Par sa durée, la vallée qui mène à Chamonix, au pied du Mont Blanc, subit le pic de pollution aux particules fines le plus long de l’histoire des dispositifs préfectoraux mis en place en 2011.
Selon ATMO Auvergne-Rhône-Alpes (l’organisme en charge de la surveillance de la qualité de l’air), sur la période 2011-2016, on a connu deux épisodes de même type :
- en novembre/décembre 2011 : 21 jours consécutifs de dispositif préfectoral, dont 17 jours en alerte
- en décembre 2013/janvier 2014 : 18 jours consécutifs de dispositif préfectoral, dont 11 jours en alerte.
Un pic de pollution bien long qu’à Paris ou à Lyon
Où se situe alors la vallée de l’Arve en matière de pollution atmosphérique ? Afin de comparer avec deux territoires parmi les plus pollués de France, Lyon et Paris, les organismes de surveillance de la qualité de l’air prennent pour référence les stations de Paris centre et Lyon centre qui donnent la valeur moyenne de la pollution dans chacune de ces villes.
Pour la vallée de l’Arve, il existe une grande différence entre la basse vallée (au niveau de Passy) et la haute vallée (Chamonix). ATMO Auvergne-Rhône-Alpes opère donc une moyenne des relevés de ces deux stations.
Voici le graphique comparatif tiré des données moyennes journalières issues d’Airparif et ATMO Auvergne-Rhône-Alpes.
Le pire pic de pollution de l’histoire de la vallée de l’Arve ?
Outre un problème historique de mesures (difficile de remonter avant 2011), Nicolas Vigier, ingénieur chez ATMO Auvergne-Rhône-Alpes relativise le pic de pollution en cours :
« Cet épisode a un caractère qui devient exceptionnel au fil des jours par sa durée. Sur les niveaux atteints en revanche, rien d’exceptionnel, des teneurs plus élevées ont déjà été relevées dans le passé en décembre. Pour autant, de fortes valeurs, de l’ordre de 100 microgrammes/m3, ont pu être mesurées ponctuellement en ce mois de décembre 2016 dans la partie basse de la vallée ».
Le graphique d’ATMO Auvergne-Rhône-Alpes ci-dessous est là pour nous rappeler les niveaux records qu’atteint régulièrement la vallée de l’Arve.
Un autre graphique nous montre que la vallée alpine est accoutumée à la pollution aux particules fines. ATMO Auvergne-Rhône-Alpes compte le nombre de jours de dépassement du seuil d’information (50 microgrammes/m3 en moyenne journalière), qui se trouve être aussi le seuil de la valeur limite européenne (50 microgrammes/m3 à ne pas dépasser plus de 35 fois par an).
Et cette année 2016 est dans la fourchette basse, même si elle n’est pas finie.
La vallée de l’Arve, championne de la pollution hivernale
Lyon et Paris ont connu deux épisodes de pollution d’une durée exceptionnelle. Les médias en ont beaucoup parlé, surtout pour Paris. Mais la vallée de l’Arve reste au-dessus du lot.
Pour autant, « en l’absence d’éléments de comparaison facilement accessibles à l’échelle nationale », ATMO Auvergne-Rhône-Alpes refuse de parler de « territoire le plus pollué de France ».
Une seule certitude : cette vallée est durement touchée par des pics de pollution en hiver, souligne Nicolas Vigier :
« Il y a une vrai problématique liée à la présence de particules dans cette vallée en période hivernale mais ce territoire est assez peu exposé à d’autres pollutions, notamment à l’ozone en été, à la différence d’autres territoires : le bassin lyonnais nord-Isère, le bassin grenoblois, la région parisienne pour ne citer que ces territoires déjà évoqués ».
Mais que font les autorités ?
La vallée de l’Arve compte environ 150 000 habitants. Chaque hiver, des personnes isolées et des associations tentent d’alerter sur la pollution aux particules fines.
Cette année, le père d’un élève a filmé en mode mannequin challenge les camarades de son fils scolarisés dans une école de Sallanches où les récréations ont été écourtées pour cause de pollution.
Son coup de gueule a été repris ici et là.
L’Association pour le respect du site du Mont Blanc demande l’interdiction du trafic international des poids lourds. Un de ses responsables, Alain Nahmias, est passé au journal télévisé de 13 heures de Jean-Pierre Pernot sur TF1.
Parlant de « territoires fragiles » à propos de la vallée de l’Arve, Marie-Blanche Personnaz, directrice générale d’ATMO Auvergne Rhône-Alpes préconise « des actions très fortes sur les émissions permanentes », selon l’AFP.
Circulation alternée pour les poids lourds les plus polluants
Le préfet de Haute-Savoie a pris une série de mesures. La principale concerne les poids lourds « les plus polluants ». Depuis le 13 décembre et « jusqu’à nouvel ordre », entre Magland et Chamonix, les camions avec une plaque impaire circuleront les jours impairs et les camions avec une plaque paire pourront circuler les jours pairs. Cela représente « environ 30 % de la flotte locale », selon la préfecture.
Selon la directrice d’ATMO Auvergne-Rhône-Alpes, lors du pic de pollution, 70 à 80% des particules fines sont générées par le chauffage au bois.
Mais aucune mesure contraignante n’a été pris concernant le chauffage au bois non-performant pour les particuliers.
La préfecture a pris en revanche un arrêté d’interdiction d’utilisation « des chaudières biomasse » du secteur du travail du bois à des fins de chauffage, « sauf s’il n’existe aucun moyen alternatif de chauffage sur le site ».
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