Dans le Rhône et à Lyon plus particulièrement, c’est Gérard Collomb qui travaille activement aux négociations pour ces désignations et, au regard de son soutien de la première heure au président élu, le maire PS devrait pouvoir le faire avec les mains libres.
Dimanche soir, dans les salons de la préfecture du Rhône, quelques uns sont passés faire un petit tour auprès de la presse locale. Ces « quelques uns » sont surtout les élus socialistes qui ont rejoint le mouvement En Marche ! dès janvier 2017, sous l’impulsion et la pression de Gérard Collomb qui, lui, a parié il y a longtemps déjà sur celui qui était encore ministre de l’Économie.
Au point de polir Lyon pour lui en faire une plateforme de décollage. Au point d’ »offrir » à Emmanuel Macron son chef de cabinet à la Métropole (Jean-Marie Girier) pour que le candidat en fasse un directeur de campagne.
Leur relation privilégiée, sur laquelle ne peut pas planer l’ombre de l’opportunisme, est particulièrement visible dans le documentaire que TF1 a dédié à la victoire d’Emmanuel Macron, diffusé lundi soir. Gérard Collomb est dans le premier cercle, souvent vu aux côtés du candidat ou aux côtés de Brigitte Macron. Le maire de Lyon est, au milieu d’une équipe plutôt jeune, un parrain ou oncle plus âgé et bienveillant, un soutien, un conseil.
Alors si « Gérard » veut gérer les désignations En Marche ! dans le Rhône, Emmanuel Macron peut bien lui céder cela.
La base arrière des socialistes et collombistes
Lyon Capitale croit savoir que c’est Michel Mercier qui est à la manoeuvre pour la part centriste des négociations, sur le Rhône. On sait que le duo Collomb/Mercier est une cheville ouvrière efficace, celle qui a initié sans rien demander à personne la création de la première Métropole de France, sur l’agglo de Lyon, dans le cadre de la réforme territoriale.
Dans la procédure officielle, c’est pourtant bien une Commission nationale d’investiture composée de neuf membres qui doit désigner les candidats d’En Marche !, pour l’ensemble des circonscriptions en France.
Mais dans ses espoirs qui n’ont rien de fou, Gérard Collomb imagine pouvoir piocher dans son vivier pour mener campagne à Lyon et autour.
Les noms d’élus du territoire sont évoqués : le député sortant Jean-Louis Touraine (sur la 3è circo, lire plus bas), le maire PS du 9è arrondissement Hubert Julien-Laferrière (sur la 2è circo), son adjointe PS Anne Brugnera (sur la 6è circo), et un centriste de type « collombiste », le maire du 5è arrondissement Thomas Rudigoz (sur la 1ère circo, lire plus bas).
Yves Blein, député PS sur la 14è circo, se dit lui aussi En Marche ! et voudrait se représenter sous la bannière macronienne.
Une liste pas très neuve ni très ouverte.
Gérard Collomb a rappelé ce lundi 8 mai (voir la vidéo du Progrès) que c’est bien sur l’ensemble du territoire français que le renouvellement promis par Emmanuel Macron se vérifierait. Et qu’à ce renouvellement doit être couplée l’expérience. Si ce pan du plan pouvait être représenté à Lyon et dans le Rhône plutôt que celui de la nouveauté, le sénateur-maire apprécierait.
À Lyon, on aboutira peut-être à : « Il faut que tout change pour que rien ne change ». C’est ce qu’avait évalué Tancredi, jeune personnage joué par Alain Delon dans le Guépard de Visconti, tandis que le prince de Salina, son vieil oncle, voyait son monde aristocratique sicilien s’effondrer.
Les bonnes volontés de la société civile, les inconnus et tous ceux qui ont été appelés les Marcheurs, qui ont fait campagne avec, pour certains, l’espoir de poursuivre le travail, on ne voit pas la couleur à Lyon, pour l’heure.
Petit tour dans les circos
- Pour la presse locale, une éternelle passionnante 1ère circo
Dans la 1ère circo du Rhône, la situation est cocasse. Thierry Braillard, secrétaire d’Etat aux Sports, s’est mis en retrait de l’accord passé par son parti le PRG avec le PS, pour pouvoir se déclarer assez vite dans la foulée candidat En Marche !.
Il n’a pas attendu pour lancer sa campagne, dès le 2 mai. Mais Gérard Collomb ne l’entend pas de cette oreille. Finalement, au regard notamment de différends opposant son épouse Caroline Collomb et Thierry Braillard, le maire de Lyon voudrait voir investi Thomas Rudigoz sur cette circo.
La situation est d’autant plus cocasse qu’en 2012, Gérard Collomb y avait fait ardemment la campagne de Thierry Braillard aux législatives, alors que le PS avait ici laissé la place à l’écologiste Philippe Meirieu suite à un accord avec EELV. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et celui que Gérard Collomb a fait député est devenu l’homme à abattre.
- Une élue MoDem ou un député PS sortant ?
Dans la 3è circo, Fouziya Bouzerda a déclaré sa candidature à la candidature officiellement en mars dernier. Élue centriste à la Métropole de Lyon (MoDem), elle fait partie du rassemblement construit par Gérard Collomb, celui que le maire aime présenter en modèle de ce que pourrait faire Emmanuel Macron sur la scène nationale.
Mais la déclaration d’intention de l’élue a quelque peu énervé dans le cercle collombiste.
Le maire de Lyon verrait plutôt son ami Jean-Louis Touraine, l’actuel député PS, remettre le couvert. Ce qui mettrait un coup à la compol’ déployée jusque là : Jean-Louis Touraine n’a pas eu une bio sans faille, il affiche 71 ans au compteur et il est socialiste -même s’il a rejoint En Marche ! en janvier dernier.
Fouziya Bouzerda, femme, jeune, avocate, aurait un profil un peu plus en phase avec le renouvellement et le rassemblement politique voulus par le nouveau président. Elle a été la référente En Marche ! sur le 3è arrondissement avec des militants non politisés :
« Une campagne menée avec beaucoup d’enthousiasme puisqu’il s’agit de mon espace politique », nous a-t-elle dit.
Elle reste toutefois pour sa part du sérail politique local.
- Le velours se transforme en chemin de croix pour Najat Vallaud-Belkacem
Sur la 6è circonscription, la ministre de l’Éducation nationale pour encore quelques heures était lancée comme un missile. Mais Najat Vallaud-Belkacem, investie par le PS sur un fief du parti, peut trembler. Si En Marche ! décide d’envoyer un candidat face à elle, il a des chances de l’emporter, avec un vote légitimiste qui apporterait une majorité au président élu.
On entend le nom d’une figure du mouvement, le chef d’entreprise lyonnais Bruno Bonnell.
Les noms des candidats investis par En Marche ! seront connus ce jeudi. D’ici là, nombre des prétendants nous disent que tout est encore possible.
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