Rhonalpin (ceux-là faisant environ 30% de la communauté des lecteurs de Rue89Lyon), et aux Parisiens qui nous suivent régulièrement (et qui constituent près de 15 % des lecteurs venant sur le site plusieurs fois par semaine).

Légende photo : Le 11 septembre 2005, l’artiste américain Spencer Tunick faisait poser nus des Lyonnais dans les docks, au Confluent.


#Guignol

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