Dans la nuit du 18 au 19 mars , le propriétaire de la boutique La Crèmerie Lyonnaise (5e) a retrouvé sa vitrine taguée à la peinture noire. Pas de cachotterie, l’action est signée par l’ALF, Front de libération des animaux, qui regroupe des activistes radicaux de la cause animale.
Sur les photos partagées sur sa page Facebook, on peut notamment lire « Lait = meurtre », « Lait = viol » ou encore « Stop souffrance, go vegan ». Le message de désarroi du commerçant a été partagé des centaines de fois.
Contacté par Rue89 Lyon, le propriétaire de La Crèmerie lyonnaise affirme avoir été « très touché » par la violence des propos :
« Ces personnes ont un choix de vie, je le respecte. Mais cela m’a outragé de voir qu’ils s’attaquent à un commerce de façon aussi agressive. Je ne vois pas quel mal je fais. Je suis ici depuis 7 mois, je propose des produits de qualité. Je travaille à petite échelle avec des producteurs que je connais, qui veillent au bien-être de leurs animaux. »
La publication n’a fait que tourner depuis, avec plus de 600 partages et 3000 commentaires ce mercredi matin. Autant dire que le véganisme est un sujet qui déchaîne les passions. Dans les commentaires, les internautes s’écharpent. Certains vegans convaincus félicitent les auteurs :
« Tout mon soutien aux militants – qui ont peut-être un peu saccagé cette vitrine oui, ce n’est pas rigolo pour les proprios – mais ce n’est rien comparé au train de vie que mènent les bovins de l’industri
e laitière ! »
D’autres vegans s’inscrivent en faux, et affirment ne pas cautionner ces actes qui « décrédibilisent le message plus qu’autre chose ». Beaucoup apportent leur soutien au commerçant.
« Ce geste est l’expression d’une grande détresse »
Pour connaître la position de l’association de protection animale L214, Rue89Lyon a contacté Brigitte Gothière, sa fondatrice et porte-parole. L’association est devenue célèbre par des happenings et, surtout, la diffusion de vidéos de scènes insoutenables filmées dans des abattoirs français. Elle avait également été l’invitée d’un débat que Rue89Lyon avait organisé sur la consommation de viande en France, les scandales sanitaires et l’environnement.
Si L214, inscrite dans l’antispécisme, n’a de cesse de demander que les animaux ne soient plus considérés comme des ressources, Brigitte Gothière marque les limites avec les méthodes de l’ALF :
« Nous n’avons aucun rapport avec l’ALF, chaque structure est indépendante. Chez L214, nous voulons mettre cartes sur tables, démontrer que le changement des mentalités ne doit pas être brutal. Nous ne sommes pas dans le jugement, nous essayons d’éduquer toute la société, y compris ceux qui vivent de l’exploitation animale. Nous n’approuvons pas cette action, car elle n’est pas de nature à encourager le dialogue. »
Sans excuser ce geste, Brigitte Gothière tente de l’expliquer :
« Chaque jour, 3 millions d’animaux sont abattus, en partie à cause de l’industrie laitière. C’est une situation d’urgence que certains ressentent profondément. Ce geste est l’expression d’une grande détresse, d’une colère face à des êtres vivants que l’on ne peut pas sauver. »
Né en Angleterre dans les années 70, le Front de libération des animaux est favorable à une action illégale. Il fonctionne sans leader, de façon horizontale. Ses membres, qui optent pour une esthétique menaçante (les visages sont cagoulés et l’iconographie de leur communication est sombre et noire), sont parfois apparentés à des éco-terroristes, du fait de leurs actions violentes.
Plusieurs dégradations ont été revendiquées par l’ALF depuis le début de l’année. En janvier, deux boucheries bordelaises ont été taguées de la même manière et un boucher de Lyon, près de la crèmerie visée cette semaine, indique avoir lui aussi connu le passage de ces activistes. Tout comme trois autres dans le 5ème arrondissement de Lyon.
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