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Grand froid : « Les gymnases ne remplissent pas des conditions d’hébergement dignes »

Lundi soir, deux salles de sport et un gymnase ont été ouverts à Lyon pour mettre à l’abri les SDF. Mais une question subsiste : cette augmentation de 200 places d’hébergement du « dispositif grand froid » sera-t-elle suffisante pour répondre aux besoins ?

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Le gymnase Clémenceau, d'une capacité de 140 places, est le deuxième gymnase à ouvrir pour le plan grand froid. ©LB/Rue89Lyon

Pour la vague de grand froid déjà passée, un premier gymnase a été ouvert. Assez rapidement, toutes les associations ont souligné qu’il ne suffirait pas à compléter un plan déjà insuffisant.

Les équipes du Samu Social et du 115 confirmaient ces observations. Sur un seul week-end des 7 et 8 janvier, le nombre de personnes sans solution restait important :

  • Au cours des trois nuits (vendredi, samedi, dimanche), les équipes du Samu social parties en maraude ont vu 59 personnes différentes dans la rue, à Lyon et Villeurbanne. Autant de SDF qui voulaient se mettre à l’abri mais à qui le Samu social n’a pas pu proposer de places.
  • 1504 personnes ont appelé  le 115 ces quinze dernier jours et n’ont pas pu avoir une place d’hébergement d’urgence (chiffre arrêté au vendredi 6 janvier). Et chaque jour de ce week-end, c’est au moins 260 personnes qui ont accédé au 115 sans avoir de solution.


Des SDF sur le carreau durant le week-end

En fin de semaine dernière, alors qu’on annonçait une nouvelle vague de froid avec des températures flirtant avec les moins 10 degrés, le préfet réaffirmait au micro de Lyon Première :

« Le besoin d’un deuxième gymnase n’est pas avéré ».

Il rappelait sa ligne de conduite :

« Pour 80% des personnes [hébergées dans le cadre du plan froid], c’est le sujet des flux migratoires. Il faut apporter des bonnes réponses.

A ce titre, le centre que nous avons mis en place pour aider les personnes qui sont volontaires pour retourner dans leur pays après qu’elles aient été déboutées du droit d’asile est une bonne mesure. Les personnes qui sont déboutées du droit d’asile, leur vocation est d’être reconduites dans leur pays, dans la dignité ».

Les structures du plan froid ouvrant au compte-gouttes pour « des raisons de sécurité » (20 places à Givors sur les 100 prévues et les 80 places du Train de nuit n’ouvrent que le 20 janvier), les équipes du Samu social ont de nouveau trouvé pendant tout le week-end des sans-abri qui ne pouvaient être pris en charge.

La principale difficulté concernait le square Jugan, derrière la gare Part-Dieu, où une vingtaine de tentes étaient installées.

Sur les cinquante personnes, les équipes du Samu social n’ont pu en héberger qu’une vingtaine. Les autres sont restées sur place, en attendant vainement l’ouverture de structures d’accueil.

Une partie des tentes du square jugan le 13 janvier. ©LB/Rue89Lyon
Une partie des tentes du square jugan le vendredi 13 janvier. Essentiellement des Albanais déboutés du droit d’asile y dormaient. ©LB/Rue89Lyon


Un gymnase et deux salles de sport ouverts

Dans ces conditions, il n’était plus tenable pour la préfecture du Rhône et la Ville de Lyon de ne pas ouvrir un deuxième gymnase.

Une réunion exceptionnelle s’est tenue le lundi après-midi où ont été annoncées plusieurs ouvertures dans le cadre du plan grand froid (qui vient compléter en cas de températures négatives le plan froid) :

  • le gymnase municipal Clémenceau (7ème arrondissement de Lyon) d’une capacité maximale de 140 places.
  • une salle de sports municipale de 30 places à Oullins.
  • une salle de sports de 30 places appartenant au diocèse de Lyon rue Sala (2ème arrondissement – lycée Chevreul).

Au total, le plan grand froid comptabilisera, à terme, 340 places. Car, pour le moment, seules 80 places ont été ouvertes au gymnase Clémenceau.

Au total, selon les chiffres de la préfecture du Rhône du 17 janvier, 569 places plan froid et 468 places grand froid ont été ouvertes.

Toutes les personnes du square Jugan ont pu être hébergées lundi soir. Et ce mardi matin, la police et les employés municipaux ont nettoyé les lieux, emportant les tentes et effets personnels qui leur avaient permis de survivre.

Le gymnase Clémenceau, d'une capacité de 140 places, est le deuxième gymnase à ouvrir pour le plan grand froid. ©LB/Rue89Lyon
Le gymnase Clémenceau, d’une capacité de 140 places, est le deuxième gymnase à ouvrir pour le plan grand froid. ©LB/Rue89Lyon


« Gestion au thermomètre »

Ces ouvertures se sont faites alors que se multiplient les pétitions et les mouvements de protestations de tous les acteurs de l’hébergement d’urgence.

Le 7 janvier, la « Coordination urgence migrants » lançait une pétition pour soutenir l’urgence de l’ouverture d’une deuxième structure d’hébergement à Lyon.

Ce lundi 16 janvier, des associations « citoyennes » d’urgence sociale (dont Médecins du Monde) lançaient un appel :

« A l’heure où une nouvelle vague de froid est annoncée cette semaine, nous craignons pour leurs vies ! Face à cette situation inédite à Lyon, nous souhaitons porter d’une seule voix notre message de soutien au collectif des professionnels de l’urgence sociale, communiqué de presse publié le 12/01/17. Nous demandons au Préfet de prendre les mesures nécessaires pour la mise à l’abri immédiate des personnes en situation de rue ».

Enfin, le même jour, le collectif des professionnels de l’urgence sociale et le syndicat SUD déposaient un préavis de grève pour ce jeudi.

Outre « l’ouverture immédiate des places restantes prévues dans le cadre du plan froid », ces travailleurs sociaux demandent que ces places « continuent après l’hiver » et « la création de places supplémentaires et adaptées pour une prise en compte réelle de la situation des personnes à la rue ».

Sur ce point, bénévoles ou salariés, tous les acteurs associatifs se retrouvent. S’ils saluent l’ouverture de gymnases pour mettre à l’abri par grand froid, ils demandent la mise en place de structures adaptées.

Pascale Blanchetière, coordinatrice générale Médecins du Monde – Lyon, réagissait :

« Effectivement, des places s’ouvrent, mais ils attendent la dernière minute quand les températures sont intenables. C’est cette gestion au thermomètre qui est dénoncé par les associations et même par la ministre du logement, Emmanuelle Cosse.

Et si ces places dans les gymnases ont le mérite de mettre les personnes à l’abri, elles ne remplissent pas des conditions d’hébergement dignes pour respecter le droit au logement, reconnu droit fondamental par la loi française ».

Et de poser la question fondamentale en cette période de températures passant sous la barre du 0 degré, de jour comme de nuit :

« Est-ce que cela sera suffisant ? »


#thermomètre

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