Tandis que la liste des élus Les Républicains désengagés -autrement appelés lâcheurs– de la campagne de François Fillon s’allonge, un comité de soutien (la tête de la fédé notamment, avec les parlementaires Philippe Cochet et François-Noël Buffet, mais aussi le centriste Michel Forissier) s’est constitué dans le Rhône pour « faire face ».
À qui, à quoi ? À la « déferlante médiatique », aux journalistes entre autres qui seraient à la limite de la « désinformation » dans cette situation inédite et opportune pour les adversaires du candidat de la droite.
« Cela dépend de vous (les journalistes, ndlr). Si vous continuez à poser des questions sur « comment Les Républicains vont faire avec ce candidat », on n’y arrivera pas. Si vous posez des questions sur le programme, alors là, oui, on va avancer », a tancé Michel Terrot, député du Rhône.
Imparable. Le voeu formulé par le petit comité d’élus et de militants réunis ce lundi matin dans les locaux de la fédé Les Républicains du Rhône ne s’est pas tout à fait transformé en diatribe contre un « système médiatique » (même si l’expression a été utilisée) mais, malgré tout, la presse convoquée n’a pas échappé à sa minute de recadrage.
« Pas de la désinformation », mais presque
François-Noël Buffet, qui fait partie des soutiens de la première heure de François Fillon et qui a été l’un des rares dans le Rhône à mener campagne pour lui pour la primaire de la droite, a ainsi déclaré :
« Il y a la volonté de le sortir du jeu. Ce à quoi on assiste… Ce n’est pas de la désinformation. Non. Mais disons que c’est de l’information incomplète. »
Pas question en revanche de verser dans une critique globale « des médias » -hormis peut-être les chaînes d’info en continu. Ni dans celle du « travail des juges ».
En cas de mise en examen du candidat de la droite, François Fillon resterait le meilleur candidat selon le sénateur du Rhône et maire d’Oullins :
« La présomption d’innocence existera encore à ce moment ».
François-Noël Buffet va plus loin encore. Cet avocat de formation estime qu’ « il s’agit d’une affaire politique et pas juridique ».
François Fillon est devenu, plus que jamais ce lundi dans le local de la fédé du Rhône, le candidat parfait pour l’élection présidentielle. Ce qui passe pour certains pour un acharnement indéfendable, de la part d’un homme qui avait promis de se retirer de la course en cas de mise en examen, constitue, selon son premier soutien dans le Rhône, une démonstration de force remarquable :
« Cette épreuve révèle sa capacité à tenir, dans la sérénité. »
« Plus les gens sont dans l’ennui, plus j’ai envie d’y aller »
D’après les élus et militants de ce comité de soutien, tout le monde dans le Rhône est bel et bien en ordre de marche derrière François Fillon. On a pourtant compté de nombreux absents ce lundi matin dans le local de l’avenue Maréchal de Saxe.
L’un des parlementaires Les Républicains les plus virulents contre l’actuel candidat, demandant depuis plusieurs semaines que la droite en change, est d’ailleurs un élu du Rhône, Georges Fenech.
« Oui enfin il y en a un. Un seul et c’est lui », a évacué François-Noël Buffet.
Dans les faits, beaucoup font profil bas. Pour exemple, l’eurodéputée Françoise Grossetête a aussi fait savoir qu’elle attendait pour se prononcer en faveur du maintien de la candidature de François Fillon ou pas.
« Il peut se passer encore beaucoup de choses », ont laissé traîner certains à la fédé.
À la fin de la conférence de presse, ils étaient encore quelques uns dans le local Les Républicains, postés devant une tablette pour entendre l’allocution qu’Alain Juppé a prononcée depuis sa mairie de Bordeaux. Lequel a annoncé en sept minutes qu’il ne se lancerait pas dans la course et s’est par ailleurs bien gardé de donner son soutien à François Fillon.
« Bon voilà, ça c’est fait, » a-t-on soufflé dans la fédé, après s’être évertué pendant une heure à jurer aux journalistes que la famille politique ne vivait pas de divisions si terribles.
« Le socle électoral est très fort. Avec tout ce que François Fillon se prend dans la figure, il résiste et les gens le voient. Ils sont nombreux à estimer que trop, c’est trop. On tape trop fort sur lui », estime François-Noël Buffet.
Pour mener campagne, le sénateur-maire d’Oullins est pour sa part motivé comme jamais :
« Plus les gens sont dans l’ennui, plus j’ai envie d’y aller et de les porter. Ça doit dater de l’époque où j’étais avocat. »
Une déformation professionnelle qui devrait bien lui servir ces prochains jours.
Le cas de Laëtita Cochet, « épouse de », assistante parlementaire… Et emploi fictif ?
Puisque « le fond » intéresse tant les représentants du comité de soutien de François Fillon, nous avons demandé en aparté à Philippe Cochet son opinion sur une éventuelle loi concernant l’organisation du travail des parlementaires et l’embauche d’assistants issus de leur famille.
La campagne électorale est inédite et prend une tournure ubuesque aussi pour le Parti socialiste de la Métropole. Natacha Verpillot, candidate investie par le PS sur la 5e circonscription face au député sortant Philippe Cochet, vient de renoncer. Motif ? Son soutien au candidat officiel du PS à la présidentielle Benoît Hamon ! La candidate, soutien affichée d’Emmanuel Macron dans un premier temps, a finalement décidé de soutenir le candidat PS. En terre macroniste où Gérard Collomb fait la loi, elle a décidé « d’assumer [ses] propres choix, plutôt que ceux que le système politique lyonnais attendait [d’elle] », a-t-elle confié au Progrès.
Le député-maire de Caluire est lui-même directement concerné par la question. Une enquête menée notamment par France Info a récemment révélé qu’il employait son épouse comme assistante parlementaire, mais que l’entourage politique du député n’avait jamais constaté le travail de Laëtitia Cochet à la permanence ou à l’assemblée.
« Je pense qu’un débat aura lieu pendant cette campagne sur cette question. Chacun pourra se prononcer. »
Après que nous ayons insisté pour connaître son opinion personnelle, Philippe Cochet ne nous a pas cachés être très agacé par nos questions, tournant les talons aussi sec. Pas l’heure du débat, on dirait.

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