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Radio Canut fête ses 40 ans : « nos valeurs n’ont pas bougé, on tient à notre indépendance »

Radio Canut souffle cette semaine sa 40è bougie. L’occasion d’évoquer l’esprit des radios libres avec Marie, animatrice, entourée de ses acolytes. 

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Radio Canut attaquée Lyon

Rue89Lyon : Qu’est-ce qui fait l’identité de Radio Canut et qu’est-ce qui a évolué en 40 ans ?

Marie de Radio Canut : C’est une radio qu’on qualifie de « rebelle » et qui n’a que des animateurs militants et bénévoles. Tout le monde a un créneau d’une ou deux heures.

Il y a un principe d’autogestion. Chacun est libre sur son propre créneau d’avoir les contenus qu’il veut. À condition que ça soit ni sexiste, ni raciste, ni homophobe.

C’est très dur d’avoir du recul, puisqu’on représente la génération des derniers arrivés. Il y a aussi des gens qui font partie de la radio depuis 20 ou 30 ans et qui en savent plus sur son passé. En fait, un des projets originels de Radio Canut était de lutter contre le monopole de l’Etat.  Quand il y a eu la libéralisation des ondes, il y a une scission entre les personnes qui voulaient se professionnaliser, et d’autres qui souhaitaient continuer à faire de la radio comme militants. Les autres sont partis et Radio Canut est resté, sans professionnel de la radio, ni permanent qui la fait tourner.

Il n’y a pas de publicités sur Radio Canut, on ne fait la promotion d’aucun commerce. On a une seule subvention, c’est le fonds de soutien à l’expression radiophonique. C’est la seule que l’on demande parce qu’elle est attribuée à toutes les radios associatives. Elle finance les deux tiers de notre budget.

Tous les soirs par exemple de 19h à 20h, il y a les « Canuts Infos » qui donnent un regard particulier sur l’actualité. C’est enfin un support de l’évolution culturelle, où il y a beaucoup d’émissions musicales. L’idée, c’est que ça ne soit pas de la musique commerciale, avec des animateurs assez pointus qui veulent partager ce qu’ils connaissent.

Ce que je dis souvent, c’est que ce sont ici beaucoup des « passionnés de la radio ».

Avec le recul, comment analysez-vous la perquisition par la police vécue dans vos locaux, en octobre 2016, pour « provocation au terrorisme » ? Au niveau judiciaire, comment a évolué la situation ?

On a sorti un communiqué de presse en novembre et je pense qu’on est un peu resté sur ces positions. De manière générale, nous vivons une répression forte de tout discours sur les violences policières. On a quand même été perquisitionnés lorsqu’il y avait des grosses manifestations de policiers place Bellecour assez tard la nuit, dans un contexte extrêmement tendu.

On avait envie de porter ce débat de manière large en se demandant : « comment est-ce qu’on peut traiter de ces questions-là publiquement ? ». On s’est dit que cette perquisition était un moyen de pression sur la radio, mais que ça ne touchait pas que notre média.

Pour l’instant, la situation n’a pas évolué parce que le procès n’a pas eu lieu. On est sous une législation spécifique qui fait que ce n’est pas la radio qui est en procès mais des personnes.

Nos valeurs n’ont pas bougé, on tient beaucoup à notre indépendance.

© Radio Canut.
Photo issue de l’un des blogs de Radio Canut dont l’émission est blablamix, émission avec des « réfugiés qui vous parlent » © Radio Canut

Que reste-t-il de l’esprit des radios libres aujourd’hui ? Quelle place a Radio Canut dans ce paysage radiophonique ?

Les radios libres se sont créées pour donner la parole à celles et ceux qui ne l’ont pas. Ces radios se sont créées comme ça dans les années 1970, quand il y avait un monopole de l’État. Dans nos émissions, on produit des contenus plutôt politiques et on questionne la société dans laquelle nous vivons.

Nous faisons partie d’un réseau francophone de médias libres qui sont en dehors de tout travail de journalistes professionnels. Tout le monde apprend sur le tas.

Il y a également eu la création de « Sons en luttes », et des rencontres de radio avec des nouvelles créations comme « Radio DRAGON ». Par exemple certaines personnes de Radio Canut sont allées la voir pour partager ses connaissances. Il y avait plein de radios qui se retrouvaient et échangeaient sur leurs pratiques radiophoniques.

On peut aussi parler du réseau « RADIORAGEUSES » et de leurs émissions féministes. Elles sont parties d’un collectif internet, et font des émissions autant à la campagne qu’en ville.

Beaucoup de radios se revendiquent des radios libres parce que c’est une histoire qui est assez forte, mais chacune a évolué de manière différente.


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