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Nuits Sonores : Lyon, Paris, Oran

Nuits Sonores fêtera en 2012 ses 10 ans. Et si l’équipe d’Arty Farty, en charge du festival, met fin cette année aux Echos Sonores, son rendez-vous club mensuel, elle n’en demeure pas moins génératrice de projets. Une manifestation hivernale, une nouvelle salle ou l’export de son savoir faire en Algérie. Vincent Carry, le directeur du festival, également conseiller artistique de la Gaîté Lyrique à Paris, fait le point.

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Entretien /


Crédit photo : Richard Bellia

Les Echos Sonores prendront fin pour leur grande 100e en décembre avec, en tête d’affiche, Laurent Garnier, parrain et digne représentant de la manifestation. Échec d’un modèle ?

On travaille sur une économie au rasoir, mais on finit toujours par équilibrer. Et même s’il y a eu des années plus rentables qu’aujourd’hui, la raison de cet arrêt n’est pas financière. Quand on a commencé, ce que proposait Echos Sonores n’existait pas à Lyon. On voulait développer une club culture importante et qualitative qui permettrait de faire venir des artistes à Lyon. Sept ans après, en partie grâce à nous, il n’y a pas forcément plus de lieux pour cette culture, mais il y a cinq à sept fois plus de producteurs. Les agendas de soirées de concerts à Lyon se sont considérablement développés. Nous n’avons pas de velléité d’hégémonie et notre motivation est moindre, on préfère donc arrêter tant qu’on aime ces soirées.

Un nouveau format est donc en cours d’élaboration chez Arty Farty qui devrait voir le jour en septembre 2012, avec une volonté de mettre en lumière la création numérique et audiovisuelle, le tout dans un lieu dédié. Après différentes tentatives sur l’Elac ou à la Galerie des Terreaux, l’équipe a déposé un dossier pour récupérer la gestion du toit de la Sucrière, un espace déjà en activité depuis le début de la Biennale d’Art Contemporain. Estampillée actuellement « Le Sucre », la salle devrait être renommée et sa jauge revue à la hausse pour accueillir jusqu’à 700 personnes. Le retour du serpent de mer pour l’équipe ?

Obtenir un lieu pérenne, c’est une sorte de running gag pour nous depuis quasi 10 ans. Dès qu’on a eu le festival, on a eu envie de sédentariser un peu nos activités. On n’a jamais réussi et on a quand même épuisé un paquet d’options. Aujourd’hui, on est officiellement candidat à la reprise du toit de la Sucrière. La décision devrait être prise d’ici la fin de l’année. Même si cet espace deviendrait prioritaire pour accueillir nos événements, on ne s’interdira pas une certaine itinérance pour adapter les lieux aux projets de manière plus fine et rester au contact des autres structures. Le toit de la sucrière est un lieu qui nous intéresse, mais ce n’est pas le seul.


Crédit photo : Mickaël Draï

D’autres projets en chantier ?

Nous travaillons actuellement sur un festival qui pourrait se créer à Oran à l’automne 2012 dans l’esprit de ce qu’on a déjà fait à Shanghai ou à Toulouse. Nous mettons également en place un festival d’hiver à Paris qui sera une coproduction avec la Gaîté Lyrique. On s’intéressera aux liens qui unissent « musique électronique et indépendante » d’un côté et « création visuelle et graphique » de l’autre. Les graphistes sont en train de devenir de plus en plus constitutifs des projets artistiques musicaux. Ils font quasiment partie du groupe, de son identité, presque autant que la musique. Le live audiovisuel est en train de révolutionner complètement la façon de se représenter sur scène, notamment dans le domaine des musiques électroniques. Les pochettes de disque ou les identités de label déjà ont donné lieu à des rencontres très fortes entre musiciens et graphistes depuis les années 70, de la relation de New Order à Peter Saville, d’Anton Corbijn avec Depeche Mode ou, plus récemment, de So Me avec Ed Banger.

 

Pourquoi ne pas avoir organisé cette manifestation à Lyon ?

Parce qu’à Lyon, on n’a pas la Gaîté Lyrique (8000 m2). On avait, avant de candidater pour le toit de la Sucrière, posé un dossier pour toute la Sucrière (1000m2) avec Thierry Raspail (directeur du Musée d’Art Contemporain) et Thierry Téodori (directeur de la Halle Tony Garnier). Un projet que l’on a porté pendant 3 ans et qu’on a perdu face à GL Events. Si nous avions obtenu ce lieu, le festival d’hiver s’y serait déroulé.

 

Est-ce si difficile de trouver une salle à Lyon ? Tu sembles pourtant plutôt proche de la mairie.

La preuve que non. Mais c’est rassurant dans le sens où, malgré ce que certains pensent, on n’est pas dans un système népotique et tant mieux. Je n’ai jamais eu de place de crèche pour ma fille, j’en aurais pourtant eu besoin. Le fait est qu’aujourd’hui, on cherche toujours un lieu. On saurait quoi en faire et on comblerait un manque à Lyon. On aimerait créer un espace transdisciplinaire qui soit en connexion avec l’époque. Je ne veux pas faire un club, ni un resto. Je ne veux pas d’une galerie d’art contemporain ou d’art numérique, mais je veux faire un lieu avec un peu tout ça. Un lieu qui va parler de design, de bouffe, de nuit, de création en général et même d’entreprenariat. Aujourd’hui, tout est interconnecté.

 

Serais-tu intéressé par une carrière politique ?

J’ai toujours été un individu clairement sensible à la question politique en général. J’ai toujours été impliqué et j’ai d’ailleurs même, de façon très officielle, soutenu les différentes campagnes de Gérard Collomb ou de Jean Jack Queyranne avec une implication relativement limitée de type « comité de soutien ». J’ai eu 40 ans et je trouve qu’il y a beaucoup de gens avec de réelles qualités qui devraient s’engager en politique qui ne le font plus à cause, sans doute, de la façon dont la vie politique est animée depuis 10 ou 20 ans. Depuis le printemps dernier, c’est un festival de n’importe quoi haut en couleur sur l’ensemble de l’échiquier politique français ou européen d’ailleurs, et mondial même. Si des gens comme nous ne se bougent pas le cul, ça va être un vrai problème. Parce qu’il y a des enjeux de renouvellement générationnels qui me paraissent déterminants. Simultanément, Je trouve la candidature de François Hollande  pertinente pour qu’il y ait une alternance assez indispensable en France. Je lui ai donc proposé de l’aider sur le contenu, sur le programme culturel, mais pas que. Il a choisi une thématique centrale dans sa campagne qui est la jeunesse. Même si ma participation reste très modeste, je trouve intéressant d’y travailler.

 

Te verrais-tu un jour adjoint à la culture ?

L’enjeu, c’est 2012, je me suis engagé sur 2012. Les municipales, c’est en 2014. Mais ça serait présomptueux de répondre à une invitation qu’on ne m’a pas faite.

 

 


#Culture

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