À travers son cas, tentons de déterminer si voir des Tetrominos dans son sommeil peut mener à un éventuel trouble obsessionnel.
Michael Johansson a visiblement été marqué au fer rouge par un trop grand nombre de parties de Tetris. C’est en effet en jouant au célèbre jeu vidéo que ce questionnement est venu hanter l’artiste suédois : comment peut-on utiliser l’espace ?
C’est pour répondre à cette question qu’il cherche à faire de Tetris une réalité physique en utilisant des objets laissés à l’abandon qu’il emboîte comme autant de Tetrominos du célèbre jeu d’Alekseï Pajitnov…
Un tétromino, aussi nommé tétramino, ou tétrimino, est une figure géométrique composée de quatre carrés, chacun ayant au moins un côté complètement partagé avec un autre. Le terme tetromino est une combinaison du préfixe tetra- (quatre en grec ancien τετρα-) et domino
En bon maniaque du rangement, il réalise des formes géométriques parfaites avec tout ce qui lui tombe sous la main.
Ses œuvres ont été exposées à La Haye, à Oslo ou encore Trollhättan et donnent lieu à de très belles photos sur son site d’ailleurs très bien rangé.
Tetris Syndrome ou être obsédé par Tetris
Le Tetris Effect, qui peut donc être qualifié aussi de Tetris Syndrome, survient chez les gens qui consacrent beaucoup de temps et d’attention à une activité routinière et répétitive. A force de réaliser la même tâche, ces sujets commencent à sentir émerger dans leur esprit, et de façon involontaire, des images mentales et des rêves sous forme de motifs.
Le Tetris Syndrome est donc une forme d’imagerie hypnagogique (cf : qui se produit pendant la transition de l’éveil au sommeil) qui transmet des images de la chute de Tetrominos quand certains sujets ferment les yeux.
Jouer à Tetris (essayez en ligne cette version essoreuse à salade pour voir de quoi l’on parle) de façon très prolongée peut ainsi amener certaines personnes à envisager l’espace du monde réel comme des formes qui peuvent s’emboîter comme sur une étagère de supermarché ou les bâtiments d’une rue.
Mais si le Tetris Effect peut se produire avec d’ autres jeux vidéo, il peut également se déclencher avec des jeux non-vidéo, comme l’illusion de lignes courbes qui se produit après avoir fait un puzzle, la visualisation mentale involontaire de mouvements de Rubik’s Cube chez les speedcubers, ou la propension des accros du bandit manchot à toujours voir tourner en boucle les même symboles devant leurs yeux…
Sur le plan perceptif, une personne débarquée sur terre après un très long séjour en mer peut sentir un mouvement de balancement illusoire qui peut se rapprocher d’un Syndrome Tetris.
Enfin, sur le plan mental, la programmation informatique peut entraîner des rêves de codage, certains mathématiciens ayant rapporté rêver de numéros ou d’équations.
Des vertus thérapeutiques
Selon une étude menée par Lynn Okagaki et Peter Frensch en 1994, les jeux vidéo comme Tetris ont un effet positif sur les trois aires des compétences spatiales comme la rotation mentale, la perception spatiale, et la visualisation spatiale pour les individus ayant joué au jeu pendant une période prolongée en continu.
Lors de l’expérience, les participants ayant joué à Tetris pendant deux séances de 30 minutes (sans connaitre auparavant le jeu) réussissent bien mieux que le groupe témoin dans la version du test « papier-crayon » nécessitant des mouvements dans l’espace mais aussi dans la version sur ordinateur.
Chose étonnante, ce syndrome peut s’avérer aussi bénéfique sur un plan thérapeutique : une étude d’Oxford en 2009 suggère en effet que le jeu Tetris, comme tout autre jeu vidéo d’ailleurs, peut ainsi aider à prévenir le développement des souvenirs traumatiques.
Envisagé comme traitement, le jeu vidéo Tetris et l’émergence d’images mentales qui en résulte, peut empêcher la récitation mentale d’images traumatiques, ce qui diminue leur intensité et leur fréquence.
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