La grand messe aura été l’occasion pour le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, à Eurexpo comme à la maison, de se positionner au sein de sa famille et de son calendrier politiques.
Un discours radical d’environ une heure et quart, une salle remplie à moitié (environ 4000 à 5000 personnes sur les 10 000 qu’elle pouvait contenir), un gratin économique lyonnais au rendez-vous. Voilà pour le rapport, bref mais à peu près exhaustif, du meeting de François Fillon.
Olivier Ginon, patron de GL Events et exploitant d’Eurexpo, la salle de Chassieu où s’est tenue la réunion de campagne, nous l’a dit : « on a tout monté en quelques heures chrono ».
Un défi qui n’allait pas effrayer ce « champion de l’événementiel » qui se présente comme le « copain de Gérard Collomb », ne faisant « pas de politique en dehors de [sa] boîte ». Mais qui a voté Nicolas Sarkozy au premier tour de ces primaires de la droite.
Olivier Ginon a donc été l’hôte mais aussi l’un des représentants de la force économique française, parmi la brochette présente ce mardi soir à Lyon, en soutien de François Fillon.
Gratin lyonnais pour « un futur président de la République »
On a également vu, assis en bonne place, Chantal Mérieux, épouse de l’industriel Alain Mérieux ; un proche de Jean-Michel Aulas (absent pour cause de match de l’OL à Zagreb), le tout formant avec le patron de GL Events une sainte trinité économique lyonnaise.
Pour poursuivre dans l’opération de name dropping, les personnalités politiques locales ont répondu à l’appel. Les sarkozystes de la fédé du Rhône, les soutiens de Bruno Le Maire un peu assommés de voir leur candidat jouer le jeu du ralliement.
Mais aussi Michel Mercier, inénarrable figure centriste qui fût Garde des Sceaux de François Fillon, ou encore Charles Millon pour parfaire la figure du grand écart -ou le tableau du grand « rassemblement ».
Dans la rubrique « ils y étaient », Frigide Bargeot a baladé son chignon défait ; Nadine Morano s’est assise au premier rang ; le président du Sénat Gérard Larcher, Éric Woerth, ont fait acte de présence. Et des personnalités moins connues mais au moins aussi influentes et citées au micro, comme les représentants du lobby ultra-conservateur Sens commun.
Quel qu’ait été leur vote au premier tour de cette primaire, tous voient désormais en François Fillon l’homme capable de bouter François Hollande et d’ »être le prochain président président de la République ».
Laurent Wauquiez est monté à la tribune pour notifier cela, sous de chauds applaudissements, pas peu fier de recevoir chez lui, à Lyon.
La Région Auvergne-Rhône-Alpes, labo de la « vraie droite »
Le président du parti Les Républicains a ouvert son propos en justifiant sa propre trajectoire dans ces primaires, jetée de Nicolas Sarkozy à François Fillon. Rien d’étonnant : à Alain Juppé qu’il cloue au pilori pour « oser reprendre les arguments de la gauche », il préfère le candidat de la « vraie droite », François Fillon.
Car pour Laurent Wauquiez, il faut en effet « assumer être de droite ». « Quelle horreur », a-t-il ironisé, mimant « les commentateurs » et autres plumitifs qu’il tient en joue à la première occasion.
Le discours de ce 22 novembre lui a permis de rappeler qu’en tant que président de région, il n’a pas attendu pour s’essayer à l’exercice d’une « droite forte », citant deux de ses actions locales :
- l’élargissement de la bourse au mérite à tous les lycéens et plus seulement aux plus pauvres (sans condition de ressources, donc) ;
- le refus de donner la subvention prévue par ses prédécesseurs au projet d’Institut français de culture musulmane sur la commune de Bron.
Message à peine voilé envoyé à François Fillon : personne n’apprendra à Laurent Wauquiez ce qu’est la droite radicale « qui s’assume », le petit labo régional fonctionnant à plein. Un exemple à suivre, même.
« Je ne veux pas entrer au gouvernement en 2017 »
Alors que dans l’entourage de Laurent Wauquiez, on prétend que le choix de la ville de Lyon pour ce meeting a été un signe fort envoyé par François Fillon, le président de région n’a pas semblé vouloir saisir cette « main tendue ». Il a lâché tout net :
« Je ne veux pas entrer au gouvernement en 2017 ».
En formulant une réponse à une question non posée, Laurent Wauquiez a fait ce mardi d’une pierre (au moins) deux coups.
D’abord, il s’épargne l’éventuel camouflet que représenterait le fait que François Fillon ne lui propose aucun fauteuil ministériel, aucune fonction régalienne ou autre titre de premier plan.
Ensuite, Laurent Wauquiez se pose en élu local concerné par son seul territoire.
Par ailleurs, il peut prétendre à la conservation de la tête du parti Les Républicains, fonction qu’il exerçait par interim le temps de la campagne. Nicolas Sarkozy s’étant retiré du jeu (sauf indication contraire dans les prochaines semaines), le champ lui est ouvert.
Enfin, fort de ses partis pris, Laurent Wauquiez pourrait préparer une candidature propre pour le coup d’après. Se voit-il en candidat de la rupture dès 2022, d’autant plus légitime qu’il n’aura pas participé à l’action dont François Fillon devra être comptable, s’il est élu président de la République ?
Il s’agit de se projeter un peu loin, ce qu’on ne fera jamais aussi bien que Laurent Wauquiez lui-même.
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