Difficile de détrôner le pharaon. Bernard Perrut, maire Les Républicains de Villefranche-sur-Saône, se représente pour un… cinquième mandat. Depuis le redécoupage électoral de 1986 et sa création, c’est un Perrut qui est élu dans la 9e circo du Rhône. Francisque de 1988 à 1997, son fils Bernard depuis.
En plein Beaujolais, le territoire reste une terre de droite. Où le Front national réalise parmi ses meilleurs résultats du département. La dernière élection présidentielle vient encore de le montrer. François Fillon, malgré une campagne et une image écornées, est arrivé en tête au premier tour (24,3%). Il devance Marine Le Pen (24,04%) et Emmanuel Macron (22,58%).
Dans l’entre-deux tours, Bernard Perrut avait clairement appelé à voter en faveur d’Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle. Un candidat avec lequel il ne semble pas en profond désaccord, lui d’obédience centriste et issu de l’UDF. Capter sur non nom une partie de l’électorat Macron devrait lui permettre de s’assurer aisément de sa réélection. Il se montre alors très Macron-compatible. Il a d’ailleurs reçu le soutien d’Alain Juppé qui lui aussi n’hésite pas parfois à se ranger derrière un candidat de La République en marche.
« Le nouveau Président mérite tout à fait d’être respecté, mais je souhaite une majorité de la droite et du centre pour gouverner le pays. Le contrat que l’on propose est crédible et clair, et repose sur quatre piliers : école, entreprise, famille et laïcité. Et plusieurs thèmes : plus d’emploi et de pouvoir d’achat, garantir la sécurité des Français, renouveler et moderniser la vie publique…», disait-il au Progrès.
En marche ! n’envoie pas de tête d’affiche dans une circo jugée perdue d’avance
La partie s’annonce compliquée pour les challengers de Bernard Perrut. D’ailleurs, La République en marche n’a pas investi de poids lourd sur cette circonscription difficilement gagnable. C’est Marion Croizeau, 37 ans, urbaniste et première adjointe au maire de Belmont-d’Azergues, qui s’y colle. Comme bien souvent sur les territoires un peu hostiles, les formations politiques envoient des candidates.
Marion Croizeau, comme ses camarades des 8e ou 5e circonscriptions, ne croit pas être un alibi parité et renouvellement pour son parti. Même si ce dernier, sous la houlette de Gérard Collomb, n’a pas hésité à faire confiance aux vieilles têtes sur les circonscriptions bien plus abordables.
« La circonscription est gagnable ! Selon les sondages, entre 310 et 330 députés devraient être élus députés et je crois fermement que la 9e en fera partie. D’où mon engagement total dans cette campagne, que je finance intégralement avec un emprunt. », déclarait-elle au Progrès.
Le score d’Emmanuel Macron au premier comme au second tour (66%) et l’étiquette de son mouvement pourraient lui permettre d’être au second tour. Pour elle aussi, l’image d’un député sortant cumulard et installé depuis longtemps lui servira d’angle d’attaque pour servir le discours du chamboule tout.
Christophe Boudot (FN) se défend d’être un « parachuté »
Mais le second tour sur cette circonscription a souvent été un duel droite/extrême droite. Ce fut ainsi le cas en 1993, 1997 et 2002. Bernard et Francisque Perrut avaient alors affronté Jean-Pierre Barbier candidat du Front national. En 2007, il avait pour suppléant un certain Christophe Boudot. Cette fois, les rôles sont inversés et Jean-Pierre Barbier est toujours de la partie puisqu’il est cette fois suppléant de Christophe Boudot.
Le parti de Marine Le Pen a décidé d’investir le conseiller municipal de Lyon, candidat aux municipales en 2014 et patron du groupe FN au conseil régional. Christophe Boudot se défend malgré tout d’être un parachuté et met en avant son domicile en bordure du territoire et son activité professionnelle dans le commerce de bouchons pour la viticulture.
Il devra faire mieux que Julien Rochedy, ancien président du Front national de la jeunesse (FNJ) et candidat en 2012 qui n’avait pas réussi à se hisser au second tour malgré un score de 17,7 % des suffrages exprimés. Les scores obtenus par Marine Le Pen à la présidentielle peuvent le rendre optimiste pour se qualifier pour le second tour. Mais même dans le cadre d’une triangulaire face à Bernard Perrut et Marion Croizeau, la victoire semble compromise.
La désunion de la gauche
À gauche, comme ailleurs dans le département il n’y a aucune union. Ou si peu. Katia Buisson, candidate du Parti radical de gauche (PRG) a reçu le soutien officiel du Parti socialiste du Rhône. Mais certaines sections locales de Villefranche et du Beaujolais traînent les pieds pour soutenir la candidate PRG. Étudiante à Lyon, elles lui préféraient un candidat du cru.
Le PS n’a donc pas soutenu la candidate Europe-Écologie Les Verts comme il l’a pourtant fait sur les 3e et 10e circonscriptions. Et aucune union de ces partis traditionnellement partenaires n’a été possible sur une circonscription qu’ils savent injouable.
Les candidats aux législatives 2017 sur la 9e circonscription du Rhône
Bernard Perrut (Les Républicains)
Marion Croizeau (République en marche)
Christophe Boudot (Front national)
Brigitte Ealet (Europe Écologie Les Verts)
Katia Buisson (Parti radical de gauche – Parti socialiste)
Étienne Allombert (Parti communiste français)
Teresa Caci (La France insoumise)
Chantal Helly (Lutte ouvrière)
Jean-Michel Dhimoïla (Debout la France)
Yona Claire Dureau (UPR)
Eric Radix (Parti Chrétien Démocrate)
Jamila Farah (Parti Égalité Justice)
Elisabeth Michaudon (Écologiste)
Les résultats du 1er tour de la présidentielle sur la 9e circonscription (en % des suffrages exprimés)
François Fillon 24,34%
Marine Le Pen 24,04%
Emmanuel Macron 22,58%
Jean-Luc Mélenchon 14,66%
Nicolas Dupont-Aignan 5,85%
Benoît Hamon 5,03%
Jean Lassalle 1%
François Asselineau 0,99%
Philippe Poutou 0,9%
Nathalie Arthaud 0,45%
Jacques Cheminade 0,15%
Abstention 19,89% des inscrits
Vote blanc 1,76% des votants
Les résultats du second tour sur la 9e circonscription
Emmanuel Macron 62,28 % des suffrages exprimés
Marine Le Pen 37,72%
Abstention 22,85 % des inscrits
Vote blanc 8,79 % des votants
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