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Rythmes scolaires : « Mathis est fatigué » alors nous devons repasser à la semaine de 4 jours ?

Tribune / Devant l’école, tout le monde a son avis et ça semble bien normal. Cette possibilité qui est donnée aux maires de choisir les rythmes pour les écoles de leur municipalité va aboutir à une situation totalement délirante et inégale.

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À l'école, image tirée du dessin animé South Park. DR

L’avez-vous envisagé, monsieur le Président Emmanuel Macron, vous qui avez pourtant tellement parlé de lutte contre les inégalités.

Ce mercredi matin, c’est la mère de Mathis, un élève de CP et copain de mon fils, qui nous explique pour la énième fois que son poussin est absolument crevé depuis qu’on lui a calé une matinée d’école le mercredi matin. Merci Anne/mamandeMathis pour ce retour d’expérience.

À côté, c’est Florian/papadeCamille qui pense aussi que c’est “vraiment mieux de repasser à 4 jours” mais qui se demande si sa belle-mère va pouvoir garder sa progéniture le mercredi dès 8h30 plutôt qu’à partir de 11h30. On est impatient de connaître tes arrangements familiaux Florian.

Fatia/mamand’Inès est paniquée à l’idée de devoir trouver une nounou en urgence (commencer à chercher fin juin pour début septembre, en effet, c’est carrément l’urgence) pour garder sa fille le matin.

On est devant l’école, ce mercredi, en train d’éviter de s’écouter les uns et les autres, étalant nos problèmes persos, nos jobs, nos belle-mères, nos angoisses de modes de garde et nos agendas.

« Le jeudi après-midi, on ne peut plus rien faire avec eux »

Les instit’, elles (ce sont en l’occurrence uniquement des femmes) aussi sont invitées à s’exprimer.

Je les entends expliquer qu’en termes d’apprentissage, “c’est vraiment génial d’avoir cinq matinées, surtout pour les grandes classes, on parle pas des maternelles c’est un autre sujet”.

Mais -parce qu’il y a un mais et parce que dans notre école les enseignantes optent pour le retour à la semaine de 4 jours :

“Sans pause le mercredi, les enfants sont vraiment vraiment fatigués le jeudi après-midi, on ne peut plus rien faire avec eux. Sans parler des activités périscolaires du vendredi après-midi, même si ce n’est plus avec nous, on sait que c’est un grand moment d’incivilités”.

Ah bon. Et faire en sorte que ça ne le soit plus, par exemple, ce n’est pas envisageable ? Collectivement, on peut éduquer les petiots à bien se conduire avec les animateurs, certainement. D’autant plus que nous nous trouvons dans un établissement qu’on qualifie de “tranquille”.

Inégalités renforcées et Mathis toujours épuisé

Pour ma part, mère de deux enfants (une en maternelle et un autre en élémentaire), je trouve délirant que l’on donne cette possibilité de différencier la scolarité publique, d’une commune à l’autre. Et cela, dès la rentrée prochaine.

Je trouve aussi délirant qu’on ne donne pas sa chance à ce rythme de 4,5 jours d’école, alors que sa mise en place, à la rentrée dernière, a été une énorme galère et qu’on pourrait finir par avoir quelque chose de pas si mal.

Je trouve délirant que des communes demandent leurs avis aux gens pour choisir une option pour septembre prochain.

La garantie de l’intérêt général, à qui l’a-t-on confié ? Ou alors on décide de se pencher tous sur le cas du petit Mathis qui baille quand sa mère lui parle (on se demande si c’est l’école qui le fatigue).

Il me semblait que le grand enjeu de ces nouveaux rythmes était d’une part d’étaler et d’améliorer le temps de travail (avec des matinées où les enfants sont plus aptes à apprendre) et de leur proposer des activités, sportives, artistiques, etc., dans un temps “périscolaire”.

Je suis inquiète de ce que d’une ville à l’autre, les inégalités se renforcent, avec des schémas différents.

Les mairies se sont retrouvées il y a un an à devoir mettre en place une réforme sans aide et à trouver des animateurs pour faire faire aux élèves qui du volley, qui de l’espagnol (pour les chanceux), qui des dessins au feutre et des colliers de perle.

C’est peut-être de ça qu’on aurait pu discuter. On aurait pu réfléchir à la qualité de ce que l’on propose aux enfants dans le temps périscolaire, à la gratuité de cela. Pas juste au fait que Mathis soit pénible chaque mercredi à 11h30.


#École

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